Le premier bâtiment de la dalle de la Défense, après 60 ans d’innovation, s’apprête à connaître une nouvelle vie. Le CNIT bénéficie, depuis 2015, de sa troisième restructuration d’ampleur : d’abord centre d’exposition, il s’est ensuite mué en ensemble de bureaux, d’hôtels et de commerces dans les années 80. C’est dans le courant des années 2000 qu’il se modernise, avec des espaces de shopping repensés.

Ce nouveau projet marque alors une nouvelle grande étape pour ce bâtiment emblématique, qui va devenir la nouvelle porte d’entrée du quartier d’affaires, entre hub de vie et de mobilités. À près de 40 mètres sous le niveau de l’esplanade se construit en effet la nouvelle gare du projet Eole (Est ouest liaison express), qui accueillera l’extension du RER E. Pour rappel, celui-ci sera prolongé jusqu’aux gares Porte Maillot, la Défense et Nanterre la Folie d’ici le deuxième semestre 2023, et jusqu’à Mantes-la-Jolie à l’horizon 2024.

Cette « gare-cathédrale » impressionne par ses dimensions : avec 224 mètres de long, cela représente « l’équivalent de la tour Montparnasse sous le CNIT » comme aime le souligner la SNCF. Ce volume immense a été pensé pour accueillir l’ensemble des usagers du RER A en cas de souci, mais également les trains nouvelle génération plus rapides, plus fréquents, avec un train toutes les deux minutes, contre trois aujourd’hui.

La fameuse voûte du CNIT sera également mise en avant au niveau des sorties Trinity et Carpeaux, des espaces qui n’étaient « pas exploités » selon l’architecte.

Cette nouvelle gare change considérablement la donne pour le CNIT, et renforce sa place dans le quartier d’affaires. Son objectif ? Renforcer les interconnexions entre les lignes déjà existantes. « La SNCF a choisi le CNIT car il s’agit de l’immeuble le mieux placé par rapport aux transports, avec la ligne 1 du métro, le RER, le transilien et le tramway », assure Vincent Jean-Pierre, directeur général du pôle bureaux et projet mixte chez Unibail-Rodamco-Westfield, lors de la conférence de presse de présentation du projet.

Le RER E doit surtout transporter 620 000 franciliens chaque année après son extension, de quoi diriger de nouveaux flux importants vers le quartier d’affaires. En sortant de la gare Eole, les voyageurs se retrouveront au niveau -2 du CNIT, et auront alors plusieurs destinations possibles : le cœur transports avec le métro 1 et le RER A, la gare transilien et le T 2 à l’ouest, mais également de nouveaux accès extérieurs pour desservir la Défense à l’est et à l’ouest, au niveau de la place Carpeaux et de la tour Trinity. Une liaison verticale permettra également de rejoindre les étages déjà existants du CNIT.

Le niveau -2 du centre distribuera ainsi les flux de voyageurs dans toutes les directions, vers la Défense. Mais son nouvel aménagement, réalisé dans le cadre de ce projet de restructuration, va tout faire pour séduire les passants surtout et leur porte-monnaie. En effet, ces travaux d’envergure prévoient l’ajout de 45 nouvelles boutiques aux 32 déjà existantes dans le centre, soit 8 800 m2 de « retail » pour un total de 37 200 m2.

« Notre ambition n’est pas de bâtir une salle d’échange, mais un véritable centre commercial au-dessus d’une gare, précise Édouard Beudin, directeur commercial chez Unibail-Rodamco-Westfield. On souhaite accueillir des commerces avec un positionnement premium, des commerces complémentaires de ceux présents aux 4 Temps, avec un positionnement cohérent avec ce qu’on a dans le CNIT existant ».

« Il s’agit de l’immeuble le mieux placé par rapport aux transports », assure Vincent Jean-Pierre lors de la conférence de presse de présentation du projet.

Cette restructuration à grande échelle ne concerne pas que le niveau -2, bien qu’il accueillera directement les usagers du RER E. Les étages supérieurs vont eux aussi connaître de nombreux changements, à commencer par le retour d’un espace de congrès et d’expositions au niveau -1, avec le retour de Viparis. « Vu les travaux, il était difficile de maintenir des activités congrès et expositions après 2015 », ajoute Édouard Beudin. Cela représente deux amphithéâtres, 20  000 m2 d’espace et plus de 60 événements par an.

Le niveau 0 bénéficiera, lui, de services de restauration repensés. Exit les enseignes qui ne sont « plus à la page », comme le souligne Édouard Beudin, et place à Food Society. Avec 11 comptoirs, 2 400 m2 de « food hall » et des cuisines variées, l’objectif est de « faire découvrir aux clients des points de restauration qui ne peuvent pas s’exprimer à la Défense ». Une expérience qui rencontre déjà du succès au centre commercial Westfield La Part Dieu.

Se pose alors une problématique : comment réussir une transformation d’une telle ampleur sans jeter le passé et l’identité du lieu aux oubliettes ? L’architecte du projet pour Cro&Co architecture, Jean-Luc Crochon, y a longuement réfléchi. « Reprendre l’objet CNIT était un challenge, car il ne fallait pas que l’identité gare ne prenne le dessus vu la puissance du projet Eole. ». Pour y parvenir, la voûte restera visible au niveau -2, et permettra aux visiteurs de se repérer dans l’espace et de se diriger, tandis que la grande hauteur sous plafond laissera passer la lumière naturelle.

La fameuse voûte du CNIT sera également mise en avant au niveau des sorties Trinity et Carpeau, des espaces qui n’étaient « pas exploités » selon l’architecte, qui souhaite en faire « des accès majestueux avec des jeux d’escalator juste sous la voûte, avec une dynamique visuelle incroyable ».

Le niveau 0 bénéficiera, lui, de services de restauration repensés. Exit les enseignes qui ne sont « plus à la page », comme le souligne Édouard Beudin, et place à Food Society.

Cette vaste mutation du plus ancien bâtiment de la Défense devrait booster l’activité du quartier d’affaires, et renforcer la place du CNIT dans son environnement. Le flux de voyageurs important conduit par le RER  E devrait augmenter considérablement sa fréquentation, qui tutoyait les 15 000 000 de visiteurs par an avant la crise sanitaire.
« On observe un retour des actifs, constate Vincent Jean-Pierre. L’attrait de la Défense est toujours là. On sent que même dans le monde post-Covid, c’est un site qui attire encore les entreprises, qui elles-mêmes font toujours venir leurs salariés. On est sur une très bonne dynamique ».

Si aucun nom n’a été communiqué, 75 % des futures surfaces du CNIT ont d’ores et déjà été commercialisées, en comptant Viparis (soit 40 % de commerces). Elles accueilleront leurs premiers clients au premier semestre 2023, quelques mois avant l’ouverture de la nouvelle gare.

Un H&M de 3 000 m2 aux Westfield 4 Temps

Même s’il n’a pas souhaité préciser le nom des futures enseignes du CNIT, le directeur du centre commercial Westfield Les 4 Temps, Jonathan Toulemonde, a annoncé l’ouverture prochaine de nouvelles boutiques dans le plus grand centre commercial d’Europe. Un nouvel H&M de 3 000 m2 ouvrira ses portes en lieu et place d’une partie de l’ancien Castorama, ainsi qu’une boutique Bershka de 1 000 m2 dans le courant du mois de juin. Et d’ici la fin de l’année, c’est Victoria’s Secret qui viendra les rejoindre. « Cela témoigne du dynamisme du site post-Covid », se satisfait Jonathan Toulemonde, qui travaille également sur la venue d’une salle de sport avec vue sur le parvis.

CREDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DEFENSE/URW