Il est 11 heures, le jeudi 10 février, quand le hall de l’immeuble Origine, flambant neuf, s’agite plus que d’ordinaire. Ils sont plusieurs dizaines de salariés de l’entreprise à se regrouper au rez-de-chaussée, le délégué syndical CFDT Christophe Héraud en tête, pour une prise de parole et des échanges qui dureront une bonne demi-heure.

S’ils sont nombreux à s’être mobilisés pour leur salaire, c’est un mécontentement plus large qui les a rassemblés ce jour. « Beaucoup d’entre nous sont là pour les salaires, mais surtout pour cette politique sociale » menée par Technip Énergies, insiste Christophe Héraud.

Tandis que les négociations annuelles se poursuivent, les premiers chiffres sur l’augmentation des salaires a été annoncées. Elle serait de 1,9 % selon le délégué syndical, et ne satisferait pas les salariés du géant de l’énergie. Des réserves seraient également émises sur « l’organisation du travail », la baisse du budget de formation et surtout des heures supplémentaires non déclarées.

L’autre préoccupation des employées concerne les inégalités salariales et l’attribution des primes. « Si les femmes sont surreprésentées ici, ce n’est pas un hasard » assure Christophe Héraud lors de sa prise de parole, qui mentionne des écarts « monstrueux » au sein des mêmes grades. « Il y a toujours quelqu’un qui est payé deux fois plus que la personne la moins payée », a-t-il témoigné.

L’état de santé des salariés et les risques psychosociaux des employés ont également été mis sur la table, le délégué syndical pointant du doigt un absentéisme grandissant, un fait rare au sein de l’entreprise. Selon un porte-parole de l’entreprise, contacté après l’action du jeudi 10 février : « Technip Energies France a engagé, depuis plusieurs années, un programme soutenu et holistique de prévention des risques psycho-sociaux qui suit les recommandations de l’INRS. Cet engagement a été salué par l’arrêt de la cour d’appel de Versailles rendu le 16 septembre 2021.Nous restons vigilants sur les taux d’absentéisme, mais aucune augmentation significative n’a été constatée ces derniers mois. »

Si cette prise de parole s’est déroulée sur les heures de travail des salariés, le terme de grève n’est pas le plus approprié, à en croire un porte-parole de Technip Énergies. « C’était plutôt une réunion d’information du personnel, une présentation, avec une majorité de représentants syndicaux », assure-t-il.

Concernant les revendications des salariés, ce dernier balaie le chiffre rapporté de 1,9 % d’augmentation des salaires (voir notre édition du mercredi 9 février 2022), et explique : «Dans le cadre des NAO actuellement en cours pour Technip Energies France, la dernière proposition de la Direction est une enveloppe de 3% de la masse salariale des salariés éligibles pour les augmentations individuelles annuelles en 2022. Le salaire annuel brut fixe est déterminé en fonction du poste par un benchmark interne et externe.»

Il assure également que des mesures sont prises fréquemment pour « maintenir au maximum » l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes et qu’elle reste « une préoccupation centrale ». Il ne s’inquiète pas de voir plusieurs dizaines d’entre eux se rassembler contre la politique de l’entreprise. « Depuis un an, on fournit beaucoup d’efforts, avec une organisation différente, explique-t-il. La séparation avec Technip FMC nous a donné un nouveau souffle ».

Le porte-parole se satisfait également qu’« aucune coupe » n’ait eu lieu lors du changement de cap de la société, comme ça a pu être le cas sur d’autres sites.
« Depuis la séparation, on sent un élan positif et une volonté de se positionner sur tous les sujets. Nos nouveaux locaux sont adaptés au travail en équipe et facilement accessibles. Nos collaborateurs en sont pleinement satisfaits ».

Du turnover évoqué dans notre précédent article, Technip Énergies indique : « Le taux de turnover se stabilise autour de 5% chez Technip Energies France en 2021 sur une période comparable aux années précédentes. Ce taux de rotation, considéré comme faible si on regarde la moyenne nationale de 15% publiée par l’Insee, témoigne d’un équilibre entre la fidélisation de nos collaborateurs et le bénéfice de talents externes, souvent sources de créativité et d’innovation ».

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