« C’est une boîte qui n’a pas fait de grèves depuis 40 ans, donc c’est quelque chose qui est de l’ordre du tabou », raconte Christophe Héraud, délégué syndical CFDT chez Technip Énergies, (issue de la scission de Technip FMC) à l’approche du mouvement de grève. Le syndicat a appelé à la grève le jeudi 10 février alors que les négociations annuelles obligatoires (NAO) se poursuivent et que les premiers chiffres sur les augmentations de salaires ont été annoncés.

« On sent quand même qu’il y a un vrai agacement par rapport aux négociations annuelles obligatoires, précise Christophe Héraud. Ils nous proposent 1,9 % et là, la grogne se fait sentir. On sort comme toutes les boîtes de succession d’années de zèle et d’augmentation très faible. En moyenne, on a calculé, on est à peu près à 1 % d’augmentation par an, quand on fait la moyenne sur les années de gel etc ». Le délégué syndical explique que depuis 2017, en fonction des années, les salaires étaient gelés ou une faible augmentation était accordée.

Des décisions incompréhensibles pour les syndicats et pour certains salariés, au vu des bénéfices dégagés par l’entreprise ingénierie pétrolière. « Pour donner quelques idées, on a dégagé 727 millions d’euros de bénéfices en trois ans […] La masse salariale chargée de Technip France, c’est 320 millions. Donc en trois ans, on a dégagé deux fois la masse salariale ».

Christophe Héraud déplore la longueur de ces négociations annuelles, qui laissent les salariés dans l’attente. « Ils ont fait une première réunion où ils n’ont pas donné de chiffres, une deuxième plus tard, ils annoncent le chiffre et après ils font encore une réunion dans 15 jours, et puis après encore, réagit-il. Ils annoncent, ils écoutent ce que l’on a à dire, ils corrigent trois virgules ».

Le jeudi 10 février, le syndicat organise un rassemblement dans le hall du nouveau siège de Technip à la Défense (voir notre édition du mercredi 1er décembre). De plus, pour cette journée de contestation, la CFDT prévoit de distribuer des badges et « propose aux gens de mettre sur Teams une image pour dire qu’ils ne sont pas contents ».Un mouvement de contestation contre les salaires, mais également contre la politique actuelle et plus globale de l’entreprise.

« Le turnover augmente, les jeunes restent moins, il y a aussi un mauvais choix politique. Avec un turnover, il faut reformer les gens, ce n’est pas simple. On ne trouve pas des profils qui veulent encore travailler dans le pétrole. […] Ce n’est pas que pour les salaires mais c’est aussi pour l’entreprise, pour sa performance ». Contactée par la Gazette, la direction de Technip Energies n’a pas pu répondre dans le temps imparti à la publication de notre édition.

CREDIT PHOTO : ARCHIVES/LA GAZETTE DE LA DEFENSE