Une première victoire judiciaire pour le groupe Bolloré. La multinationale française comparaissait devant le tribunal de Nanterre, vendredi 7 janvier. Elle est accusée de non-respect des droits humains et des dégradations environnementales dans des plantations d’huile de palme de la Société camerounaise de palmeraies, la Socapalm.

L’action en justice contre le groupe du milliardaire breton a été entreprise en septembre par 145 Camerounais. Ils réclament des documents permettant d’établir ses liens avec la société Socapalm, en charge des plantations. Malheureusement pour eux, ils ont été déboutés et le tribunal a statué en faveur du groupe Bolloré, rejetant la demande des plaignants.

Le tribunal judiciaire reconnaît que « les activités de la Socapalm sont susceptibles de porter atteinte aux droits fondamentaux des villageois camerounais », notamment après l’observation des « rapports d’analyse de qualité des eaux, relevant la présence de substances polluantes ». Toutefois, il précise que « les demandeurs n’apportent pas le moindre élément de nature à faire présumer l’existence d’un contrôle direct ou indirect de la société Bolloré sur la Socapalm ou sur la Socfin », une holding belgo-luxembourgeoise.

Finalement, le juge a retenu les arguments de la défense du groupe Bolloré, concernant sa participation minoritaire au sein de la Société financière des caoutchoucs (Socfin). Malgré leur défaite, les plaignants camerounais vont faire appel, par le biais de Maître Fiodor Rilov et lancer une autre action en justice, afin d’obtenir des compensations.

Depuis plusieurs années, le milliardaire breton est empêtré dans différentes affaires, au Cameroun, mais également en Guinée et au Togo. En 2010, l’organisation non gouvernementale Sherpa et trois autres ONG avaient saisi un organe de l’OCDE, appelé Point de contact national français (PCN), qui avait constaté des « manquements » aux principes directeurs de l’organisation à destination des multinationales. Trois ans plus tard, l’action a abouti à une médiation entre Sherpa et Bolloré. Ce dernier a permis d’élaborer un plan d’action pour la protection des communautés locales. « L’impact ravageur de l’exploitation de l’huile de palme sur la santé, la pollution, la déforestation, ou les droits des travailleurs, est régulièrement dénoncé, mais aucune action ne semble avoir réussi à ce jour à faire bouger les pratiques des géants de l’agroalimentaire », soulignait la directrice de Sherpa, Sandra Cossart.

La holding Bolloré SA, propriété de Vincent Bolloré, avait été mise en examen dans le cadre d’une enquête lancée pour soupçons de corruption. En 2013, une enquête est ouverte contre le groupe français. Il est soupçonné d’avoir favorisé la réélection du dirigeant du Togo, Faure Gnassingbé, et l’accession au pouvoir du président guinéen, Alpha Condé, par l’intermédiaire du groupe publicitaire Havas.

Plusieurs années plus tard, le 26 février 2021, Vincent Bolloré et ses deux proches collaborateurs, Gilles Alix, directeur général du groupe, et Jean-Philippe Dorent, directeur international de l’agence Havas, filiale de Bolloré reconnaissent les faits qui leur ont été reprochés au Togo comme en Guinée.

Les aventures africaines du groupe Bolloré touchent à leur fin. Présente depuis le milieu des années 1980 en Afrique, l’entreprise Bolloré Africa Logistics est devenue un empire implanté dans 46 pays du continent. Elle investit dans différents domaines tels que le rail, le transport de marchandises ou encore les plantations agricoles. « Bolloré Africa Logistics prend en charge toutes les démarches administratives et douanières en amont et en aval du transport, à l’import comme à l’export, et assure l’acheminement des marchandises jusqu’à leur destination finale», précise le site internet de la compagnie.

Pour autant, le conglomérat emmené par Vincent Bolloré, va céder son empire logistique sur le continent. À la fin du mois de décembre 2021, l’homme d’affaires breton a décidé de ramasser la mise en cédant 100% de Bolloré Africa Logistics au Groupe Mediterranean Shipping Company (MSC), acteur majeur du transport et de la logistique par conteneurs. Cette cession, qui pourrait être effective d’ici le mois de mars, se fera pour la coquette somme de 5,7 milliards d’euros.

Malgré la future vente de sa branche portuaire et logistique, représentant près de 20 000 emplois sur le continent, le groupe Bolloré a indiqué qu’il «  conservera, dans tous les cas, une présence importante en Afrique, notamment à travers Canal+, premier opérateur de télévision payante en Afrique francophone et actionnaire important de MultiChoice, le leader de la télévision payante en Afrique anglophone. Il y poursuivra également ses développements dans de nombreux secteurs comme la communication, le divertissement, les télécoms, l’édition ».

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