L’heure de la rentrée des classes a sonné pour des milliers d’étudiants du quartier d’affaires et des alentours. Après parfois des mois sans être entrés dans une salle de classe, certains vont enfin retrouver le chemin de l’école. Classes dédoublées, cours à distance, budget spécifique pour répondre à cette crise sans précédent, les établissements d’enseignements supérieurs publics ou privés se sont organisés au mieux, même si les consignes sanitaires pourraient encore évoluer dans les prochains mois.

Mais la rentrée n’a pas été le premier défi à relever pour les établissements scolaires qui ont dû s’organiser très rapidement face au confinement, en mars dernier. Tout en accompagnant au mieux les étudiants français ou étrangers, certaines administrations ont aussi dû revoir leurs méthodes d’admission à la veille de cette nouvelle année scolaire.

« On a basculé en distanciel en un week-end, […] je peux vous dire que les nuits ont été courtes pendant cette période. Mais le lundi à 8 h, tous les cours ont été donnés », plaisante Jean-Philippe Ammeux, directeur de l’Iéseg, lors de la conférence de presse de rentrée de l’école de commerce, le 27 août dernier.

L’université de Nanterre a « réussi le pari de la continuité pédagogique », en ouvrant 1 500 nouveaux cours en ligne, en plus des 6 000 déjà existants.

Comme les entreprises, les écoles ont dû s’organiser en un temps record en mars dernier, à l’annonce du confinement. Cependant, si le télétravail était déjà chose commune chez les uns, les autres ont en plus dû s’adapter à une nouvelle méthode d’enseignement. « On a acheté des centaines et des centaines de licence Zoom », se rappelle Jean-Philippe Ammeux. Tous les cours donnés à l’Iéseg ont ainsi pu se poursuivre grâce à l’application de téléconférence.

Thibaut Pierre, directeur général des services de l’université Paris-Nanterre, estime de son côté que la faculté a « réussi le pari de la continuité pédagogique », en ouvrant 1 500 nouveaux cours en ligne, en plus des 6 000 déjà existants. « Nous, on a basculé tous les cours en ligne dès le lundi », explique de son côté Sébastien Tran, directeur de l’Ecole de management Léonard de Vinci (EMLV).

« On avait déjà tous les équipements, les logiciels. Et les profs savaient manier les outils. Ça a quand même été très utile parce qu’il y a des écoles qui parfois ont mis deux ou trois semaines avant de basculer tout en ligne », poursuit-il. Les écoles interrogées, et qui ont pu répondre aux questions de La Gazette de la Défense dans les délais impartis à la publication, ont cependant toutes précisé avoir mené très rapidement cette transition.

Si la grande majorité des collaborateurs d’entreprises du quartier indiquaient avoir apprécié le télétravail (voir notre édition du mercredi 2 septembre 2020), les cours à distance ont été semble-t-il plus difficiles à vivre pour les étudiants. À l’EMLV, une enquête a ainsi été menée auprès des jeunes. « Ce qu’ils disent, c’est qu’ils ont apprécié notre réactivité et le fait de pouvoir suivre des cours parce qu’ils étaient parfois très isolés », illustre Sébastien Tran.

« Par contre, ce qui a été plus compliqué pour eux, ça a été d’avoir tous les cours en ligne. Ça n’est quand même pas la même chose que quand vous êtes en présentiel. Il y a moins d’interactivité, c’est moins fluide », poursuit le directeur de l’école. Un autre problème s’est posé à Paris 10, l’accessibilité au matériel informatique pour les étudiants parfois moins aisées. « On a pu équiper les étudiants en matériel informatique ou clés 4G pour suivre les cours, indique Thibaut Pierre. On est à peu près à 400 matériels informatiques distribués. »

Si la transition d’un mode d’enseignement en présentiel à des cours exclusivement à distance s’est bien déroulée dans ces trois établissements, un autre défi à relever est vite arrivé, celui de l’admission des nouveaux élèves. En effet, si la faculté de Nanterre n’a rencontré aucune difficulté en utilisant comme chaque année Parcoursup, les deux écoles de commerce elles, ont dû revoir leur mode d’admission.

Pour l’Ecole de management Léonard de Vinci ou l’Iéseg : pas de concours écrit ni d’oral cette année. Les étudiants ont donc été sélectionnés uniquement sur dossier. « On a mis en place des dispositifs d’évaluation des dossiers Parcoursup assez sophistiqués, indique ainsi Jean-Philippe Ammeux de l’Iéseg. On a essayé de mesurer au mieux les aptitudes intellectuelles mais aussi d’autres aptitudes grâce au dossier de l’étudiant ».

« On n’avait pas le droit de faire d’écrit ni d’oral, donc ça a généré beaucoup d’inquiétudes », se souvient Sébastien Tran. Les équipes de l’EMLV ont mis au point une analyse poussée des dossiers, ces derniers ont tout de même été consultés par des professeurs : « pour qu’il y ait quand même un regard humain et pas seulement une analyse quantitative » insiste-t-il.

Les écoles ont aussi dû accompagner leurs étudiants en cette période si tourmentée. Les jeunes en semestre à l’étranger au moment du confinement ont ainsi parfois dû être rapatriés. « Beaucoup on souhaité être confinés là où ils étaient », souligne tout de même le directeur de l’Iéseg. S’est tout de même posée l’épineuse question des stages : beaucoup d’étudiants devant effectuer un stage de fin d’année ont eu des difficultés à trouver une entreprise d’accueil. Pour ces cas de figure précis, les écoles ont réagi bien différemment.

L’Iéseg a ainsi appliqué une règle flexible sur la durée du stage tout en demandant à ses élèves les mêmes exigences que les années passées. « Certains élèves ont eu un peu de difficultés à remplir ces obligations, mais globalement ça va », explique Jean-Philippe Ammeux. L’université Paris-Nanterre, a accepté que les stages puissent avoir lieu durant les vacances scolaires cet été. « Il y a certaines formations tout de même, comme psychologue, si vous n’avez pas de stage, vous n’avez pas de diplôme », souligne Thibaut Pierre.

« Pour les stages on a eu deux configurations : des étudiants qui étaient déjà en stage […] et ceux qui devaient en faire un en mai ou juin », illustre Sébastien Tran. Les étudiants sans stage de l’EMLV ont ainsi pu se voir proposer des « missions de substitution » encadrées par des enseignants. « Ils avaient la possibilité de travailler sur un rapport avec un enseignant. On leur a aussi proposé des projets de création d’entreprise », cette seconde option a été choisie par une trentaine d’étudiants.

Tout ces défis relevés, les établissements ont ensuite pu s’atteler à cette rentrée 2020 qui s’annonce inédite. Qu’elles soient publiques ou privées, les institutions semblent toutes pencher vers un mode d’enseignement « hybride », liant cours en présentiel et à distance. « Le but, c’est que ça ne soit pas toujours les mêmes qui soient en distanciel », indique ainsi Thibaut Pierre de l’université de Nanterre. La faculté a ainsi opté pour un dédoublement des classes et des cours à distance une semaine sur deux.

« Il faut au maximum que nos étudiants puissent revenir en salle de cours », estime Sébastien Tran, dont l’avis est largement partagé par Jean-Philippe Ammeux de l’Iéseg. Les étudiants de première année, pas encore habitués au fonctionnement des études supérieures, semblent tout particulièrement retenir l’attention des écoles.

« On privilégie le présentiel parce que c’est assez perturbant de rester chez soi depuis le mois de mars, pour les lycéens par exemple », assure le directeur de l’Iéseg dont l’école a d’ailleurs prévu quatre semaines d’intégration et de remise à niveau pour les élèves de première année. Comme l’EMLV, l’Iéseg a aussi équipé ses salles de classe de matériel informatique permettant de suivre les cours en visioconférence et en présentiel.

Comme l’Iéseg, l’EMLV a équipé ses salles de classe de matériel informatique permettant de suivre les cours en visioconférence et en présentiel.

Côté vie étudiante, les trois écoles limitent au maximum les manifestations. En ce début d’année scolaire, les traditionnelles présentations des associations se font donc en direct sur Internet. L’Iéseg a fait une croix sur ses soirées d’intégration alors que l’administration de Paris X interdit tout événement où de la nourriture et des boissons seraient distribuées.

Alors que de nouvelles mesures sanitaires pourraient entrer en vigueur dans les prochaines semaines, les parcours au sein des établissements ont été modifiés pour éviter au maximum que les étudiants ne se croisent. À l’université, l’administration est en discussion avec la mairie de Nanterre pour, peut-être, organiser des distributions de masques. Partout, du gel hydroalcoolique est distribué.

Flexibilité, cours hybrides… Les établissements scolaires, et étudiants, ont fourni des efforts d’adaptation conséquents depuis le mois de mars et le confinement. Cette année scolaire ne sera certainement pas la plus simple et de nouvelles directives donneront certainement du fil à retordre aux différentes écoles.

PHOTO : ILLUSTRATIONS / LA GAZETTE DE LA DEFENSE & POLE LEONARD DE VINCI