À l’aide de deux allocutions, à deux jours d’écart, le président de la République, Emmanuel Macron et le premier ministre, Edouard Philippe ont annoncé des mesures supplémentaires contraignantes afin de lutter contre la propagation de l’épidémie de coronavirus, Covid-19, qui a contaminé depuis le mois de février plus de 5 423 personnes et tué 127 d’entre elles, en France selon les derniers chiffres de Santé publique France, au 15 mars. Dans les Hauts-de-Seine, au 12 mars, Le Parisien annonçait que 59 personnes étaient touchées par l’épidémie. Un bilan amené à évoluer d’ici la publication de cette édition.

Jeudi 12 mars, dans une allocution télévisée, Emmanuel Macron a maintenu le premier tour des élections municipales qui a ainsi pu se dérouler avec une forte abstention (voir dossier page deux, Ndlr), tout en ordonnant la fermeture « et ce, jusqu’à nouvel ordre » de toutes les écoles, les collèges, les lycées et les universités de France.

Deux jours plus tard, samedi 14 mars, c’est au tour du premier ministre de prendre la parole à 19 h 30. Dans son discours, Edouard Philippe annonce le passage au stade 3 du dispositif de gestion de l’épidémie entraînant pour l’ensemble des commerces qualifiés de « non-essentiels », les restaurants, les bars ou encore les discothèques, la fermeture jusqu’à nouvel ordre, dès minuit.

Si des rumeurs circulent sur la mise en place prochaine d’un confinement général de la population française d’ici quelques jours, les différents établissements d’enseignements se sont organisés pour faire face à ces fermetures. Le Département des Hauts-de-Seine, les communes de Nanterre, Puteaux et Courbevoie et l’établissement public aménageur du quartier d’affaires, Paris La Défense, ont également énoncé les dispositions prises par leurs services.

Suite aux mesures prises par le gouvernement les 12 et 14 mars derniers, le quotidien des habitants, salariés et étudiants du quartier d’affaires est chamboulé depuis lundi. Tous les établissements scolaires et les universités sont fermés sur décision d’Emmanuel Macron. Samedi, à minuit, c’était au tour des commerces non alimentaires, des restaurants, des boites de nuit et bars, de baisser le rideau après l’annonce quelques heures plus tôt du premier ministre, Edouard Philippe.

La préfecture des Hauts-de-Seine a ainsi publié dimanche un arrêté transposant les mesures de lutte contre la propagation du virus, lesquelles seront en vigueur jusqu’au 15 avril prochain. « Tout rassemblement mettant en présence de manière simultanée plus de 100 personnes est interdit sur le département des Hauts-de-Seine », prévient l’article 1er de cet arrêté. Désormais, seuls les commerces et magasins alimentaires, les pharmacies, les banques, les stations-services et les kiosquiers ont le droit d’ouvrir boutique.

Le Département des Hauts-de Seine a également pris ses dispositions « suite à l’entrée dans le stade 3 de l’épidémie de coronavirus, […] avec pour objectifs d’assurer le fonctionnement des services publics essentiels en situation de crise sanitaire, et de protéger au maximum les usagers et les agents ». Dans un communiqué publié dimanche 15 mars, le Département a annoncé que « certains collèges pourront accueillir dès lundi matin les enfants des personnels de santé du territoire afin de faciliter leur mobilisation ».

À la Défense, même combat. Nombreux sont les usagers qui ne sont pas revenus dès dimanche au sein du quartier d’affaires. Car la majeure partie des boutiques des centres commerciaux du Cnit et du Westfield Les 4 Temps n’ont pas ouvert leurs portes depuis dimanche. Ce jour-là, Paris La Défense, l’établissement public aménageur et gestionnaire du quartier d’affaires a activé son « Plan de Continuité de l’Activité à compter du lundi 16 mars 2020 ».

« L’établissement met la majorité de ses collaborateurs en télétravail afin de limiter leurs déplacements et favoriser la distanciation sociale souhaitée par les autorités sanitaires, prévient le communiqué de Paris La Défense. Seuls les agents du pôle Sécurité, et en particulier du PC sécurité, continueront d’assurer leur mission sur le site, afin de garantir la continuité du service public ».

Au sein du quartier d’affaires le télé travail est ainsi de mise à la demande de la directrice générale de Paris La Défense, Marie-Célie Guillaume qui prévient que « les accès à la dalle vont être fortement réduits [… et que ] toutes les animations et opérations commerciales sur l’espace public sont annulées. »

Depuis lundi, les 45 000 étudiants qui sillonnent habituellement le parvis et l’esplanade de la Défense poursuivent leurs études à distance. « Les formations seront donc dispensées en ligne […] grâce à notre outil Adobe Connect, explique la communication de l’Ileri, l’Ecole des relations internationales, située dans le quartier Boieldieu. Cet outil permet au professeur d’animer une classe (jusqu’à 100 étudiants) tout en gérant des chats/partage de documents, possibilité d’exposés etc… »

Même son de cloche pour les écoles de commerces Skema Business School qui indiquent que « tous les étudiants de Skema [du campus] de Paris-La Défense pourront suivre leurs cours et passer des examens en ligne ». Comme lors des grèves contre la réforme des retraites en décembre 2019 et début janvier 2020, l’enseignement supérieur fait face grâce au digital.

« Nous mettons tout en œuvre pour garantir autant que possible la continuité pédagogique des cours, grâce notamment aux outils digitaux avec lesquels les étudiants et les enseignants sont familiarisés », annonce ainsi le Pôle universitaire Léonard de Vinci (Pulv). Si l’Iéseg est en train de revoir les modalités de sélection de ses futurs élèves pour l’année prochaine, l’Ileri assure que son « concours d’entrée de ce jeudi 19 mars se tiendra également à distance ».

À l’Université Paris Nanterre, un communiqué signé du président, Jean-François Balaudé, indique la marche à suivre : « Afin de garantir la continuité pédagogique, les équipes pédagogiques de l’université vont mettre en œuvre des enseignements à distance », ajoutant que les « modalités de ceux-ci seront précisées par les enseignants et les composantes dans les jours à venir ».

Le rectorat de Versailles, qui gère l’ensemble des établissements du primaire et du secondaire dans les Hauts-de-Seine a également pris des mesures pour que l’enseignement se poursuive le mieux possible malgré la fermeture des écoles, collèges et lycées du pays depuis lundi. « Nous allons mettre en place un vrai programme d’enseignement », explique à La Gazette Dominique Fis, directrice académique des services départementaux de l’Éducation Nationale dans les Hauts-de-Seine.

De la mise en place du dispositif, Dominique Fis détaille les différentes étapes : « Ce qui a été demandé à toutes les communes et on s’y est mis de manière accélérée, on a vérifié qu’on avait bien les coordonnées de toutes les familles ». Si ce travail peut être « fastidieux » pour les écoles maternelles et primaires, il est simplifié « pour les collèges et les lycées, grâce aux Espaces numériques de travail [ENT] », précise la directrice.

Quant aux outils, le rectorat compte recourir à plusieurs outils numériques. « On a le CNED, de la grande section à la fin du lycée avec des supports intitulés Ma Classe à la maison et il y a également pour les plus grands Ma classe virtuelle », détaille Dominique Fis de ces outils à utiliser en complément de ce qui est transmis par les professeurs. « Le but n’est pas tant de donner du travail mais aussi qu’il y ait de l’interaction , » explique-t-elle.

Les villes ont également pris des mesures notamment pour aider les personnels de santé et favoriser la garde de leurs enfants. À Courbevoie, la mairie indique que des structures seront ouvertes pour accueillir les enfants en priorité ceux du personnel soignant. Toutes les informations sont mises à jour quotidiennement sur le site internet de la Ville. La Ville invite également les lycéens qui le peuvent à proposer leur service de garde d’enfants. Des dispositifs similaires ont été mis en place à Puteaux et Nanterre.

Si la fermeture des établissements scolaires et universitaires, tout comme celle des commerces non essentiels a été actée, la présence nombreuse des Français dans la rue dimanche pourrait pousser le gouvernement à revoir sa copie. Une mesure plus contraignante d’ici à la fin de la semaine pourrait être mise en place, le confinement ou la mise en quarantaine d’une ou plusieurs régions (mesure qui n’a pas encore été prise à l’heure de l’écriture de ces lignes, lundi 16 mars 2020).

Mise à jour mardi 17 mars 2020 :

Lors de la publication de ce papier, rédigé lundi 16 mars, nous vous indiquions que des mesures de confinement ou de mise en quarantaine pourraient concernés plusieurs régions de France. Dans son allocution du lundi 16 mars au soir, le président de la République a annoncé des mesures strictes estimant que la France est « en guerre sanitaire » contre le coronavirus. Ainsi, les déplacements sont limités depuis 12 h. Toutes les informations sont à retrouver sur le site internet du ministère de l’intérieur. Des attestations sont notamment indispensables pour pouvoir circuler, pour faire des courses ou encore sortir son chien.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE