Un homme de 49 ans a été condamné à une peine de prison avec sursis mardi 21 janvier dernier, par le tribunal de Nanterre. Interpellé le 8 décembre dernier à Asnières-sur-Seine pour des violences présumées sur sa compagne, l’homme a finalement été aussi poursuivi pour des violences sur ses enfants, après que les policiers les ont entendu.

Ce jour-là, une dispute a éclaté entre les deux parents. L’homme, énervé que sa compagne n’ait pas préparé le dîner, l’a ainsi étranglée et poussée devant leurs enfants. Les policiers appelés par la fille aînée l’ont alors arrêté avant d’interroger ses enfants et sa femme. Il s’est avéré que les deux parents fessaient leurs enfants lorsqu’ils étaient turbulents. Ces derniers recevaient aussi des coups de chargeurs de téléphone ou de ceinture. La mère de famille aussi subissait parfois des violences.

« Elle s’est rendue chez les voisins pour demander de l’aide et en disant que sa mère allait se faire tuer », s’inquiète la présidente de séance en s’adressant au prévenu, dont la fille de 14 ans a longuement témoigné auprès des policiers. La mère de famille quant à elle est présente, du côté des victimes. Elle ne s’est vu prescrire aucun arrêt de travail après cette agression.

Rapidement, les enfants les plus âgés du couple, 14 et 10 ans, sont entendus par la police. « Votre fils indique que ses parents se disputent souvent et s’insultent », constate la magistrate avant de poursuivre la lecture du témoignage du garçon. « Quand je fais des bêtises, soit ils me tapent, soit ils me grondent », a ainsi expliqué l’enfant le jour de son audition, incriminant aussi sa mère.

L’adolescente de 14 ans raconte en plus avoir été violemment molestée par son père, à la suite d’une dispute. « Il a enroulé le câble (d’un chargeur de téléphone, Ndlr) autour de mon cou. Comme je suis asthmatique, j’ai arrêté de crier », explique-t-elle aux policiers de l’issue de l’agression. Aux enquêteurs et aux services sociaux, la jeune fille assure cependant que le foyer est aussi « rempli d’amour, on rigole ensemble ».

D’après les témoignages des deux enfants, les parents utilisent parfois des objets pour les frapper et les punir de leurs turbulences. Des traces de chargeur de téléphone sont ainsi découvertes sur la poitrine de l’adolescente. « Ce n’est pas une violence, c’est une manière d’éduquer les enfants », explique ainsi la mère, qui rejoint alors les propos de son mari. Bien qu’ils soient installés dans le pays depuis des dizaines d’années, tous deux assurent qu’ils ne savaient pas que la fessée, et autres châtiments corporels, étaient interdits en France.

« Le petit de trois ans était sur le dos de sa mère au moment des faits, interpelle la présidente de séance lors du récit des faits. Votre adolescente semble aussi s’être interposée, à tel point qu’elle vous a giflé. » Le père de famille, baisse la tête : « Je regrette, mais c’est fait ». L’homme n’a eu aucun contact avec sa famille depuis les faits puisqu’il a respecté à la lettre son contrôle judiciaire.

Malgré les témoignages des enfants, parfois glaçants, les agents du département des Hauts-de-Seine qui les ont suivis ne les trouvent pas traumatisés. « La jeune ado est très posée, très mature », constate même l’assistante qui assure aussi que la fratrie ne présente aucun problème comportemental. La procureure estime qu’il y a « un début de prise de conscience », du côté de leurs parents.

Elle requiert ainsi une peine de huit mois avec sursis à l’encontre du père, chef de chantier de son état. Une obligation de travail, de soins, l’indemnisation de ses enfants, une interdiction de port d’arme et de contact avec sa famille sont aussi requis. La mère de famille n’est, quant à elle, pas poursuivie.

« Peut-être venez vous d’une culture différente, mais ce n’est pas comme ça en France », lui fait ainsi savoir la présidente de séance à l’énoncé du verdict. Il est finalement condamné à six mois de prison avec sursis. Il devra aussi dédommager deux de ses enfants à hauteur de 50 euros. « C’est une manière de vous excuser, lui explique la magistrate. Des violences sur des enfants, ça peut aller jusqu’au retrait de l’autorité parentale. À charge pour vous de l’entendre. »

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE