Un quinquagénaire était présenté en comparution immédiate au tribunal de Nanterre, pour des violences habituelles sur sa compagne, lundi 30 décembre. Interpellé le 27 décembre dernier après une énième agression, l’homme a dû répondre de ses actes et tenté de se défendre en niant une grande partie des faits qui lui étaient reprochés.

Cette fois, c’est une dispute durant laquelle il était accusé d’avoir violemment arraché le téléphone des mains de sa femme qui a mené à son interpellation. Entendus par la police, ses enfants se sont avérés être témoins des tensions et violences qui régnaient au sein de la famille. L’homme, chauffeur VTC depuis 2017, a finalement été condamné à une peine de prison aménageable.

« Il va la tuer s’il revient à la maison. » La présidente de séance lit le témoignage d’une fille du prévenu, âgée de 14 ans. « Il donne des coups de poing et des coups de pied », a quant à lui expliqué le fils aîné. Ses jumelles de huit ans sont elles aussi au courant des violences et autres agressions verbales. « Ils ont peur de vous, s’inquiète la présidente. Ils ont peur que vous tuiez maman. »

Le jour de l’arrestation de leur père, l’une des petites a d’ailleurs menacé de sauter par la fenêtre. « Elle a dit ensuite aux policiers que c’était une blague », se défend le père de famille, placé en détention provisoire depuis les faits. « À huit ans, ce n’est pas un comportement normal », lui rétorque la magistrate.

Malgré les auditions des quatre enfants du couple, l’homme continue de nier avoir violemment arraché des mains le téléphone de sa femme en l’empoignant et lui assénant un coup de poing dans le ventre. « Au départ, il nie, constate d’ailleurs le procureur. Puis au long de son audition, il reconnaît les faits. » D’autres événements sont évoqués lors de l’audience. Comme la fois, en 2016, où il a été condamné pour avoir mordu sa femme lors d’une dispute. Là encore, il assure que ce n’est pas lui, mais « une amie ».

« La photo n’est pas belle à voir, atteste le procureur. Un morceau de chair a été arraché. » Le ministère public est cependant plus clément sur une autre agression, survenue en août 2018. Cette fois-là, la femme a écopé de 45 jours d’incapacité totale de travail (ITT) après avoir brisé un vase sur son mari qui la frappait. « C’est une blessure indirecte », tranche le procureur.

« Je regrette ce qu’il s’est passé », assure de son côté le prévenu en martelant qu’il éprouve toujours « de l’amour » pour son épouse. Elle, qui n’est pas présente à l’audience, assure pourtant qu’il la « tue à petit feu », et explique aux enquêteurs qu’ils ne sont plus en couple depuis plusieurs années. « Elle dit ça pour me faire du mal », constate le prévenu.

Déjà condamné à six mois de prison avec sursis pour l’affaire de la morsure, l’homme s’effondre lorsque la magistrate lui fait comprendre qu’il n’a « pas entendu ce que lui a dit la justice ». Mais son avocat s’efforce de démonter point par point les accusations contre son client. Pour l’affaire de la morsure, « il a une version totalement contradictoire, estime-t-il. C’est au procureur de démontrer ce que la victime dit. »

« Les violences de décembre ne sont absolument pas caractérisées », poursuit-il en soulignant que la victime n’a pas été blessée et n’a pas souhaité être examinée par un médecin. Aussi, il revient longuement sur les témoignages des enfants. « Quand on lit le témoignage de l’aînée, on lit « ma mère m’a dit que ». Il y a quand même une grande différence », analyse-t-il.

« Les enfants disent aussi qu’il est violent, mais est-ce des propos rapportés ? », questionne-t-il, debout face au tribunal. « Un emprisonnement pour avoir poussé madame, c’est excessif », plaide-t-il aussi après que le procureur a requis un an de prison dont huit avec sursis, une peine cependant aménageable.

Le défenseur du chauffeur VTC obtient tout de même une relaxe partielle, puisque les faits de morsure comportent « un doute ». Le père de famille est cependant reconnu coupable de violences habituelles et condamné à dix mois de prison dont huit avec sursis, en plus de la révocation des six mois avec sursis d’une précédente condamnation. La peine aménageable s’ajoute à une interdiction de se rendre au domicile familial et une obligation de soin et de travail.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO ILLUSTRATION : LA GAZETTE DE LA DEFENSE