C’est une affaire de violences conjugales sur fond de toxicomanie qui a occupé le tribunal de Nanterre, une partie de l’après-midi du mercredi 30 septembre dernier. Un homme, déjà condamné pour des violences sur sa femme, comparaissait à nouveau pour des faits similaires. Il était aussi accusé de menaces de mort sur sa compagne et la mère de celle-ci. Il a nié tous les faits qui lui étaient reprochés sans pour autant convaincre les magistrats qui l’ont finalement condamné à une peine de prison ferme.

« Je suis toujours sa concubine, assure la mère de famille à la barre qui explique pourquoi elle a porté plainte. J’ai voulu prévenir parce que son comportement n’est pas normal. » En effet, son compagnon âgé de 36 ans, dans le box à quelques mètres de là, est poursuivi pour neuf infractions : des menaces de mort sur elle et sa mère, des violences conjugales mais aussi des effractions et dégradations.

Les faits reprochés au prévenu s’étalent ainsi entre le 2 avril et le 10 août dernier. L’épisode le plus violent, qui s’est d’ailleurs répété une fois de manière quasi identique, est survenu le 6 août en pleine nuit. Armé d’une lampe taser, l’homme jaloux est en effet accusé d’être entré par effraction chez sa compagne pour lui rendre son téléphone portable qu’il lui avait volé. Au vu de l’heure tardive, la jeune femme refuse tout d’abord de lui ouvrir.

Après avoir cassé un store, l’homme brise une fenêtre avec un marteau pour rentrer chez la mère de sa fille. Là, il l’aurait agressée en lui coinçant le cou avec son bras. « Il a fait ça pour ne pas que je crie » explique la jeune femme qui tente parfois de minimiser les faits. Une dispute s’ensuit. « Après, pour se calmer, on a fumé du crack, poursuit la Nanterrienne. Et puis, on a fait l’amour et il est resté dormir ».

Sur sa consommation de drogue, elle explique qu’elle avait « déjà des problèmes d’addiction avant lui ». Pourtant, sa mère, menacée de mort par le trentenaire le lendemain de l’effraction l’assure : « Elle allait beaucoup mieux quand il était en prison ». Récidiviste, l’homme a en effet déjà purgé une peine pour des violences sur la jeune femme sous tutelle.

Lui se contente de nier absolument tous les faits qui lui sont reprochés, ce qui n’est pas du goût de la procureure. « Il est dangereux, violent et impulsif », n’hésite-t-elle pas à dire avant de rappeler que l’homme a tenté de se suicider quelques jours après l’effraction. « Ne serait-ce pas une manipulation pour qu’elle revienne vers lui ? », s’interroge-t-elle en évoquant cet événement durant lequel l’homme avait « attendu l’assistance des pompiers pour sauter ».

À ces mots, l’avocate de l’homme s’indigne et rappelle que malgré les protections installées en bas de son immeuble par les pompiers, l’homme avait tout de même été plongé 11 jours dans le coma à la suite de sa chute. Mais, le témoignage de la femme est quelque peu différent depuis ces faits. « Elle essaie de le défendre car elle voit qu’il est fragile », tranche le ministère public qui requiert deux ans de prison ferme contre le père de famille en plus d’une obligation de soins psychiatriques et en addictologie.

« Il y a des zones d’ombre dans ce dossier », plaide de son côté l’avocate du prévenu. Comme les parties civiles, elle martèle que « sa place n’est pas en prison », et assure qu’il accepterait des mesures de liberté conditionnelle. « Ne le traitez pas comme un délinquant mais plus comme un malade », demande l’avocate.

Mais ses antécédents ne jouent pas en sa faveur : « Ça n’est plus un casier que vous avez mais un roman », s’exclame ainsi la présidente de séance. Violences avec armes, vols, trafic de drogue, agression sexuelle, violences conjugales, dégradation, menaces de mort : la liste est en effet très longue et le casier judiciaire contient 17 condamnations au total.

« C’est une personne extrêmement gentille mais parfois, allez savoir pourquoi, il déraille », résume sa compagne. Les psychologues de leur côté assurent qu’il n’est pas sujet à des délires et qu’il « n’est pas exagérément intelligent ». Mais, le tribunal, tout au long de cette audience, voit un prévenu n’hésitant pas à jouer les manipulateurs, attitude qui le dessert.

Finalement, l’homme est condamné à 16 mois de prison avec mandat de dépôt, il est cependant relaxé pour les menaces de mort. « Le tribunal n’a pas trouvé d’autre choix, explique la présidente. Tant que vous ne comprendrez pas, tant que vous serez violent et tant que vous prendrez du crack, vous irez en prison ». 

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE