Un quinquagénaire a été condamné à une peine de prison ferme, mercredi 2 septembre dernier, au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Privé de la garde de sa fille, aujourd’hui âgée de 15 ans, il l’a harcelée durant des années. Il n’hésitait pas non plus à menacer de mort son ex-compagne ou des travailleurs sociaux.

« La peur que vous avez ressenti durant le dernier mois en prison, ça n’est rien par rapport à ce qu’elles vivent depuis des années », lâche l’avocate de l’ex-compagne et de la fille du prévenu. Terrorisée, l’adolescente n’est d’ailleurs pas présente à l’audience. Du côté des parties civiles, seuls un travailleur social et l’ex-compagne du prévenu sont présents.

L’homme âgé de 52 ans reconnaît les faits qui lui sont reprochés, des menaces de mort répétées et extrêmement régulières envers la mère de sa fille, une claque donnée à l’adolescente mais aussi d’autres menaces de mort assénées à un travailleur social, chargé d’encadrer des visites médiatisées entre le père et sa fille.

« Il est constamment là, on ne sait jamais comment ça peut finir », témoigne la mère de famille, qui a seule la garde de l’adolescente. Séparée du prévenu depuis 2012, elle s’occupe seule de sa fille depuis 2016. Après avoir été placée, elle est en effet retournée chez sa mère à Gennevilliers. Mais la vie stable à laquelle la mère et la fille aspirent est continuellement perturbée par les actes violents du père.

« Il vient me voir à la sortie du collège pour m’insulter et me faire la honte devant mes camarades », expliquera par exemple l’adolescente à la police, dans le cadre d’un des nombreux signalement des comportements du père. S’il ne la suit pas jusqu’à son établissement scolaire, il hurle des insultes et menaces sous les fenêtres de leur appartement, témoigne la mère de famille. « Il parle souvent de coup de fusil à pompe dans la tête ou de me faire exploser la cervelle en me mettant une grenade dans la bouche », témoigne la mère de famille, placide.

« Il ne vient pas tous les jours, indique-t-elle. Il y a des semaines où on ne le voit pas, et d’autres ou on le voit plusieurs fois. » Résultat, la mère et la fille sortent le moins possible de chez elles. L’adolescente a aussi changé d’école. Sa mère veille d’ailleurs à en taire le nom lors de l’audience pour éviter tout nouvel harcèlement.

À l’écoute des divers épisodes de violence verbale, l’homme baisse la tête, s’excuse, et explique perdre pied lorsqu’il est question de son enfant dont il voudrait pouvoir être proche. « On est quand même d’accord que vous passez votre temps à harceler votre ex-concubine et que votre fille ne veut plus vous voir, constate la présidente. Pourquoi vous faites des imbécilités ? »

« La première main courante date de 2003, c’est vous dire si les faits sont ancrés », souligne de son côté la procureure qui requiert une peine de 18 mois de prison dont six avec sursis, une obligation de travailler et de se soigner ainsi qu’une interdiction de contact avec la mère et sa fille. « Je ne m’explique pas qu’elles aient dû vivre dans la peur aussi longtemps, s’insurge de son côté l’avocate des deux femmes. C’est simple, sa fille ne respire que depuis qu’il est en détention provisoire ».

« On a permis à monsieur de réitérer ses délits », abonde même l’avocat du prévenu. Le défenseur demande aussi qu’une nouvelle expertise psychiatrique soit menée, la première étant « sans queue ni tête », de l’avis général. « Il ne me semble pas tranquille », explique l’avocat pour motiver sa demande. Estimant que la place de son client n’est pas en prison, il plaide largement pour une assignation à résidence.

Mais la multitude de faits, leur récurrence et l’extrême violence des termes employés, poussent le tribunal à opter pour la prison, tout en étant moins ferme que les réquisitions du ministère public. L’homme dans le box des accusés est ainsi condamné à 18 mois de prison dont 11 avec sursis, une obligation de travail et de soin ainsi qu’une interdiction de contact avec sa femme et sa fille. Il devra aussi les indemniser à hauteur de 1 000 euros chacune.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE