Un père de famille comparaissait mardi 15 octobre au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre pour des faits de violences sur sa femme. Il comparaissait aussi pour l’avoir harcelée au téléphone après avoir violé son contrôle judiciaire et alors qu’il était en détention provisoire, entre le 6 et le 8 septembre dernier.

Bien que l’avocate de son ex-compagne, présente à l’audience, ait plaidé pour qu’il soit libéré, l’homme a écopé d’une peine de prison ferme. Il a été reconnu coupable des violences sur cette dernière mais aussi de harcèlement. Il a également été condamné pour la détention d’un téléphone portable au sein de la maison d’arrêt de Nanterre.

« Elle pensait que c’était le commissariat. » C’était en fait son ex-conjoint accusé de violences, qui l’appelait depuis la prison de Nanterre avec un téléphone portable. Une mère de famille témoigne mardi 15 octobre au tribunal de Nanterre, elle évoque le harcèlement qu’elle aurait subi entre le 6 et le 8 septembre dernier. Après avoir une nouvelle fois exercé des violences sur elle à Asnières, son mari, sous le coup d’un contrôle judiciaire, avait été incarcéré quelques jours plus tôt.

« C’est le seul numéro que je connais par cœur », se défend l’homme dans le box des accusés. « En galère », il explique à sa femme lors d’un premier appel qu’il a « besoin d’argent pour se faire des pâtes ». Elle l’écoute mais n’accepte pas de l’aider financièrement. « J’étais un peu perdu financièrement, avoue le père de famille. Surtout, je voulais des nouvelles des enfants. » Ceux-ci refusent en effet de lui parler depuis son incarcération.

Mais il recommence à contacter sa femme, à 40 reprises et en numéro masqué. S’il nie le harcèlement, elle assure qu’il l’a menacée et l’a « rendue responsable de ce qui lui arrivait », souligne son avocate. Le prévenu baisse la tête et indique qu’il a simplement « trouvé par terre » les trois téléphones portables qui lui ont permis de contacter la mère de ses enfants, qui aujourd’hui demande le divorce. Ce dernier point laisse la présidente de séance dubitative : « Vous savez que ça vaut très cher, un téléphone en prison ? »

« C’est presque humiliant de demander une cigarette, dans un an, j’ai 50 ans », explique le prévenu visiblement peu désireux de demander des services à plus jeune que lui à la maison d’arrêt. « C’est plus gênant pour lui de demander des cigarettes que de commettre de nouvelles infractions », lâche la procureure de la République.

Il reconnaît par contre les violences sur sa femme, survenues en juillet, dont il est accusé. « Je suis d’accord avec leurs déclarations, je m’en veux énormément », souffle-t-il après la lecture des témoignages de sa compagne et de son fils, âgé de 15 ans. « Vous avez un dossier dans lequel un gamin vous dit qu’il a attrapé la main de son père qui tenait un couteau », s’alarme de son côté la procureure de la République, Julia Gerand.

Après avoir été placé sous contrôle judiciaire, le prévenu avait finalement été incarcéré un mois plus tard après être rentré au domicile familial, qui lui était interdit. Si la mère de famille demande a se constituer partie civile « pour que son statut de victime soit reconnu », son avocate assure qu’elle ne veut pas voir le prévenu derrière les barreaux, et ce bien qu’il soit responsable de violences répétées, selon elle. « Ce qui m’embête aujourd’hui, c’est de trouver une solution pour sa sortie », concède cependant le conseil de la mère de famille.

« Ce n’est pas à elle de décider si son mari doit ou pas rester en prison », estime de son côté la procureure. « Sa place n’est pas en prison », plaide aussi l’avocat du prévenu. « Il en va de l’intérêt des enfants qu’il garde son rôle de père, continue-t-il. Il y a une cellule à Nanterre. Mais vous conviendrez que ce n’est pas un endroit où l’on a envie de passer du temps avec ses enfants. » Ces derniers, qui refusent pour le moment de lui parler, assurent tout de même qu’il est « un bon père, mais pas un bon mari ».

« Il a une difficulté à respecter la loi », constate à son tour Julia Gerand, requérant 18 mois de prison dont six avec sursis. La peine serait en plus assortie d’une obligation de soin et de travail et d’une interdiction d’entrer en contact avec la victime, mais aussi de pénétrer au domicile familial. Finalement, le tribunal le condamne à 12 mois de prison dont six avec sursis. « À ce stade, il faut passer par une détention, lui explique la présidente de séance. On s’est dit que si vous ressortiez, ça allait mal se passer. »

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE