Une jeune femme a vécu un véritable cauchemar, le 30 juillet dernier, dans son appartement. Elle a été prise à partie par son ancien compagnon. Lorsqu’elle rentre chez elle, ce dernier, alors en « état d’ébriété » selon la victime, l’attrape « violemment » et la jette sur le lit. « Il s’approche de moi et me tire les cheveux. […] Très vite, j’ai appelé au secours », raconte la victime. L’homme finit par lui bloquer l’accès vers la porte d’entrée. Finalement, elle arrive à calmer la situation et à appeler la police. Très vite, les forces de l’ordre interviennent. À leur arrivée, la jeune femme décide de ne pas porter plainte, car elle ne veut « pas causer d’ennui » et souhaite avant tout lui provoquer
« un électrochoc ».

Entre le 30 juillet et le 19 août, 129 communications, comprenant 81 appels ont été envoyés à la jeune femme. Près de 50 conversations ont été tenues, dont 48 entrantes pour seulement 3 sortantes. Le prévenu appellera, dans la majorité des cas, avec des numéros masqués. Il ira même jusqu’à pirater le téléphone de son ex, selon l’avocat de la défense, mais également surveiller le domicile, en passant régulièrement devant.

À la fin du mois d’août, la jeune femme, « complètement à bout », décide de déposer plainte envers son ancien compagnon pour harcèlement et violence, car « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». À la barre, le prévenu justifie son comportement par une volonté de s’excuser pour ses erreurs. Des faits qui « tiennent de l’acharnement », a souligné la procureure.

Depuis la fin de la relation, l’homme présumé coupable de harcèlement et violence conjugale ne digère pas vraiment la situation. Lors de l’enquête et de la perquisition à son domicile, les forces de l’ordre retrouvent un double du badge du hall d’entrée du domicile de la victime, une clé, ressemblant étrangement à celle de la jeune femme et la carte bancaire volée et portée disparue depuis plusieurs semaines, de cette dernière. « C’est une étrange coïncidence », précise l’avocat de la victime. Après la révélation d’une photo par la juge désignant trois clés de couleurs distinctes, l’homme au crane chauve et au pull blanc avec une tête de bull-dog baisse la tête et ne reconnait pas ses torts. Finalement, la juge met fin à cet imbroglio « bien surprenant », en ne laissant place à aucune réponse concrète derrière ce mystère.

Lors de la première audience, qui s’est déroulée le 17 septembre dernier, le concubin a été jugé pour des faits de violences. À la suite d’un renvoi, le mis en cause avait été placé sous contrôle judiciaire avec l’interdiction d’entrer en relation avec la victime, sa petite amie.

Dans une courte plaidoirie, l’avocat de la victime, qui a pris connaissance tardivement du dossier, tente difficilement de défendre la victime. L’homme, de petite taille, s’agite dans sa robe. Avant de commencer sa défense, il décide de fouiller plusieurs fois dans ses papiers.
« Ma cliente est faible psychologiquement. Sous la pression, elle ne savait pas faire face. Elle vivait sous son emprise et ne connaissait rien de son passé » calmera-t-il. En effet, il a été condamné à 5 mois de prison pour des violences dans un moyen de transport public.

Le conseil du prévenu s’efforcera d’atténuer les conséquences de son client. L’avocate demandera au tribunal d’écarter toute condamnation pour harcèlement. « Je remarque la présence d’aucun document sur la santé de madame. (…) Au vu des pièces du dossier, aucun élément pourrait établir la malveillance de mon client ». L’avocate, qui se montre confiante dans sa plaidoirie, s’attend à une non-condamnation. « Vous le relaxerez de l’harcèlement » assurera-t-elle.

Après de longues minutes de délibération et de nouvelles excuses de la part du prévenu, le tribunal correctionnel de Nanterre a relaxé le concubin, soupçonné d’avoir harcelé sa compagne. Néanmoins, il est reconnu coupable de violences envers son ex-compagne assorti d’une interdiction de contact pendant trois ans et d’une obligation d’effectuer un stage de responsabilisation pour la prévention contre les violences conjugales. Sa condamnation ne sera pas inscrite au volet B2 de son casier judiciaire.

Enfin, le coupable s’est vu accorder un renvoi sur intérêt civil, pour évaluer et chiffrer le préjudice total subi par la victime. L’audience qui le permettra a été envoyée au 24 juin 2022. Au poste, la police découvre les marques sur le bras et décide de prendre des photos. Dans sa déposition, la jeune femme continue de défendre son compagnon en n’indiquant aucune violence de sa part.

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