Une locataire d’un studio de l’Office public de l’habitat (OPHLM) de Nanterre a été condamnée à trois semaines de travaux d’intérêt général par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, mercredi 9 octobre. L’OPHLM l’accusait de harcèlement sur plusieurs de ses agents, dont la directrice de l’établissement.

Vivant dans un appartement insalubre, selon elle, depuis de longs mois, la jeune femme a appelé différents interlocuteurs de l’OPHLM près d’une centaine de fois entre le 3 juin et le 11 juillet pour exiger un nouveau logement. Elle se rendait aussi sur place et menaçait le personnel présent, obligé d’appeler la police ou les agents de sécurité.

« Vous êtes décrite comme une personne complètement hystérique », lui fait remarquer la présidente de séance dès le début de l’audience. La jeune femme née en 1989 fond rapidement en larmes, évoque la présence de « cafards » dans son studio loué auprès du bailleur social nanterrien. « On touche à l’humain, c’est très dur », souffle celle qui a déjà dû se présenter au tribunal pour des faits similaires en mai dernier. Cette fois-là, elle avait été relaxée, mais le bailleur social ne s’était pas porté partie civile.

Contrairement à l’affaire du mois de mai, l’office HLM, qui l’accuse de faits de harcèlement entre le 11 juin et le 3 juillet dernier, a porté plainte contre la jeune femme, commerciale dans une grande entreprise spécialisée dans l’agroalimentaire. En plus de près d’une centaine d’appels menaçants à différents interlocuteurs de l’OPHLM, dont la directrice, elle se rendait très régulièrement dans les locaux de l’office.

Toutes les personnes présentes assistaient alors à des « scènes d’hystérie », selon les différents témoins. « Les cris, les hurlements et les crachats », de la jeune femme ont même poussé un des agents à se mettre en arrêt maladie après un « choc psychologique », assure l’OPHLM. « Une fois, elle a ramené une boîte pleine de cafards en nous disant qu’elle nous offrait un cadeau », explique le directeur des ressources humaines de l’organisme aux policiers, lors de son audition.

« Je veux juste m’en sortir coûte que coûte », assure la jeune femme qui poursuit en expliquant n’avoir « jamais pensé à faire d’appels téléphoniques malveillants ». Des déclarations qui surprennent l’avocate de la partie civile : « Elle se présente comme une victime et n’adopte pas l’attitude citée dans la procédure », dénonce-t-elle. Loin de « l’hystérique » décrite dans le dossier, la jeune femme apparaît effondrée, en larmes, si bien que la présidente de séance ne comprend pas ses supposés agissements passés.

« Votre bailleur n’a pourtant pas été indifférent à votre situation », constate-t-elle en feuilletant le dossier et les propositions de désinsectisation de l’appartement, que la Nanterrienne a refusé pour certaines. « C’est très difficile, j’ai des problèmes de peau, je suis très sensible », explique-t-elle en soulignant que les produits utilisés sont particulièrement « toxiques ». Elle estime même qu’après plusieurs interventions, « c’est pire qu’avant, ça réveille des trucs enfouis », et demande à être relogée dans un nouvel appartement.

Si la prévenue assure n’avoir jamais été insultante ou menaçante envers les agents de l’OPHLM, l’avocate de l’organisme s’inquiète déjà « pour l’avenir ». La jeune femme fait en effet l’objet d’une nouvelle plainte. Elle est cette fois accusée d’avoir inondé les parties communes de son immeuble et jeté un bon nombre de ses affaires par la fenêtre, lors d’une nouvelle crise de rage présumée.

Décrite comme « intolérante à la frustration » après son expertise psychologique, la jeune femme finit tout de même par s’excuser « J’ai été très maladroite, commence-t-elle. La forme peut-être n’est pas bonne mais le fond n’était pas mal intentionné. » Elle est finalement condamnée à 105 heures de travaux d’intérêt général, soit trois semaines. Elle devra aussi verser 500 euros de préjudice à ses victimes et payer 300 euros de frais de procédure.

Le verdict ne semble convenir à aucune des parties. La condamnée demande immédiatement à la présidente : « Comment faut-il faire pour faire appel ? ». Du côté de l’OPHLM, le scepticisme prévaut. Contacté par La Gazette, Thierry Desfresnes, directeur de la communication de l’OPHLM de Nanterre, regrette qu’aucune obligation de soin n’ait été ajoutée à la condamnation. « Elle est capable de réactions qui sont disproportionnées, analyse-t-il. Elle aurait surtout besoin de se faire soigner. »

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.