De 4 ans d’attente pour un deux pièces à 7 ans pour un F5 : la durée pour obtenir un logement social à Nanterre ne cesse de croître pour les primo-demandeurs. Diminution du nombre d’appartements disponibles, hausse des refus des locataires potentiels, augmentation du prix des terrains et des HLM (voir encadré) : comme de nombreuses communes d’Île-de-France, Nanterre fait d’abord face à une « crise du logement », a expliqué l’adjoint au logement.

Ce soir du mardi 2 avril, André Cassou (GRS) fait face à une cinquantaine d’habitants venus à la réunion donnée sur le sujet à la maison du Chemin de l’île, par l’association Nanterre d’avenir dans le cadre de la campagne des prochaines élections municipales de 2020. « Nanterre ne peut répondre seule aux besoins de [l’établissement public territorial] Paris Ouest La Défense et des Hauts-de-Seine, assène d’emblée, micro en main, l’adjoint à l’habitat André Cassou. Il y a une crise du logement devant nous, et les temps d’attente ne vont pas se réduire. »

Si les chantiers constellent la commune, qui en est considérée « ville bâtisseuse », elle demeurerait submergée par la demande en matière de logement social. Depuis 2014, Nanterre a construit 1 000 logements sociaux. Mais elle compte 9 000 demandeurs de logements au niveau régional, et 3 500 foyers inscrits sur le fichier de la Ville souhaitant un appartement à Nanterre. Trois attributions sur quatre sont faites à des ménages nanterriens. Mais les temps d’attente, au minimum de 4 à 7 ans selon la taille du logement, ne cessent de s’allonger d’année en année.

La mairie considère l’ancienneté comme « seul critère » pour l’attribution des logements sociaux, qui comprennent 40 % de petits logements, 40 % de T3, et 20 % de grands logements.

« On fait un cycle d’échanges sur des questions difficiles au sujet du logement parce qu’il y a beaucoup d’incompréhension de la part des Nanterriens », glisse Zacharia Ben Amar (PS). Le deuxième adjoint chargé de l’éducation est la future tête de liste du PS aux élections municipales de 2020 (le maire DVG Patrick Jarry et son opposante LR Camille Bedin sont également candidats, Ndlr), et mène campagne avec l’association Nanterre d’avenir. « Il y a certes beaucoup de logements qui se font, mais également beaucoup qui sont détruits tous les ans », poursuit-il de ce thème sensible dans la commune.

« Vos chiffres sont faux : ma fille attend depuis 6 ans pour un f2 ! », pointe une habitante manifestement agacée. « les délais concernent les gens qui ont des ressources qui rentrent dans les seuils, et sans demandes particulières (notamment en terme de localisation, Ndlr) », lui explique de ces délais minimaux l’adjoint à l’habitat. « Mais cela ne devrait plus trop tarder », poursuit-il dans une volonté d’apaisement. Avant d’embrayer sur la réduction continue de la quantité de logements que la mairie peut ­attribuer aux Nanterriens, à cause des refus de locataires potentiels.

« La ville compte 170 attributions de logements sociaux par an, mais il faut comprendre que lorsque quelqu’un refuse le logement que la mairie lui propose, nous perdons le logement en question, qui repart auprès de l’État ou d’un bailleur privé, détaille-t-il aussi de l’épineuse question des contingents revenant à chaque institution ou bailleur. Il y a 50 logements sur les 170 qui nous sont passés sous le nez comme ça l’année dernière. »

« Il y a une crise du logement devant nous, et les temps d’attente ne vont pas se réduire », prévient André Cassou (GRS), l’adjoint du maire de Nanterre à l’habitat.

La majorité se targue ce soir-là d’avoir « une politique très volontariste en matière d’habitat », alors que Nanterre compte environ 40 % de ménages avec de faibles ressources et 20 % de familles monoparentales. La mairie considère l’ancienneté comme « seul critère » pour l’attribution des logements sociaux, qui comprennent 40 % de petits logements (T1 et T2, Ndlr), 40 % de T3, et 20 % de grands logements (T4 et plus, Ndlr). Les grands logements demeurent la denrée la plus rare.

Enfin, face à cette mère de famille qui assure connaître « quelqu’un qui a obtenu un logement social en moins d’un an », l’adjoint André Cassou dément fermement. « Je vous le dis simplement : ce n’est pas possible, répond-il fermement. Et si vous la connaissez personnellement, venez m’en parler, parce que ce n’est pas ­normal ! »

Construction : les terrains de plus en plus chers, les loyers aussi

« Il y a des F3 qui se louent 800 euros par mois ! Comment vous expliquez que le prix du logement social se rapproche autant du marché classique ? », interroge une mère de famille à la réunion donnée au sujet du logement social par Nanterre d’avenir, l’association de la tête de liste PS aux élections municipales. « Les prix varient, plus le logement social est récent, plus il est cher », répond André Cassou (GRS), l’adjoint à l’habitat.

« Le foncier à Nanterre est devenu très cher, les propriétaires privés vendent leur terrain à 1 200 euros du mètre carré, développe-t-il. Lorsque nous faisons construire sur ces terrains, mécaniquement, les prix augmentent. » Alors, il reconnaît sans fard : « Plus ça va aller, et plus ce sera difficile pour les foyers les plus modestes. » En aparté, il confie également que ce renchérissement continuel des terrains cause des difficultés pour construire des logements sociaux.