En octobre dernier, la Fondation Abbé Pierre faisait un triste état des lieux du mal-logement en Île-de-France. Elle estime qu’avec 1,3 millions de personnes mal logées, « la crise du logement se renforce » dans la région. Selon la Fondation, 8 enfants de famille pauvres sur 10 vivent dans un logement surpeuplé, et les 2/3 des ménages en situation de « vulnérabilité énergétique » vivent sous le seuil de pauvreté. Sur son site internet, elle dénonce l’absence de « politique durable et suffisamment ­ambitieuse ».

Une crise contre laquelle la Ville de Nanterre se mobilise. Le 21 novembre dernier, elle partageait sur son site municipal un livret titré « En direct : Logement », dans lequel on découvre un message engagé. « Le Maire et l’équipe municipale de Nanterre s’adressent à vous aujourd’hui, dans un acte de vérité et de transparence. Avec une conviction : c’est par l’action collective et la solidarité que nous pourrons obtenir le respect d’un droit fondamental, celui de pouvoir se loger dignement. » La Ville reconnaît que, malgré ses efforts pour construire de nouveaux logements – la Mairie se targue d’être une des seules du département à le faire -, la situation est « de plus en plus ­tendue ».

Mais quel est le problème exactement ? Nanterre a décidé de démêler le vrai du faux. La Mairie constate dans son livret qu’il est « devenu quasiment impossible de trouver un logement abordable en Île-de-France ». La faute notamment aux prix des loyers dans le secteur privé, aux prix de vente qui ont augmenté de 25,9 % ces 5 dernières années, et à la pénurie de logements HLM. De plus, le délai d’attente pour se voir proposer un logement dans le parc social « est passé de 3 à 6 ans » à Nanterre. En raison de la crise du Covid-19, les demandeurs de logements HLM sont de plus en plus nombreux, alors que le nombre de logement a diminué : de 300 à 400 avant 2017, à 200 tout au plus en 2022. La Municipalité dénonce par ailleurs les 16 bailleurs sociaux, propriétaires des 20 000 HLM de la ville de Nanterre, qui refuseraient des demandeurs Nanterriens au profit de demandeurs d’autres communes.

Un autre problème majeur, les difficultés pour « obtenir une mutation quand on habite un logement HLM ». Avec un taux de mobilité en baisse, ce sont 200 logements HLM libérés en moins chaque année à Nanterre ! Pas assez de logements sociaux, pas assez de rotations… Et des appartements laissés vides plusieurs mois durant. La Municipalité reconnait qu’ils existent, le délai administratif incompressible, entre le départ d’un locataire et l’arrivée du nouveau, étant « d’un à deux mois, voire davantage ». Mais il est n’est pas rare à Nanterre qu’un appartement HLM reste vacant « de 2 à 6 mois, voire plus ». Pourtant, la Ville estime faire son maximum, et affirme même : « il n’y aurait pas de crise du logement en Île-de-France si toutes les communes franciliennes agissaient comme Nanterre ». Selon elle, plus de 50 communes sur les 131 de la Métropole du Grand Paris sont « hors-la-loi » puisqu’elles ne posséderaient pas les 25 % de logements HLM ­minimum exigé.

Côté subvention, Nanterre alloue annuellement en moyenne 1 million d’euros pour la construction de logements sociaux. C’est cette construction de nouveaux HLM qui serait, selon la Mairie, la solution à cette crise. Il faudrait « 30 % minimum de logements HLM dans toutes les constructions neuves », mais aussi généraliser les chartes promoteurs « avec des outils de limitation de prix » et développer le « dispositif de bail réel solidaire » (BRS). Ce dispositif est un bail de longue durée qui permet à « des organismes fonciers solidaires de distinguer le foncier (dont ils sont propriétaires), du bâti, et ainsi de céder des droits réels sur le bâti à des familles modestes, qui occuperont le logement à titre de résidence principale » (définition de outil2amenagement.cerema.fr).

Avec son livret « En direct : Logement », la Mairie de Nanterre invite ses habitants à se mobiliser « pour faire entendre l’exigence de logements abordables pour toutes et tous ». Un rassemblement est prévu le mardi 6 décembre, à 18 h 30, devant le ministère du logement, à Paris (20, avenue de Ségur, 75007). Un départ collectif est prévu de Nanterre, à 17 h 45, devant la gare RER Nanterre-Préfecture.