Dans le département, il y a d’un côté les habitants qui peinent parfois à finir les fins de mois et qui risquent, cet hiver, d’avoir du mal à se chauffer. D’un autre côté, les communes qui doivent aussi trouver le moyen de réduire leurs dépenses en cette période de crise énergétique. Et d’un autre côté encore, le quartier énergivore de la Défense… De nombreux fronts à couvrir pour atteindre la sobriété énergétique à l’échelle du département.

Justement, que font les Hauts-de-Seine dans ce domaine ? Le Département est en train d’investir massivement dans la rénovation de ses collèges publics, apprend-on sur le site www.hdsmag.hauts-de-seine.fr. L’objectif ? Faire passer, d’ici à 2024, les dépenses énergétiques de fonctionnement des collèges de 6,5 millions à 4,2 millions d’euros. Ainsi, « soixante-deux collèges bénéficient de deux premiers CPE (contrats de performance énergétique, Ndlr) pour 2018-2031, qui visent avant tout les systèmes de chauffage, d’éclairage ou encore de ventilation ».

Les entreprises et salariés de la Défense vont aussi devoir prendre le train de la sobriété énergétique. L’établissement public Paris La Défense (PLD), gestionnaire du quartier d’affaires et de ses bureaux, a annoncé le mercredi 21 octobre dernier vouloir baisser sa consommation électrique, dès cet hiver, de 15 %. Un projet ambitieux qui passe également par une transition énergétique des bâtiments. Un plan concernant les logements a été partagé par PLD dès le 22 septembre. Il rappelle que, sur le territoire de Paris Ouest La Défense, près de 70 % des logements appartiennent au parc collectif privé et 70 % de ces copropriétés datent d’avant 1990.

Sa « stratégie durable » est définie depuis 2019 autour du plan Climat Air Énergie. Il doit permettre « d’agir sur la maîtrise de l’énergie, la mobilité des habitants, l’aménagement durable du territoire et la consommation responsable des biens ». Tony Ferreira, directeur et conseiller à l’Agence locale de l’énergie et du climat (l’Alec, une association créée par POLD pour accompagner la rénovation énergétique des bâtiments, Ndlr), nous explique qu’à Paris Ouest La Défense, « neuf des onze villes s’engagent dans le processus de labellisation du territoire ». Il s’agit des communes de Courbevoie, Garches, la Garenne-Colombes, Levallois-Perret, Puteaux, Rueil-Malmaison, Saint-Cloud, Suresnes et Vaucresson. Le programme, lancé par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) et baptisé « Territoire engagée et transition écologique » regroupe deux labels : « Climat-air-énergie » et « Économie circulaire ».

Lorsque nous évoquons le quartier d’affaires et le challenge qu’il peut représenter pour le territoire, Tony Ferreira affirme : « Sur La Défense en tant que tel, c’est Paris La Défense qui gère tout ce qui est aménagement. Ce sont eux qui pilotent et il y a une vraie volonté d’améliorer au moins l’existant. » Paris La Défense et Pold partagent la même ambition : rendre leur territoire plus agréable à vivre. « C’est sûr que La Défense n’est pas connue pour être le quartier le plus vert et sobre… L’enjeu n’est pas de dire : « demain le quartier de La Défense sera un éco-quartier parfaitement neutre en carbone », mais d’en faire un quartier moins consommateur et plus agréable à vivre qu’il l’est aujourd’hui. Il y a une vraie volonté du territoire et des villes d’aller vers plus de sobriété. »

Et justement, côté villes du territoire, qu’elles sont les plus engagées vers la transition ? Tony Ferreira se refuse à les classer. Pour lui, « elles sont toutes engagées différemment, sur des thématiques différentes ». Rueil-Malmaison fait par exemple beaucoup « sur les questions de rénovation énergétiques, notamment de l’habitat privé ». En ce sens, la Ville a lancé l’année dernière son projet « GéoRueil ». L’objectif : alimenter 12 000 logements avec une énergie décarbonnée, grâce à la géothermie. Un projet à 71 millions d’euros dont les travaux, notamment la construction du réseau de chaleur, ont commencé début 2022. À Courbevoie, le patrimoine public est au cœur du projet de transition énergétique. D’ailleurs, dès le 6 juillet 2022, la Ville annonçait sur son site internet qu’une « quarantaine de fédérations de commerçants et distributeurs viennent d’annoncer leur souhait de réduire leur consommation », notamment en baissant le chauffage et en éteignant leurs enseignes dès la fermeture. Un effort auquel la Municipalité dit prendre « évidemment » part.

« Nanterre et Suresnes font des choses concernant la précarité énergétique », continue le directeur et conseiller à l’Alec. Ce qui n’empêche pas les habitants et commerçants de se pencher sur leur consommation personnelle. Le boulanger du Fournil Henri IV, à Suresnes, témoignait ainsi à TF1info en juillet. Il a pris les devants en remplaçant l’éclairage de sa boutique par des LED et en achetant un nouveau four moins gourmand en électricité. De son côté, Nanterre s’offusque. La Ville a annoncé le 4 octobre dernier dans un communiqué de presse, qu’elle « ne bénéficiera d’aucun soutien financier de l’État au motif que le budget national ne le permettrait pas ».

La Mairie a décidé de prendre plusieurs mesures « dès cet automne » pour tenter de préserver son porte-monnaie au maximum. Par exemple, cette année, il y aura moins d’illuminations de Noël. La Ville « s’apprête également à mettre en œuvre un Schéma Directeur des Énergies » et à « prendre en charge la totalité de l’augmentation du prix des denrées alimentaires […] sans la répercuter sur les tarifs de la restauration scolaire, ni sur les repas proposés aux seniors. »

Sur le site de Neuilly-sur-Seine, Thierry Hubert du Groupe « Neuilly, Ensemble pour l’Ecologie » a publié le 3 octobre une tribune intitulée : « Pour une sobriété énergétique heureuse à Neuilly ». Il estime qu’à l’échelle de la ville, « il revient au maire d’établir un programme de sobriété énergétique pour pouvoir passer l’hiver. » Mais que le entreprises et les familles ont aussi leur rôle à jouer, notamment concernant « la maîtrise du chauffage à moins de 19° et de l’éclairage, la réduction des déplacements en voiture et de l’usage de la messagerie électronique, au strict nécessaire ».

Quant aux engagements de la Ville de Puteaux vers une transition énergétique, l’éco-quartier des Bergères en est la vitrine.

Pour les Putéoliens, la Mairie rappelle sur son site l’existence d’aides proposées aux Franciliens par la Région et l’Ademe. À l’image du service France Rénov’, créé en janvier 2022, qui « facilitera la réalisation de travaux de rénovation globale et aidera à mobiliser tous les financements disponibles. » Quant aux engagements de la Ville vers une transition énergétique, l’éco-quartier des Bergères en est la vitrine. Parmi les 21 enjeux du projet, détaillé sur le site www.puteaux.fr, les n°18 fait écho à la crise actuelle, énergétique et climatique : « viser la sobriété énergétique et la diversification des sources au profit des énergies ­renouvelables et de ­récupération (­significatif) »

De son côté, la commune de Garches a signé son contrat de développement 2021-2023 avec le Département, en mars 2022. Dans le cadre de ce contrat, le terrain de foot de la ville a été rénové avec une pelouse synthétique l’année dernière. Le terrain de rugby de Vaucresson, qui appartient également au Haras Lupin, a reçu le même coup de neuf. Pour rappel, Vaucresson a été, dès 2013, la première ville à équiper 100 % de son éclairage public de LED télégérée. Autre ville précurseuse du Département en matière de développement durable : Levallois-Perret. Il y a plus de vingt ans, lors de la création de la ZAC Front de Seine, la Mairie a imposé aux aménageurs un système de chauffage par vapeur pour le réseau urbain. Depuis 2016, ce réseau intègre même plus de 50 % d’énergie renouvelable, « ce qui permet une baisse généralisée du coût pour les usagers », s’enthousiasme la Ville sur son site internet.

Saint-Cloud aussi a été précoce, en s’engageant « dans une démarche volontaire de réduction de son empreinte carbone » dès 2008, rappelle la Mairie. Elle a annoncé le 30 septembre dernier son plan d’économie d’énergie pour l’hiver 2022/2023. Au programme : sensibilisation aux écogestes, la chasse au gaspillage, adapter les températures des bâtiments publics… L’eau de la piscine municipale a été abaissée de 2°C dès le mois de mars 2022 ! Pour économiser encore plus, la Ville annonce éteindre les éclairages, entre 23 h et 7 h, de certains bâtiments publics de la c­ommune.

Enfin, la Garenne-Colombes a adopté un nouveau Plan Local d’Urbanisme (PLU), le 23 décembre 2021, suite à l’approbation par POLD d’une douzième modification. Un PLU qui promet « un aménagement durable et équilibré pour une ville harmonieuse et attractive. Des projets, il y en a sur tout le territoire et à plusieurs échelles. Tony Ferreira de l’Alec nous apprend d’ailleurs la création en cours « d’une expo sur la rénovation énergétique, pour aider à mobiliser et aider les particuliers à se tourner vers ça. » Elle devrait s’ouvrir au grand public à la fin de l’année. Autre action de sensibilisation prévue : un forum à destination des habitants du territoire, organisé à Rueil, « pour pouvoir parler rénovations énergétiques avec des professionnels ». À priori, la sobriété énergétique ne s’atteindra que si chacun y met du sien…

Des éco-gestes simples à adopter :

– Installer des ampoules LED
– Eteindre les appareils
– Purger les radiateurs
– Metrre un mousseur aux robinets
– Utiliser les programmes éco des appareils (ou laver son linge à basse température)
– Baisser la température chez soi de 1°C.

Crédits photo une : COCOPARISIENNE / PIXABAY