Panique au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre mardi 3 mars dernier. Après un verdict, un prévenu s’est volontairement fracassé la tête contre la vitre de protection du box des accusés. Jugé dans le cadre d’un renvoi de comparution immédiate, l’homme était en détention provisoire depuis son arrestation pour violences conjugales et violences. Au cours de l’audience, l’homme n’a cessé de nier les violences, contre sa femme et une amie qui lui étaient reprochées.

Malgré le témoignage poignant de sa compagne et les auditions accablantes de ses enfants, le prévenu n’a pas hésité à dénoncer des mensonges et assurer qu’il était lui aussi victime de violences. Mais c’est la fin de l’audience qui a pris une tournure inattendue. Accusé de menaces de mort après le verdict, l’homme a jeté sa tête contre la vitre de protection du box des accusés avant de s’effondrer.

« Vous leur avez fait un signe ! Une gorge tranchée », s’exclame le président de séance dans une salle d’audience du premier étage du tribunal de Nanterre. Il vient de condamner un mari violent à 18 mois de prison dont 16 avec sursis. L’homme doit donc être reconduit en prison pour quelques semaines de détention. Mais, il fait ce geste vers les victimes, que les magistrats et l’avocate des parties civiles remarquent et dénoncent aussitôt.

Alors que le juge demande au greffier à ce que l’incident soit inscrit dans la procédure, le prévenu fraîchement condamné tente de se justifier. Sujet à des problèmes de santé, il explique qu’il a fait ce geste par « peur de mourir en prison ». Mais le tribunal n’en fait rien. Alors, un bruit sourd retentit dans la salle où règne déjà un certain affolement. L’homme vient de se fracasser la tête contre la vitre de protection du box des accusés. Il s’effondre immédiatement, alors que les policiers chargés de le surveiller se précipitent sur lui.

Certains proches du prévenu partent alors en crises de larmes et d’hystérie, une ambiance rarement vue en audience. Sa compagne, déjà très affectée par l’audience, s’effondre et se met à hurler. Le public abasourdi est invité à quitter la salle alors que les agents de sécurité, huissiers et avocats tentent de calmer les proches de l’homme, qui lui est toujours au sol dans le box.

Finalement, les proches du prévenu sortent de la salle quelques dizaines de minutes plus tard. S’ils sont plus calmes, la tension est encore palpable. L’avocat du prévenu quant à lui se presse jusqu’au dépôt, où les prévenus condamnés à des peines de prison ferme sont emmenés, signe que l’homme a « simplement » été sonné par le choc.

En plus de sa peine de prison, dont il a déjà effectué une partie en détention provisoire, l’homme a l’interdiction de paraître au domicile familial de Villeneuve-la-Garenne et une obligation de soins. Il ne pourra pas non plus entrer en contact avec sa compagne et une amie de la famille, elle aussi agressée. Si sa femme, mère de ses trois jeunes enfants, a expliqué à la barre avoir été victime de violences « durant 15 ans », l’homme n’était jugé que pour des faits de janvier dernier. Pour les violences sur l’amie de la famille, les faits remontent au mois d’octobre.

À la barre, la compagne du prévenu était apparue très marquée par des années de maltraitance. Malgré tout, et bien qu’elle se soit portée partie civile, elle n’a demandé qu’un euro symbolique de dédommagement à l’homme qu’elle accusait de violences. En larmes, elle expliquait : « Je veux seulement qu’il se soigne. Je lui dis depuis longtemps, il a besoin d’aide ».

Lui par contre s’est montré plus vindicatif, n’hésitant pas à assurer qu’il était lui aussi victime de violences. « Il ne faut pas tout mettre sur son dos, a ainsi abondé son avocat. Si elle a été maltraitée pendant 20 ans, pourquoi est-elle toujours avec lui ? » Ces mots ont choqué le public tout comme l’avocate des victimes qui n’a pas hésité à le faire savoir.

Pourtant, deux des enfants du couple ont été entendus par la police. Durant leurs auditions, ils ont corroboré les dires de leur mère. « C’est très exagéré, je ne sais pas comment ils ont inventé ça », a estimé l’homme accusé de violences, du récit des enfants. Mais le tribunal n’a pas été sensible à ses justifications et à l’axe de défense choisi par son avocat.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE