Un trentenaire était jugé pour de multiples faits de vols mercredi 4 décembre au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Le jeune homme, qui sévissait principalement à Colombes et Bois-Colombes, a catégoriquement nié les 25 faits qui lui étaient reprochés. Tentant plusieurs axes de défense, plus ou moins convaincants, le prévenu a surtout assuré être la victime d’un complot monté de toute pièce par des policiers d’Argenteuil.

Cette hypothèse, reprise par son avocate, n’a visiblement pas convaincu le tribunal qui l’a finalement condamné à un an de prison ferme. Illégalement en France depuis plusieurs années, le trentenaire d’origine tunisienne a aussi été interdit de territoire durant dix ans. La mesure entrera en vigueur une fois la peine purgée.

« J’ai eu un différend avec des policiers à Argenteuil. Ils m’ont collé tous les faits sur le dos », explique le prévenu dans le box des accusés. Le trentenaire est jugé pour 24 faits de vol et une tentative à Colombes et Bois-Colombes. La présidente de séance, qui vient d’évoquer la seconde affaire remontant à décembre 2015, reste dubitative.

Encore une fois, et comme pour l’immense majorité des vols qui lui sont reprochés, « on a retrouvé votre sang », lui explique la magistrate. « Ce n’est pas la police d’Argenteuil qui fait les analyses ADN, assure-t-elle à celui qui jure que ce n’est pas son sang. C’est celle de Paris, et ils ne vous connaissent pas. » Mais le prévenu, actuellement détenu à Osny (Val d’Oise) pour une autre affaire, n’en démord pas et continue de clamer son innocence.

« Comment cela se fait qu’il y ait autant de sang sur autant de scènes ? », se demande quant à elle l’avocate de la défense. « Soit il n’est particulièrement pas doué, soit c’est quelqu’un qui les a mises là », suppose-t-elle encore. Elle s’inquiète en fait de ne voir qu’une seule trace à chaque endroit où des vols ont été commis : « D’habitude, quand quelqu’un saigne, il y a des gouttes ailleurs ».

Mais l’audience se poursuit, les faits se succèdent, se ressemblent et le prévenu continue de clamer son innocence. Seulement deux victimes sont présentes dans la salle. L’une d’elles a vu deux de ses voitures endommagées. Le suspect lui a aussi volé des lunettes. La seconde semble encore très touchée. « La pauvre, elle est sensible », déclare d’ailleurs la présidente alors que la partie civile refuse de parler à la barre, les larmes aux yeux. La magistrate lit alors ce que la quinquagénaire a expliqué aux policiers : le suspect lui a volé « un allume-cigare, des courses et un chargeur ».

Encore une fois, le prévenu nie les faits. « Je ne devrais même pas être à votre audience, assure-t-il à la magistrate. Je suis malade du Sida et il me faut des médicaments. » À ces mots, la partie civile fond en larmes. La présidente, elle, ne paraît pas émue. « Ça ne vous empêche pas d’être ici », lâche-t-elle.

L’avocate du prévenu, qui ne rejette pas totalement la thèse du complot, ne suit pas son client dans ce nouvel axe de défense. « Je ne le crois pas, confie-t-elle. En France, on ne laisserait jamais quelqu’un avec une telle maladie sans médicaments ». Pour les autres faits de vol, le prévenu n’évoque plus le Sida et continue par contre de nier catégoriquement tous les faits. Il s’épanche aussi à nouveau sur ces policiers d’Argenteuil qui lui en voudraient.

La présidente, quant à elle, évoque maintenant la personnalité du trentenaire. Détenu pour une affaire de vol avec effraction, il devrait « sortir de prison en janvier 2020 ». Connu sous deux alias, il est aussi illégalement sur le sol français depuis plusieurs années. « On vous a déjà proposé de repartir ? », lui demande la magistrate qui se voit répondre qu’il voudrait s’installer en Italie. « Ce sera le problème des Italiens », souffle-t-elle.

La procureure, lors de ses réquisitions, revient sur l’hypothétique complot policier contre le prévenu, auquel elle ne semble apporter que très peu de crédit. « L’ADN est une preuve irréfutable et scientifique », lui indique-t-elle. Si elle requiert un an de prison ferme, elle demande la relaxe pour un des vols pour lequel « la culpabilité de monsieur n’est pas assez caractérisée ».

Finalement, le tribunal condamne le prévenu à un an de prison ferme avec maintien en détention. Il sera aussi interdit de territoire français durant dix années. « Si vous acceptez de repartir dans votre pays, vous pourrez repartir à mi-peine », lui fait savoir la présidente de séance alors qu’il se lève pour être à nouveau menotté et renvoyé en prison.

RAPPEL :
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE