Un trentenaire était jugé mercredi 13 novembre au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Trois personnes handicapées et un vieil homme de 99 ans l’accusaient de vols d’argent en liquide et de tentative de vol. Les faits, que le prévenu a niés en bloc, se sont déroulés le 10 et le 17 septembre à Meudon.

Bien qu’il plaidait non-coupable et que son avocate s’est évertuée à le faire relaxer, il a été condamné à de la prison ferme. Dans la salle, deux victimes handicapées étaient présentes et ont demandé des dommages-intérêts. Elles ont expliqué que le prévenu les avait attirées jusque dans sa voiture pour ensuite leur demander de l’argent.

« Je n’arrive pas à dormir », confie un homme d’une cinquantaine d’années qui fait partie des victimes. Agent territorial, il souffre de troubles psychiatriques suite à une carrière dans l’armée. À côté de lui, une autre personne handicapée qui explique que le prévenu a tenté de le voler alors qu’il rentrait chez lui avec sa compagne sous curatelle. Le trentenaire les a menacés et forcés à monter dans sa voiture, une Golf noire, avant de leur demander de l’argent.

« J’ai été obligé de lui mentir en disant que moi aussi, j’étais sous curatelle et que je n’avais pas de carte bleue », explique-t-il à la présidente de séance. « Je ne l’ai jamais vu », assure de son côté le prévenu. Pourtant, le premier le reconnaît formellement : « Je ne peux pas oublier. » L’ancien militaire quant à lui s’est fait dérober 70 euros une semaine plus tôt le 10 septembre.

Ce jour-là, alors qu’il s’apprête à prendre le bus, le prévenu l’alpague et l’attire dans sa Golf noire. Là, il lui assure que sa femme lui doit de l’argent. En le menaçant, il arrive alors à lui soutirer 70 euros. « Après, on a eu une grosse dispute avec ma femme », explique l’ancien militaire toujours très remonté contre le prévenu qu’il reconnaît formellement. « Je ne comprends pas, lance l’avocate de la défense. Pourquoi est-il monté dans la voiture ? »

De son côté, le prévenu jure à nouveau ne pas connaître le père de famille. « Il m’a fait un geste de la main pour que je l’amène en voiture, explique-t-il en laissant le tribunal dubitatif. Il a vu que ma voiture était en réserve alors il m’a donné 50 euros ». Étonnée, la présidente de séance lui lance, « C’est étrange, parce qu’il n’a pas beaucoup d’argent ce monsieur. »

Enfin, le prévenu nie aussi avoir dérobé 200 euros à un homme de 99 ans sur un parking. Le 17 septembre, des caméras de vidéosurveillance le filment en train de bloquer la voiture du vieil homme. Il en descend et s’approche de lui. Selon la victime, qui n’a pas pu reconnaître l’agresseur présumé à cause de son grand âge, le prévenu se serait d’abord fait passer pour un policier avant de lui soutirer 10 euros puis tous les billets qui se trouvaient dans la poche arrière de son pantalon.

Le vieil homme s’en sort « avec un gros hématome à la main », illustre la présidente devant le prévenu qui continue à nier les faits. « Je remarque qu’à chaque fois, ce sont des personnes fragiles », constate la présidente. Le nonagénaire n’est pas présent à l’audience à Nanterre, s’il se porte partie civile, il ne demande pas non plus de dommages-intérêts. « Les témoignages sont convergents, indique le procureur. Il repère des gens qui sont vulnérables. » Finalement, il requiert un an de prison et une interdiction de paraître à Meudon.

L’avocate de la défense s’emporte elle contre les parties civiles : les deux hommes présents demandent 2 000 et 3 000 euros de réparation. « Les dommages-intérêts sont exorbitants et pas du tout justifiés », dénonce-t-elle en plaidant pour la relaxe de son client. « Toute cette histoire n’est pas claire », assure-t-elle en expliquant que les caméras de vidéosurveillance l’ont filmé avec les victimes présumées, mais aucune agression n’a pu être repérée.

Après délibération, le tribunal suit les réquisitions du parquet. Le prévenu qui clamait son innocence ne pourra pas circuler dans Meudon durant deux ans après sa détention. Les deux victimes qui demandaient des dommages-intérêts recevront quant à elles 1 000 euros chacune en réparation du « choc traumatique » qu’elles ont vécu, comme le qualifiait le ­procureur.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE