Deux jeunes hommes ont été condamnés par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, vendredi 28 août dernier, pour une tentative de braquage avec violences perpétrée dans une bijouterie de Courbevoie en février dernier. S’ils niaient les faits, les deux amis, qui comparaissaient libres, n’ont pas réussi à convaincre le tribunal de leur innocence. Condamné à de la prison ferme, l’un d’eux a été menotté et emmené en prison sous les yeux de sa mère éplorée.

« Est-ce que je peux embrasser ma mère, demande le jeune homme affolé. Viens me faire un câlin. » La scène se déroule dans une salle d’audience du tribunal de Nanterre, un jeune homme de 20 ans vient d’apprendre qu’il allait être emmené en prison pour quatre mois. Sa mère dans le public tombe alors dans une crise de larmes déchirante. Il n’embrassera pas sa mère. Effondrée, elle est en effet obligée de sortir dans le couloir, ses cris résonnent alors que le prévenu est menotté.

Avec un ami, ils viennent d’écoper de 18 mois de prison dont 14 avec sursis pour la tentative de braquage avec violences d’une bijouterie de l’avenue Pasteur à Courbevoie, faits qui remontent à février dernier. Seule différence entre eux, lui est connu pour des délits alors qu’il était encore mineur. Il ne bénéficiera pas de l’aménagement de peine proposé à son complice âgé de 19 ans.

Le 28 février dernier, un bijoutier de Courbevoie entre dans sa boutique par la porte de service et est rapidement agressé par deux hommes cagoulés. L’un d’eux est armé, il entend : « C’est un braquage », avant d’être frappé à plusieurs reprises au visage. Il se verra prescrire trois jours d’incapacité totale de travail. Mais, l’homme se débat, il crie tellement que les braqueurs prennent la fuite sans rien emporter.

Sur place, « les enquêteurs ne vont pas trouver grand chose », constate le juge lors de l’audience. Mais, un détail va attirer leur attention , un scooter garé à proximité directe du magasin. Après vérification, ils s’aperçoivent qu’il est déclaré volé. A l’intérieur, ils retrouvent des clefs, des écouteurs et un pull Lacoste. Sur le deux-roues sont posés deux casques.

Une expertise ADN est menée, rien n’est trouvé sur les casques mais les empreintes du plus âgé des prévenus sont découvertes sur les autres objets. Un autre ADN est découvert, une enquête permet rapidement de déterminer que c’est celui d’un de ses amis, présent à ses côtés au tribunal vendredi 28 août.

« Peut-être voulaient-ils fuir après leur méfait », soupçonne le procureur qui souligne en plus que les deux jeunes hommes ont chacun été filmés à proximité des lieux la veille des faits, exactement à la même heure. « J’ai du mal à croire qu’un véhicule de fuite contienne autant d’effets personnels », rétorque quant à lui l’avocat du plus jeune des prévenus.

Le plus âgé reconnaît avoir trouvé le scooter, puis finalement l’avoir volé. Il n’apporte par contre aucune justification sur l’étrange absence d’ADN dans les casques. Ni sur la cause de la présence du deux-roues face à la bijouterie le jour de la tentative de braquage.

Même si les deux jeunes hommes nient catégoriquement les faits, se lançant parfois dans des explications bien peu crédibles, les soupçons qui pèsent sur eux sont lourds. Leurs téléphones respectifs, après avoir en même temps borné la veille à proximité de la boutique, sont éteints l’après-midi des faits. « La veille on est ensemble, et le lendemain les téléphones s’éteignent. L’un avec un problème de batterie et l’autre en mode avion , ça interpelle », leur lance le procureur.

Leurs comportements respectifs lors de leurs interpellations posent aussi question. « Tout s’est bien passé pour vous, ironise le juge en regardant le plus âgé des prévenus. Enfin, tout est relatif parce que les policiers ont quand même défoncé votre porte ». Quand au plus jeune des deux, il est arrêté par deux policiers restés devant son immeuble alors qu’il venait de sauter de la fenêtre de sa chambre.

Le témoignage du bijoutier, bien que légèrement changeant au cours du temps, peut-être à cause du choc éprouvé, est accablant pour les jeunes hommes. Sûr dès le début de l’enquête d’avoir eu affaire à de jeunes hommes, il reconnaît leurs statures et maintenant leurs voix. Pourtant, il disait jusque-là qu’ils ne lui avaient quasiment pas parlé lors des faits. « J’ai mis longtemps à m’en remettre, explique celui qui ne demande pas de dommages-intérêts. J’ai toujours peur que quelqu’un soit caché. »

En plus, le plus âgé des jeunes gens est déjà bien connu des services de police pour des délits lorsqu’il était mineur. « Le problème, c’est qu’il était sous le coup de trois contrôles judiciaires au moment des faits, s’agace le procureur. À un moment, ça sert la prison ». Estimant que la justice doit « aussi être ferme », il requiert 18 mois de prison aménageables, dont 12 avec sursis pour le plus jeune détenu.

Plus sévère avec le plus âgé, il requiert 18 mois de prison avec mandat de dépôt dont 12 avec sursis. Une obligation de travail et une interdiction d’entrer en contact avec la victime sont en outre requises pour les deux amis en plus d’une confiscation des scellés. Mais, le jeune homme ne se laisse pas abattre. Avant que le tribunal ne se retire, il prend la parole. « Toutes ces bêtises, c’était quand j’étais jeune, assure-t-il. Je travaille maintenant, j’ai été prolongé. »

Il faudra une heure au tribunal pour délibérer et choisir quelles peines, ou non, infliger aux deux jeunes hommes. Le plus âgé retrouve ses parents dans le couloir, tente de rassurer sa mère déjà fébrile en lui disant : « De toute façon si je vais en prison, c’est que quatre mois, ça va. » Mais lorsque le verdict tombe et que sa mère s’effondre, lui aussi devient blême alors qu’il comprend qu’il dormira en prison le soir-même.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ARCHIVE / LA GAZETTE DE LA DEFENSE