Deux jeunes hommes parisiens ont été condamnés pour des faits de vol avec violences par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, mercredi 2 septembre. Ils étaient accusés d’avoir dérobé une montre de la marque Rolex à un habitant de Levallois-Perret, au début du mois de janvier dernier. Leur mode opératoire a particulièrement été discuté lors de l’audience. Les deux jeunes avaient en effet repéré leur victime quelques minutes avant les faits à la caisse du restaurant McDonald’s de la porte de Champerret, dans le 17e arrondissement de Paris.

« D’habitude, quand je fais une bêtise, j’assume. Si là j’avais fait quelque chose, j’aurais assumé aussi », assure l’un des jeunes hommes à la barre. Âgé de 18 ans, il nie les faits en bloc tout comme son camarade à côté de lui. Contrairement à son ami cependant, il avoue avoir été présent au McDonald’s le 5 janvier dernier. Il explique d’ailleurs être un grand habitué des lieux.

« Dans cette affaire, on a beaucoup utilisé la vidéosurveillance », souligne pourtant la juge en regardant les multiples photos extraites pour les besoins de l’enquête. « Il y a 16 caméras rien que dans le McDonald’s », s’agace-t-elle alors que le second jeune homme persiste à dire qu’il n’était pas dans le restaurant de la porte de Champerret ce soir-là.

Pourtant, il y est filmé, accompagné par d’autres jeunes hommes, eux aussi bien connus des services de police. Le petit groupe consomme des boissons dans le restaurant, lorsque la victime entre à son tour dans le McDonald’s et passe une commande en caisse. À sa main droite, une Rolex achetée 10 000 francs il y a quelques années.

Alors que l’homme ressort du restaurant, « un individu lui emboîte le pas », indique la présidente du tribunal, les yeux rivés sur les photos tirées des caméras de vidéosurveillance. Deux autres jeunes hommes suivront le premier à l’extérieur, la suite de leur route est plus floue. Ils sont bien filmés dans la rue par des dispositifs de vidéoprotection, mais toutes les voies n’en sont pas équipées.

Une chose est sûre, quelques minutes après l’homme est agressé alors qu’il rentre chez lui à Levallois-Perret. « La victime a été étranglée par derrière », illustre le procureur. Selon les dires de la victime, trop effrayée pour être présente à l’audience, un autre jeune homme a profité qu’il soit immobilisé pour lui dérober sa montre avant de fuir en courant. Un témoin, qui passait dans la rue à ce moment-là, indique même aux enquêteurs avoir vu les deux agresseurs rejoindre un autre jeune homme, un peu plus loin.

Mais les deux accusés assurent être simplement sortis pour se promener avant de rentrer chez eux. « On se moque vraiment du monde », s’agace la procureure lors de son réquisitoire. Elle souligne d’ailleurs que les deux amis qui comparaissent dans le box des accusés ont déjà été condamnés pour vol en réunion et avec violences après avoir dérobé une montre Rolex à un cycliste en septembre 2019.

« Le mode opératoire est extrêmement désagréable », tempête la procureure alors que la juge de son côté, constate que l’un des deux jeunes, âgé de 20 ans, a déjà un casier judiciaire bien rempli. « Vous n’êtes pas arrivé en France il y a longtemps, mais vous avez été rapidement efficace », ironise-t-elle. Le casier du plus jeune ne comporte qu’une mention, pour le vol d’une sacoche Gucci.

Mais les avocates des deux jeunes pointent du doigt les doutes qui subsistent autour des faits. « Que s’est-il passé côté Levallois où il n’y a pas de caméras ? », interroge la première. « Il n’y a pas de preuves certaines que ce soit l’un ou l’autre qui ait commis ce délit », abonde l’autre. Mais leurs antécédents et le déroulé des faits, raconté par la victime, le témoin, le tout illustré par les images de vidéosurveillance, semblent laisser le tribunal très perplexe.

Finalement, le tribunal suit les réquisitions de la procureure. Le plus jeune des deux, au casier judiciaire bien moins rempli, écope de huit mois de prison ferme. Son camarade, déjà condamné pour des vols, du trafic de stupéfiants mais aussi des violences, est, quant à lui, condamné à dix mois de prison.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE