Un affrontement a éclaté jeudi 17 octobre au matin face à l’université Paris Nanterre, entre des militants de syndicats différents : l’Union nationale des étudiants de France (l’Unef, ancré à gauche, Ndlr), et La Cocarde, tout nouveau syndicat étudiant très à droite. Les violences ont éclaté le jour des élections de la communauté d’universités et d’établissements (Comue), pour lesquels ces deux syndicats étaient les seuls candidats.

Munis de matraques télescopiques ou encore de gazeuses, des étudiants se sont ainsi fait face, entre la gare RER Nanterre – université et l’entrée de la fac. Au moins trois personnes auraient été blessées et des dizaines de membres des forces de l’ordre, principalement des CRS, se sont rendus sur place. Les élections ont tout de même pu avoir lieu. Fait particulièrement notable : la Cocarde a fait son entrée à la Comue en remportant 20 % des voix, loin derrière l’Unef cependant.

« On avait eu au préalable des menaces de militants de l’Unef qui nous avaient dit qu’ils nous attendraient », dénonce un membre de la Cocarde présent ce matin-là pour distribuer des tracts à la sortie de la gare (et qui préfère rester anonyme, Ndlr). « On est venu un peu nombreux parce qu’on avait prévu le coup », explique l’étudiant en droit, membre du syndicat créé il y a quelques mois.

« De 7 h 30 à 9 h, il n’y avait que l’Unef qui tractait, explique Imane Oueladj, présidente de l’Unef à Nanterre. Ils sont arrivés à une dizaine ou une vingtaine à 9 h ». L’inter-organisation de gauche, rassemblant le NPA et la Fédération syndicale étudiante (FSE), s’est joint à eux afin de distribuer des tracts « pour expliquer aux étudiants ce que c’est que la Cocarde », c’est-à-dire un syndicat d’extrême-droite, poursuit la syndicaliste.

« On a entendu des clameurs qui arrivaient du campus, explique de son côté le militant de la Cocarde. On s’est rassemblé pour faire effet de groupe et on a eu une charge d’antifas. » Selon lui, ils « étaient extrêmement virulents, tout en noir, cagoulés pour certains, avec des gants coqués, beaucoup de gazeuses et une matraque télescopique ».

« Un escadron de CRS » a été mobilisé suite à l’affrontement, selon le jeune homme. Plusieurs blessures ont été dénombrées dans les deux camps. Un « personnel administratif » a en plus été pris en charge par les pompiers, d’après la direction de l’université. Jeudi, quelques heures après l’affrontement, aucune plainte n’avait été déposée.

Les élections se sont déroulées malgré ces vives tensions entre les deux syndicats étudiants ayant présenté des listes. L’Unef, qui a mené une campagne clairement tournée vers la lutte « contre l’extrême-droite », espérait mobiliser assez pour faire barrage à la Cocarde, même si le scrutin est rarement suivi par les étudiants dans cette université ancrée à gauche. Pour la Cocarde, active à Nanterre depuis seulement quelques mois, les espérances étaient minces.

« Je ne m’attends pas à des merveilles », confiait ainsi un de ses membres au jour de l’élection, en dénonçant aussi la « diabolisation » dont était victime l’organisation. La Cocarde a largement milité pour la sélection à l’entrée à l’université, et la « fin des blocages » qui émaillent régulièrement la vie de la fac. Le site internet du syndicat révèle cependant des idéaux bien plus clivants. Il y est par exemple évoqué « l’ensauvagement de la société », terme particulièrement cher aux milieux d’extrême-droite.

Finalement, le syndicat de gauche a rassemblé 80 % des votants. La Cocarde, quant à elle, entre au conseil de la Comue en réalisant un score inespéré de 20 %, soit une petite révolution dans cette fac autrefois surnommée « Nanterre la rouge ». Les deux organisations, qui se sont déjà affrontées physiquement à plusieurs reprises depuis la rentrée, vont donc devoir aussi se combattre sur le terrain des idées, notamment lors des élections générales de l’université, prévues dans quelques mois.