Mardi 30 octobre dernier, une file de taxis stationne devant la gare du Cnit, jusqu’à l’entrée du sous-sol de la dalle. Il pleut, les chauffeurs restent au chaud dans leur véhicule. Certains attendent jusqu’à une heure. Mais s’ils sont là, et s’ils reviennent, c’est pour une bonne raison : la Défense reste une valeur sûre pour eux. Le quatier d’affaires permet de transporter une dizaine de clients chaque jour, avec un minimum au compteur qui oscille entre 20 et 40 euros pour rejoindre le centre de Paris, destination phare des trajets.

La Défense abrite 180 000 salariés et draine un nombre important de touristes, mais possède une seule véritable gare de taxis, située au pied de la Grande arche. Les autres points de rendez-vous peuvent également se faire de manière plus informelle au pied des tours, et à certains emplacements dédiés sur les voies de circulation en sous-sol, comme vers l’esplanade de la Défense, entre autres.

« Je viens deux à trois fois par semaine », indique Mehdi, interrogé lors de sa pause déjeuner. Parmi les chauffeurs interrogés, certains ne viennent que ponctuellement, mais la majorité des chauffeurs revient minimum deux fois dans la semaine. « Certains viennent même plus souvent, c’est un peu leur marché préféré », pointe Amine, stationné un peu plus loin. En pleines vacances de la Toussaint, les clients ne s’amassent pas, mais les plus courageux bravent la pluie pour se réfugier dans l’antre tiède des taxis.

En pleines vacances de la Toussaint, les clients ne s’amassent pas, mais les plus courageux bravent la pluie pour se réfugier dans l’antre tiède des taxis.

« Je le prend exclusivement quand il pleut », déclare un trentenaire en s’engouffrant dans l’habitacle d’Amine. Si la Défense fidélise les taxis, c’est que le quartier assure une clientèle minimum, avec un montant minimum. « Pour une journée type, je transporte environ une dizaine de clients, informe Mehdi. La plupart se rendent à Paris, il y a quelques trajets pour les aéroports, mais le gros du chiffre d’affaires se cantonne à Paris. »

Les chauffeurs sont donc assurés d’un cachet de minimum 15 euros pour les arrondissements limitrophes à la Défense, de 20 à 40 euros pour le reste de Paris, et jusqu’à 70 euros en moyenne pour l’aéroport Roissy – Charles de Gaulle. « Nos clients sont le plus souvent des cadres, indique George, la cinquantaine, croisé dans la file d’attente. Le rush à lieu entre midi et deux, et puis le soir, après le travail, à partir de 17 h. Certains travaillent jusqu’à tard, donc on peut faire des nocturnes aussi : généralement, le trajet est remboursé aux salariés après 22 h. »

« Il y a aussi une clientèle de touristes, ajoute Mehdi. Eux, ils viennent plus le matin, où alors on va les chercher aux hôtels de la Défense. » Mais le gros du business reste constitué du monde corporate : « On va dire que les clients sont souvent des directeurs, ou cadres, ou des hommes d’affaires qui ont un rendez-vous ici, énumère Mohammed, le voisin de stationnement de Mehdi. On revient régulièrement, aussi parce que la clientèle est assez aisée. »

« L’accès à la gare du Cnit est le plus simple, sinon, on récupère les clients dans les voies en sous-sol, explique-t-il des autres points de rencontre entre clients et chauffeurs. Pour les débutants, c’est assez galère parce qu’on ne capte pas, et le GPS ne fonctionne pas toujours. Mais avec l’expérience, on s’y habitue. » Quant aux chauffeurs des applications de transport comme Uber, ils sont obligés de transiter par les sous-sol pour venir chercher leur clients : la gare du Cnit est réservée aux seuls taxis. « Ils nous enquiquinent partout, plaisante Mohammed. Ici, comme dans Paris. »