L’arrivée depuis le pont de Neuilly sur le tunnel de La Défense et la bifurcation vers le boulevard circulaire est souvent mouvementée pour les automobilistes. Cela est dû à la présence de nombreux autocars, taxis et voitures de transport avec chauffeur (VTC) aux abords des hôtels. Les véhicules cherchent à se ranger dans la gare routière et les parkings souterrains d’Ibis, de Novotel, de Fraser suites et de Citadines.

La gare routière, voie d’accès à ces hôtels serait donc le jeu d’une guerre de territoire entre taxis, bus et VTC. Une situation ubuesque qui a poussé l’établissement gestionnaire du quartier d’affaires, Paris La Défense à trancher. La gare de taxi devant les établissements hôteliers sera supprimée sans donner de calendrier précis.

Vendredi 15 novembre 2019, à 9 h 20, la circulation depuis le pont de Neuilly vers le tunnel de La Défense et le boulevard circulaire est dense. Les automobilistes avancent au ralenti. Au sein de la gare routière Seine, un bus stationne devant le Novotel, deux taxis sont en attente de clients dans la file qui leur est dédiée et les VTC se succèdent dans un ballet régulier récupérant les clients des quatre hôtels et des travailleurs du quartier descendus de la dalle.

Ce matin-là, ce sont les chauffeurs VTC qui enchaînent les courses devant les hôtels, et les coups de klaxons sont nombreux car la place manque. Un chauffeur de taxi prend alors l’allée de desserte à contresens, effectue ensuite une marche arrière hasardeuse pour pouvoir s’insérer dans la voie qui lui est allouée.

Une situation qui inquiète les habitants du quartier Saisons, dont la circulation en voiture est impactée au quotidien. « Les bus des hôtels Seine sont garés n’importe comment, que ce soit sur une voie en dessous vers le Tunnel de la Défense ou sur le boulevard circulaire, déplore une habitante, lors d’une réunion publique organisée par Paris La Défense le 8 octobre dernier. Ce sont de vrais dangers publics et lorsqu’ils vont écraser quatre ou cinq personnes, là on va s’en émouvoir ».

Si les habitants du quartier Saisons se plaignent des bus et du danger qu’ils représentent pour les piétons, les hôteliers, quant à eux, pointent du doigt les taxis.

Les chauffeurs de taxis, eux, estiment que les bus font avec les moyens qui leur sont donnés. « Le vrai problème, c’est qu’il n’y a pas assez de place pour les bus qui desservent l’hôtel », regrette Fred, taxi depuis 9 ans, stationné dans la gare ce jour-là. « La dernière fois, il y avait cinq bus présents pour les hôtels : il y en avait deux sur l’axe de droite, et même un sur l’emplacement taxi, décrit son collègue Amine, cinq ans de métier au compteur. Les deux derniers étaient à droite du tunnel. »

Si les habitants du quartier Saisons se plaignent des bus et du danger qu’ils représentent pour les piétons, les hôteliers, quant à eux, pointent du doigt les taxis. « Pas de problème avec les bus, mais bien avec les taxis, explique Marie Bouygues, directrice adjointe du Fraser suites. Nos clients ne peuvent pas avoir un taxi, car ces derniers n’acceptent que les personnes qui vont aux aéroports. »

Un problème qui vaudrait également pour les hôtels voisins. « Nous passons par des VTC pour transporter nos clients, détaille ainsi la responsable hôtelière. Cela en est à un tel point de crispations que les taxis bloquent délibérément le passage. »

Les taxis empêcheraient ainsi les VTC d’accéder à la voie, les clients aux parkings et les bus au parking qui leur est dédié au Novotel. « Depuis 15 ans, nous avons multiplié les plaintes auprès de la police des taxis, de la préfecture et de Paris La Défense, énumère-t-elle. Nous sommes un établissementcinq étoiles, et nous avons une forte odeur d’urine dans les environs, car les taxis sont sans gêne. »

Si tout le monde se rejette la faute, Paris La Défense a décidé de trancher. La file dédiée aux taxis va disparaître, a annoncé le représentant de Paris La Défense le soir de la réunion, tout en promettant aux riverains du quartier Saisons « de voir avec les hôtels pour gérer ce flux de bus. » Il ajoute par ailleurs que l’établissement public va également « traiter les plaintes qu’on a reçu concernant les taxis. »

Vendredi dernier, le chauffeur de bus stationné devant le Novotel, lui est résigné. « On fait au mieux, mais c’est clair que ce n’est pas l’endroit le plus adapté aux bus. » Fred, le chauffeur de taxi, ne semble pas d’accord avec la décision de Paris La Défense. « Je sais qu’ils veulent retirer cette station de taxi, et c’est une connerie, estime-t-il. Nous sommes dans notre coin, on ne gêne pas. »