Le Département des Hauts-de-Seine souhaite lancer, dans les prochaines années, un grand projet de réaménagement du boulevard circulaire, mis en service en 1971.
Le boulevard circulaire, qui entoure le quartier d’affaires de la Défense, est aussi connu sous le nom de RD 993. Il est désormais appelé boulevard Patrick Devedjian en hommage à l’ancien président du Département, décédé il y a deux ans du Covid.

Ce projet d’aménagement, qui prendra plusieurs années, devrait permettre de créer « un boulevard urbain partagé » et d’améliorer le partage des voies entre les automobilistes, les cyclistes et les piétons. Des aménagements qui auront des incidences sur les trois villes par lesquelles passe le boulevard Patrick Devedjian : Courbevoie, Nanterre et Puteaux. et qui permettront de rejoindre plus facilement le coeur du quartier d’affaires.

Le Département et les Villes impliquées dans le projet ont ouvert « une concertation publique préalable à l’aménagement » avant de lancer les premières études de faisabilité et l’enquête publique. Deux réunions ont été organisées à Nanterre, puis à Courbevoie le 31 mars 2022, pour présenter les grandes lignes du projet et échanger avec les riverains et utilisateurs de cet axe routier.

Depuis le 7 mars dernier, le Département des Hauts-de-Seine et ses partenaires, ont lancé une concertation publique qui sera clôturée le 6 avril prochain (voir notre édition du mercredi 9 mars 2022) autour du réaménagement du boulevard circulaire. C’est au cours de cette concertation, qu’ont été organisées deux réunions publiques, la première avait lieu à Nanterre le 22 mars et la seconde à Courbevoie le 31 mars.

Ce soir-là, l’adjointe au maire de Courbevoie et conseillère départementale, Nathalie Lederman, était présente et expliquait au début de la réunion aux personnes présentes : « Le Département a pour ambition de réaménager le boulevard et a travaillé sur un projet qui va vous être présenté ce soir. »

Et d’indiquer ensuite le but de la réunion : « L’idée est déjà que vous puissiez vous imprégner de ce qui a été réfléchi et qui va vous être montré . Et que derrière vous puissiez donner votre avis, vraiment de la manière la plus constructive possible, en expliquant ce qui vous convient, ce qui ne vous convient pas, si vous avez des idées… »

Lors de la réunion, pour débuter la présentation du projet, Charles Chemama, directeur adjoint des mobilités pour le Département des Hauts-de-Seine reviendra sur l’histoire du boulevard circulaire. Imaginé dès 1964 pour organiser les déplacements et favoriser le développement du quartier d’affaires, il a été mis en circulation en 1971.

Le dossier de concertation préalable indique ainsi qu’à l’époque : « Le boulevard dit circulaire est conçu comme une autoroute à sens unique de quatre à six voies pour le transit entre Paris et l’Ouest francilien en desservant le quartier d’affaires. » Quelques années plus tard, en 1996, l’autoroute A 14 est mise en service et va, selon Charles Chemama « considérablement changer les fonctions du boulevard circulaire ».

Sur le secteur Pont de Neuilly-Avenue Gambetta, un passage piéton sera crée, des arbres seront plantés, les trottoirs seront élargis et le Département créera des stationnements, en plus d’une piste bidirectionnelle.

Le trafic sera moins dense et le boulevard aura une nouvelle « fonction de desserte locale du quartier d’affaires et des quartiers limitrophes. » Le boulevard circulaire intègre, en 2017, le domaine public routier départemental et est alors renommé, comme le rappelle Charles Chemama la RD 993.

Des phases de travaux ou d’aménagements ont déjà été organisées depuis 40 ans, notamment dans les années 2000 sur l’axe Pont de Neuilly-avenue Gambetta à Courbevoie. En 2019, le Département a également lancé un « appel à projets pour une nouvelle route durable et connectée : le RD 993 Lab », (voir notre édition du mercredi 19 mai 2021). Enfin, en 2021, le boulevard circulaire a changé de nom, il est devenu le boulevard Patrick Devedjian, en hommage à l’ancien président du département des Hauts-de-Seine, décédé en 2020 du Covid (voir notre édition du 2 septembre 2020).

Le projet de rénovation et de réaménagement du boulevard concerne désormais, selon le directeur des mobilités, « l’ensemble du boulevard circulaire, […] mais aussi certaines parties de voies attenantes », les RD 29, 914 et 23 et aura pour « vocation à accueillir à la fois les usages quotidiens urbains et des usages spécifiques au quartier d’affaires. » Constitué à 50 % d’ouvrages d’art (construction importante permettant de franchir des axes routiers ou de faire la transition entre plusieurs modes de transports, Ndlr), le projet autour du boulevard circulaire représente 6,7 km de voiries rénovées, sur un axe qui accueillait avant la crise sanitaire, en moyenne, 30 000 véhicules par jour.

Habitants, responsables d’associations et élus de la Ville pointeront rapidement du doigt plusieurs difficultés sur le boulevard circulaire, concernant les mobilités douces, les difficultés de signalisation et de déplacements pour les piétons ou encore les zones accidentogènes. Charles Chemama le décrira même comme « une barrière infranchissable », avec une absence « de circulation douce », à l’exception des pistes cyclables temporaires installées durant la crise sanitaire. Il poursuivra en indiquant qu’il reste « un axe performant » mais « inadapté au quartier d’affaires » et aux villes qu’il traverse.

Quatre principes ont été définis pour l’aménagement, soumis à la concertation publiqur : valoriser la notion de quartier, la mobilité douce pour tous au même niveau, construire un boulevard support de paysages et de biodiversité et enfin, révéler les potentiels de transformation. Des principes qui s’accompagnent de quatre objectifs : une circulation apaisée, un boulevard pour tous, un cadre de vie amélioré, un boulevard ouvert sur la ville.

Pour assurer « une circulation apaisée », plusieurs axes de travail seront entrepris, comme le souligne le dossier de concertation. Le Département souhaite optimiser « la place laissée au flux automobile », en réduisant « la place de l’automobile dans l’espace public » et en portant « une attention particulière aux accès parkings et voies de livraison du quartier d’affaires ».

Lors de la réunion publique, les responsables du projet détailleront les différents aménagements pour les six portions.

17 carrefours seront réaménagés, alors qu’ils favorisent déjà « la traversée du boulevard et sont de véritables connecteurs urbains entre l’Esplanade, le boulevard et les centres-villes alentours ». Grâce aux nouveaux carrefours : « Ces intersections permettront plus de souplesse dans les changements de modes de transports. »

Une place plus importante sera laissée à la végétation avec « trois fois plus d’espaces verts » et « plus de 500 arbres plantés ». Les modes de déplacements doux seront favorisés avec des pistes cyclables tout le long du boulevard, dans les deux sens. En tout, sont concernés 5,6 km « d’itinéraires cyclables aménagés ou pérennisés ». Concernant les piétons, alors qu’il existe aujourd’hui sept passages sur le boulevard, ce nombre doublera.

Lors de la réunion publique, les responsables du projet détailleront les différents aménagements pour les six portions. Sur le secteur Pont de Neuilly-Avenue Gambetta, un passage piéton sera créé, des arbres seront plantés, les trottoirs seront élargis et le Département créera des stationnements, en plus d’une piste bidirectionnelle.

Sur le secteur allant de l’avenue Gambetta à l’avenue de la Division Leclerc, le Département prévoit : « trottoirs confortables, des plantations d’arbres, une sécurisation des traversées en surface, une connexion cyclable performante ». Sur le secteur allant ensuite jusqu’aux 4 Temps, ce sont six nouvelles traversées piétonnes qui seront aménagées, créant un nouveau point d’entrée vers l’Esplanade de la Défense.

Le secteur du Croissant à Nanterre, dont le quartier est en pleine mutation, bénéficiera de fortes transformations avec « un environnement totalement reconfiguré ». Les nouveaux aménagements visent à réduire les nuisances sonores liées au trafic sur le boulevard Patrick Devedjian. Sur les voies attenantes : « La sortie de l’A14 et la RD 914 se rejoignent à l’angle du boulevard Aimé-Césaire et de la rue des Coudraies, empruntent le boulevard des Bouvets, dont le sens de circulation est inversé par rapport à aujourd’hui, et rejoignent le boulevard Patrick-Devedjian, en amont de la jonction actuelle. Le sens de circulation des voiries avoisinantes en est modifié. »

Entre les 4 Temps et la rue Jean Moulin, trois nouveaux passages piéton seront créés et la continuité cyclable sera renforcée. « Sur cette section en particulier, le projet atténuera le fort ressenti du “tout voiture” ». Enfin pour le retour jusqu’au Pont de Neuilly, il est expliqué : « Surélevée, cette partie du boulevard constitue aujourd’hui un obstacle infranchissable. Le projet propose de supprimer plusieurs ouvrages d’art et de créer cinq passages piétons à niveau pour relier le quartier d’affaires aux habitations et services publics. »

Avant de débuter les travaux, de nombreuses étapes sont à venir. Suite à la concertation, le Département fera le bilan en fin d’année. Des études seront menées pour dresser les dossiers réglementaires jusqu’en 2024, avant l’enquête publique et l’avis de l’autorité environnementale qui seront rendus en 2024. Les travaux pourraient débuter dans le courant de l’année 2026, pour une durée prévisionnelle de huit ans et devraient représenter un budget de 180 millions d’euros pour le Département.

Pour participer à la concertation publique préalable à l’aménagement du boulevard circulaire, il est possible de laisser son avis sur le site internet dédié. « Les registres de concertation seront mis à disposition, aux heures d’ouverture des équipements, dans le hall de l’hôtel de ville de Courbevoie, à la mairie de quartier Parc sud à Nanterre au 118, avenue Pablo-Picasso, dans le hall de la mairie de Puteaux, à l’Espace info de Paris La Défense », précise le Département. Des panneaux d’informations ont également été installés dans les trois villes pour que les habitants puissent découvrir les grands axes d’aménagements qui sont prévus.

CREDITS PHOTOS : ARCHIVES/LA GAZETTE DE LA DEFENSE