La France est de nouveau confinée depuis le 30 octobre, bien que cette seconde période de confinement soit plus souple, les personnes les plus démunies en souffrent à nouveau. Comme en mars dernier, les associations se mobilisent et la Défense, qui abrite un fort tissu associatif, ne fait pas exception. Aide alimentaire, soutien psychologique, prise en charge sanitaire… les organisations du territoire, déjà rompues aux problématiques du confinement, sont d’une grande aide pour les plus fragiles.

Car en plus des personnes déjà isolées et en difficulté économique lors du premier confinement, s’ajoutent petit à petit d’autres, nouvellement dans le besoin, comme l’expliquent différents responsables associatifs. Si le confinement, devrait être allégé en plusieurs étapes dès le 1er décembre, le travail, souvent bénévole des nombreuses organisations non gouvernementales de la dalle, ne devrait pas se relâcher.

Les sans-abris des environs peuvent aussi compter sur l’entreprise solidaire OlaTaNea, fondée par une Courbevoisienne :« Le but c’est de faire des kits de survie pour les sans-abris ».

Partout dans les Hauts-de-Seine, « on a renforcé nos maraudes, et la Défense en fait partie, parce qu’il y a pas mal de sans-abris », explique Claude Girardi, président de la Croix Rouge du département. Les week-ends, les bénévoles sont ainsi sur le terrain pour apporter assistance aux personnes qui elles, ne sont pas confinées sous un toit.

« En plus des maraudes habituelles, on regarde aussi s’il y a des signes de Covid-19 chez les sans-abris. Pour le signaler et leur proposer de s’isoler, poursuit-il. On va leur prendre la température, regarder s’ils n’ont pas des maux de tête ou des courbatures inhabituelles. À ce moment-là, on va leur proposer d’aller au Cash 92 (Centre d’accueil et de soins hospitalier de Nanterre, Ndlr). »

Le centre d’accueil du Cash est par ailleurs renforcé grâce à des bénévoles. « Ils peuvent attendre les résultats du test et si le test est positif, il y a un second lieu où ils peuvent être isolés pendant deux semaines, pour ne pas être contaminants », illustre Claude Girardi qui ajoute, par ailleurs, que deux bénévoles de la Croix Rouge sont présents sur place 24 heures sur 24.

Les sans-abris des environs peuvent aussi compter sur l’entreprise solidaire OlaTaNea, créée par une Courbevoisienne durant le premier confinement. « Le but c’est de faire des kits de survie pour les sans-abris », explique Anne-Gabrielle Compagnon, la fondatrice. Elle se charge ensuite de distribuer ces kits d’hygiène et de premiers secours aux personnes démunies qu’elle croise. « La Défense est un endroit où il y a beaucoup de besoins », assure-t-elle. Sur le site de l’entreprise, olatanea.fr, trois types de kits, de 39 à 179 euros, sont disponibles : un kit hygiène féminine, un kit textile et premiers secours et un kit complet pour l’hiver.

Le Réseau Entourage est aussi mobilisé, comme au premier confinement. Alors que l’association avait repris les activités permettant l’entraide et le lien social de manière plus traditionnelle, tout en respectant les gestes barrières, depuis la fin du premier confinement, Entourage a dû retrouver ses outils mis en place au mois de mars dernier.

« Nous ce qu’on fait, c’est qu’on reste dans notre démarche de sensibilisation. On augmente la fréquence des ateliers en fonction des horaires des personnes qui travaillent pour qu’elles puissent y participer », explique Flavie Lizon au Cire. Une heure de visio-conférence ouverte à tous est ainsi proposée.

Le Réseau Entourage poursuit aussi le projet Bonnes ondes, mis en place pendant le premier confinement (voir édition du 1er octobre dernier). « Ça permet de mettre en contact des équipes de trois ou quatre personnes, dont une qui fait la demande d’être entourée, avec les autres personnes qui appellent régulièrement, illustre Flavie Lizon au Cire. C’est dans une optique que chacun puisse passer un bon moment, prendre des nouvelles et instaurer une nouvelle relation qui pourquoi pas pourrait déboucher sur une rencontre. »

« On a étendu la période d’ouverture pour qu’il n’y ait pas plus de cinq personnes en même temps dans l’espace libre-service », explique Jean-Yves Quilin, président de l’épicerie solidaire.

Dans la lutte contre l’isolement, le Clic (Centre local d’information et de coordination) de Nanterre, poursuit aussi sa mission auprès des seniors de la commune. Comme l’expliquait Ahlem Maamer, responsable du Clic, dans l’édition du 11 novembre dernier, l’organisme a pour but de soutenir les plus âgés et leur famille, pour pouvoir les maintenir à domicile. Suivant des cas parfois complexes, le Clic propose par exemple un service de courses à domicile ou encore d’aide administrative. Les périodes de confinement sont de vrais défis pour le personnel qui doit soutenir des personnes parfois très anxieuses et isolées.

L’aide alimentaire est aussi au cœur de l’activité de plusieurs associations comme celle du pôle social de l’Institut Ibn Badis, à Nanterre. Un dimanche sur deux, une distribution de denrées alimentaires est organisée en faveur des ménages les plus fragiles inscrits auprès du pôle social. « On accepte tout le monde. Musulmans ou pas, ça n’a pas d’importance, on est là pour aider », soulignait d’ailleurs le responsable du pôle social à La Gazette de la Défense, dans l’édition du 1er octobre dernier.

Pour ce second confinement, les bénévoles sont toujours mobilisés à l’Institut Ibn Badis. « Notre délégation solidaire ne laisse pas la précarité en stand by, assure toujours Ouassini Sayah, responsable du pôle social, à propos de ce deuxième confinement. Nous procéderons à un système de serpentin à l’intérieur de l’enceinte pour toujours faire respecter les distances de sécurité. »

À Nanterre encore une fois, Mon Epicerie, l’épicerie solidaire située à deux pas du centre-ville, est aussi mobilisée. « On a étendu la période d’ouverture pour qu’il n’y ait pas plus de cinq personnes en même temps dans l’espace libre-service et on a remis en place les livraisons à domicile, explique Jean-Yves Quilin, président de l’épicerie. Mais, personne n’a demandé pour le moment. […] Les gens préfèrent venir tchatcher à l’épicerie, ce qui est normal, parce que finalement, ils sont relativement isolés ». 

Les bénévoles, âgés de plus de 70 ans, ont cependant été invités à rester chez eux, les « jeunes » ont alors pris leur place depuis plusieurs semaines, se réjouit Jean-Yves Quilin qui souligne aussi que les supermarchés des environs font preuve de beaucoup de solidarité.

Mais, ce qui inquiète le plus ce responsable associatif, c’est l’avenir. L’épicerie s’est d’ailleurs « équipée pour la suite » en prévision d’une probable vague de demande dans les prochains mois. « Les gens qui sont nouvellement atteints par une rupture sociale, ne vont pas vers les travailleurs sociaux », analyse-t-il en évoquant la honte de demander de l’aide souvent ressentie, mais aussi la honte d’être vu en public chez un travailleur social ou encore le sentiment d’illégitimité à recevoir des aides.

« Le problème, c’est que ce sont les travailleurs sociaux qui nous apportent nos clients à l’épicerie », poursuit-il. Mon Epicerie a ainsi lancé une session d’admission directe, avec le travailleur social de l’épicerie, et s’est directement rapproché de syndicats, ou encore de l’OPHLM (Office public de l’habitat). 

« Eux connaissent la situation dès le premier loyer impayé, alors que par les travailleurs sociaux, les gens nous arrivent au bout de cinq, six, ou sept loyers impayés », regrette Jean-Yves Quilin, déterminé à aider les personnes fragiles dès les premières semaines de défaillance.

Claude Girardi, de la Croix Rouge des Hauts-de-Seine, abonde d’ailleurs dans ce sens. « Il y a une hausse de la demande, surtout sur de l’alimentaire, précise-t-il. Ce sont des personnes qui depuis le premier confinement ont basculé dans la précarité, qui étaient déjà un petit peu juste avant, on va dire ».

Aide alimentaire, soutien psychologique, prise en charge sanitaire… les organisations du territoire, déjà rompues aux problématiques du confinement, sont d’une grande aide pour les plus fragiles.

« Vraisemblablement l’effet n’est pas encore plein, alerte-t-il aussi en évoquant la dégressivité des aides et allocations en tout genre. C’est quand les gens qui ont perdu leur emploi ne vont plus toucher le chômage, et s’ils ne retrouvent pas d’emploi d’ici là, c’est là que la demande va exploser. Donc, au bout de huit mois voire un an ».

Aides alimentaires, soutien moral ou matériel… les acteurs du territoire sont très mobilisés en ce second confinement, et alors que la pandémie est encore au cœur de l’actualité. Mais beaucoup, à l’instar de Claude Girardi ou Jean-Yves Quilin, craignent des jours plus difficiles encore dans un futur proche. 

PHOTOS : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE