Sous l’impulsion d’Arash Derambarsh (LR), adjoint délégué à la Ville verte et durable, la ville de Courbevoie est devenue une pionnière dans le domaine de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Il y a un an, elle a signé en ce sens une charte avec les supermarchés de la ville pour les inciter à donner leurs invendus aux associations locales, grâce également à un partenariat avec la start-up Phenix.

Pour fêter cet anniversaire, la Ville a lancé un nouveau partenariat avec le centre hospitalier Rives de Seine, qui souhaite lui aussi s’engager dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. À cette occasion, les élus ont pu revenir sur cette première année d’engagement, présenter leurs initiatives à de nombreux élus du département, échanger avec les associations et partenaires et de présenter la nouvelle carte interactive qui permet de recenser les magasins qui proposent de donner leurs invendus.

« C’est le premier anniversaire de la Charte de lutte contre le gaspillage alimentaire qui a été signée à Courbevoie, explique Jacques Kossowski (LR), maire de Courbevoie, le jeudi 3 février dans la salle du Centre événementiel. L’occasion pour nous de tirer un premier bilan de cette action ». Un engagement pris dans le prolongement de la loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire, appelée loi Garot, votée en 2015 et dont Arash Derambarsh a été à l’initiative. Cette loi, entrée en vigueur en février 2016, impose aux supermarchés de plus de 400 m² de proposer « une convention de don à des associations pour la reprise de leurs invendus alimentaires » et leur interdit « de rendre impropres à la consommation des invendus encore consommables », indique le site internet du ministère de la Transition écologique. L’objectif est que « la destruction » soit « envisagée en dernier recours ».

Entrée en vigueur au 1er janvier 2022, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, appelée loi Agec, a renforcé les contraintes en imposant ces mêmes règles aux « grossistes dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 50 millions d’euros ». Le ministère de la Transition écologique explique également qu’elle permet de renforcer « les exigences, le suivi et le contrôle, par les opérateurs, de la qualité du don ».

Pour aller encore plus loin, et que de plus nombreux partenaires puissent s’investir dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, le conseil municipal de Courbevoie a approuvé le 9 décembre 2020, une charte d’engagement pour la lutte contre le gaspillage alimentaire. Elle a été signée le 3 février 2021 par les supermarchés, quelque soit leur taille, et la start-up Phenix, qui les accompagnent dans leurs démarches de dons des invendus aux associations locales.

« Chaque année, le gaspillage alimentaire représente environ 10 millions de tonnes de produits, pour un coût estimé à 16 milliards d’euros, déplore le maire de Courbevoie le jeudi 3 février. Bien que nous produisions aujourd’hui suffisamment de denrées alimentaires pour satisfaire 10 milliards de personnes, une grande partie est gaspillée et n’arrive jamais dans nos assiettes ».

Des chiffres alarmants selon l’édile qui explique la signature de cette charte. Si la loi anti-gaspillage de 2016 permet aujourd’hui de distribuer « 10 millions de repas » par an et de permettre une « hausse de 22 % du don alimentaire en France », selon Arash Derambarsh, la charte permet de la faire appliquer « à la base », avec l’aide et l’engagement des communes et des élus locaux. Ainsi, Courbevoie est devenu selon l’adjoint, « un laboratoire français sur la lutte contre le gaspillage alimentaire », l’un des enjeux de campagne de Jacques Kossowski en 2020.

Après un an, « ce sont plus de 62 000 repas qui ont été sauvés et redistribués, se félicite Jacques Kossowski. On se dit quand même qu’il y a des gens peut être, qui ont mangé alors qu’ils ne mangeaient pas ». Des repas distribués « aux démunis, aux personnes nécessiteuses, aux étudiants, aux retraités, à la classe moyenne invisibles » résume Arash Derambarsh. Une charte qui, comme le rappelle l’élu « coûte zéro euro aux contribuables » et qui permet de simplifier et fluidifier les relations entre les associations et les supermarchés.

La start-up Phenix, organise le ramassage des invendus dans les supermarchés partenaires et se charge encore de la redistribution aux différentes associations.

Dans les faits, la start-up Phenix (entreprise solidaire d’utilité sociale, aussi appelée entreprise à impact, Ndlr), organise le ramassage des invendus dans les supermarchés partenaires et se charge encore de la redistribution aux différentes associations. « Le métier d’un magasin, c’est de vendre les produits, ce n’est pas de les donner ? Les donner, c’est une expertise particulière. […] Il y a des aléas logistiques. […] Il y a beaucoup d’aléas qui font qu’une association ne peut pas passer, etc, résume Clément Carreau de chez Phenix. Nous ce qu’on leur apporte, c’est une forme d’externalisation du don, c’est-à-dire qu’ils vont se recentrer sur leur métier premier, qui est de vendre les produits et nous on va les aider à leur donner un intérêt économique, qui nous permet de créer des emplois ».
Clément Carreau rappelle qu’il n’y a « aucun magasin en France qui prend du plaisir à jeter les déchets ».

Il explique ainsi que les déchets représentent un coût important pour les supermarchés qui doivent payer « la TGA, qui est la taxe générale sur des activités polluantes ». Les dons leurs permettent à la fois de réduire les coûts des déchets et de « créer de la valeur à partir de produits qui avant étaient de la perte sèche ». Grâce à la loi Coluche de 1989, les supermarchés bénéficient également d’une réduction d’impôts en cas de dons.

Xavier Bobard, directeur du supermarché Intermarché de Courbevoie, voit en ce partenariat un moyen « de [se] structurer différemment et de jeter encore moins ». D’ajouter : « Je ne dis pas qu’on en jette plus, mais on en jette beaucoup moins et on est dans un cercle vertueux » . Pour la boulangerie Paul, qui a également conclu un partenariat avec Phenix : « C’est une fierté », tout comme pour la boutique La Ruche qui dit oui à qui « cela tient vraiment à cœur » de participer à la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Courbevoie a également présenté à l’assistance son nouvel outil « pour faciliter l’accès à ces invendus alimentaires », facilement transposable à d’autres villes. La Mairie a créé, sur une page dédiée de son site internet, une carte interactive. « Sur cette carte, vous avez tous les supermarchés et toutes les surfaces qui ont signé la charte de gaspillage. Vous avez une géolocalisation, vous pouvez cliquer sur les supermarchés qui vous intéressent et vous avez l’association partenaire », précise Régis Castel, conseiller municipal de Courbevoie.

Un outil, quasiment gratuit, équivalent à Google Maps, déjà utilisé par la Mairie pour son annuaire des commerçants, qui permet d’accéder aux invendus et paniers repas en toute discrétion. « Si une personne démunie souhaite aller récupérer ses invendus alimentaires, cette personne va sur le site voir le partenariat qui a été fait avec les supermarchés et contacte l’association ». Des bénéfices également pour les associations qui récupèrent des produits de qualité, en plus grande quantité, sans contrainte logistique.

Le jeudi 3 février était l’occasion de passer à la phase deux de la charte, avec la signature d’un engagement entre l’hôpital de Courbevoie, Neuilly-sur-Seine et Puteaux, aussi appelé centre hospitalier des Rives de Seine et la mairie de Courbevoie. Valérie Pons-Prêtre, directrice de l’hôpital, indique : « Notre hôpital, c’est 800 repas à peu près en moyenne, 800 repas jour. […] On est en train de faire une étude beaucoup plus poussée, mais on évalue à peu près 30 % de repas qui sont jetés. Donc, il y a un vrai enjeu. […] Ce qu’on espère avec ce partenariat, c’est effectivement réduire ce pourcentage ».

Un défi que se lance l’hôpital, qui fera partie du projet d’établissement qui sera présenté dans les mois à venir et « qui va nous embarquer sur cinq à dix ans » selon Valérie Pons-Prêtre. La directrice de l’hôpital d’ajouter : « C’est des sujets qu’on souhaite vraiment prendre à bras le corps avec des actions concrètes. »

Des initiatives pour lutter contre le gaspillage alimentaire qui semble déjà être suivies par de nombreuses communes, Poissy (Yvelines) ayant signé une charte similaire il y a plusieurs mois en présence du maire de Courbevoie. À Meudon, l’adjointe au maire Florence de Pampelonne, a également annoncé le jeudi 3 février, la signature prochaine d’une charte à ce sujet.

Philippe Laurent, maire de Sceaux, est lui aussi revenu sur les initiatives mises en place dans sa commune, notamment sur la prévention auprès des plus jeunes et la sensibilisation des restaurants scolaires. Il a également donné rendez-vous à Jacques Kossowski « dans un an à Sceaux » pour signer une charte contre le gaspillage alimentaire.

De son côté, Sonia Hazarabedian, conseillère municipale du 17e arrondissement de Paris explique : « Nous avons plusieurs actions déjà engagées en termes de lutte contre le gaspillage alimentaire, mais nous sommes très intéressés de voir de plus près ce qui se passe à Courbevoie, entre autres ». Un moyen pour « enclencher un peu plus cette action contre la lutte contre le gaspillage alimentaire », dans le 17e, mais également dans d’autres arrondissements.

CREDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DEFENSE/PHENIX