Depuis plusieurs semaines, l’Etablissement Français du sang [EFS], chargé de la collecte et de l’autosuffisance en sang du territoire, alerte sur la baisse préoccupante de ses réserves. L’organisme se doit de posséder 12 jours de stock d’avance pour pouvoir répondre à tout type de besoin (catastrophe naturelle, attentat…). Bien qu’habitué à enregistrer une baisse du nombre de donneurs chaque été, l’EFS doit faire face à une nouvelle difficulté cette année : la Covid-19.

La fermeture de certains établissements scolaires, suspectés d’être des clusters de l’épidémie ou le télétravail de nombreux salariés ont entraîné une chute des dons. La tenue des points de collecte s’avère également compliquée ; le flux de donneurs se devant d’être réduit au maximum afin d’éviter les files d’attente et les contacts. Alors que seulement 4 % de la population en âge de donner (de 18 à 70 ans révolus) effectue la démarche, l’EFS en appelle à la mobilisation de tous.

La campagne de sensibilisation semblait avoir porté ses fruits vendredi 2 octobre à la Défense, où un point de collecte de sang, affiché complet, avait investi l’une des salles de conférence de l’hôtel Hilton du Cnit. Depuis le déconfinement, afin de limiter les contacts, les donneurs doivent réserver un créneau horaire. Cela n’empêche pas les organisateurs du point de collecte de la Défense, vendredi, d’accepter quelques volontaires ignorant les nouvelles directives, pour compenser les quelques inscrits qui leur font parfois faux bond. Ce jour-là, les préleveurs se sont préparés à l’arrivée de 81 donneurs, contre 120 d’ordinaire.

Car le personnel manque. « On a du mal à trouver des médecins, chargés de s’entretenir avec les patients avant le prélèvement, nous explique Jacques Groleau, membre de l’association ADBS, qui épaule l’EFS. Dans ce cas, on a recourt à des infirmières formées pour l’entretien, mais elles ne peuvent prendre en charge les primo-donneurs et les plus de 65 ans ». Les entrevues tournent pour l’essentiel autour du formulaire de 45 questions que tout donneur doit remplir en salle d’attente.

« J’avoue certaines questions, je ne suis pas sûr de mettre les bonnes réponses, mais le questionnaire ne pose pas plus de problèmes que cela », nous confie Jean-Baptiste, salarié de la Défense venu donner son sang sur sa pause déjeuner. Le document, qui entre dans les détails de la vie personnelle, sexuelle et médicale du donneur, pourrait pourtant rebuter certains. 

« Le vrai frein, c’est surtout la peur de la piqûre, rétorque le Dr Michèle Villemur, responsable du pôle Est Île-de-France pour l’EFS. Il faut comprendre l’intérêt de donner ces renseignements. Nous sommes garants de la sécurité du receveur, qui est en droit d’hériter d’une poche qui ne le contamine pas ». Pour aiguiller les potentiels donneurs, un simulateur de compatibilité au don est disponible sur le site de l’EFS, qui répertorie l’ensemble des points de collecte.

L’un des objectifs de l’entretien préalable est aussi d’évaluer le risque de contamination du volontaire au Covid-19. « Le coronavirus ne transmet pas par le sang, mais il y a un risque que le malade contamine d’autres personnes dans le centre », indique le Dr Villemur, qui rappelle qu’une personne testée positive ne peut donner durant 28 jours. Un motif d’exclusion temporaire qui, en cas de seconde vague, devrait encore faire chuter le nombre de donneurs. L’objectif de l’EFS d’atteindre un stock de 100 000 poches de sang à la fin septembre n’est pour l’heure toujours pas rempli.