Comme un air de déjà-vu. Pour faire face à la reprise épidémique due au variant Omicron, le Gouvernement, par la voix de la Ministre du Travail Élisabeth Borne, a annoncé de nouvelles mesures pour le monde du travail, le 30 décembre dernier. Du 3 au 23 janvier, le recours au télétravail est rendu obligatoire pour tous les salariés pour lesquels il est possible, à raison de trois jours minimum par semaine, et quatre jours quand cela est possible.

Si les entreprises avaient été prises de court lors du premier confinement, les nombreux mois qui ont suivi leur ont permis d’anticiper, de s’adapter, et pour la plupart d’entre elles, de faire du télétravail une solution pérenne. « Depuis le début de la pandémie, nous suivons les recommandations du gouvernement et du ministère du Travail, glisse-t-on du côté d’Allianz. Suite aux dernières annonces gouvernementales et à l’évolution sanitaire, tous les collaborateurs ayant adhéré à l’accord télétravail passent temporairement sur une formule de 4 jours de télétravail par semaine ». Outre cet accord signé entre les salariés et l’assureur, les moments de convivialités en présentiel restent suspendus.

Pour d’autres entreprises, la pandémie n’a fait qu’accélérer une tendance déjà existante dans l’habitude des salariés. C’est le cas de Suez, où les salariés ont signé un accord en novembre 2020 pour télétravailler sur la base du volontariat. « Même si nous étions favorable au télétravail, ces pratiques n’étaient pas homogènes avant le Covid, souligne Laure Girodet, directrice santé et sécurité chez Suez. Au siège, seuls 40 % de nos collaborateurs l’avaient déjà expérimenté. Depuis octobre 2020, nous disposons d’un accord d’entreprise qui permet de disposer de 2 jours de télétravail par semaine, hors crise sanitaire. Et nous avons tout mis en œuvre pour former les équipes aux outils digitaux et les accompagner sur l’ergonomie des postes, tout en leur rappelant les enjeux professionnels et personnels.»

Si les entreprises avaient été prises de court lors du premier confinement, les nombreux mois qui ont suivi leur ont permis d’anticiper, de s’adapter, et pour la plupart d’entre elles, de faire du télétravail une solution pérenne.

En ce mois de janvier particulier, seulement 25 % des effectifs de Suez travaillent en présentiel, pour effectuer des opérations dans les usines, les collectes de déchets ou des missions post-opérationnelles. Au siège de la Défense, les équipes chargées de la sécurité et de la logistique continuent notamment de travailler sur place. Dans le même temps, le reste des salariés est passé à 4 jours de télétravail hebdomadaires « pour gérer le pic ».

Au-delà de l’aspect sanitaire, les avantages du télétravail sont nombreux aux yeux de l’employeur. Chez Suez, on y voit un « fonctionnement plus agile, collaboratif et axé sur la confiance ». « Le télétravail fait évoluer la relation entre le collaborateur et le manager. Cela s’inscrit dans notre évolution de la culture d’entreprise, tout en conservant nos exigences de performances et en optimisant le mieux vivre au travail ».

Ces arguments ont convaincu les salariés, qui ont « voté massivement » pour rendre le télétravail pérenne au sein de l’entreprise. C’est désormais le cas, hors vague Covid, avec deux jours à domicile par semaine. « Ça se passe très bien jusqu’ici, s’enthousiasme Laure Girodet, qui coordonne les actions de Suez liées au Covid à l’échelle mondiale. Dès qu’e nous le pouvons, entre les vagues, nous essayons de rétablir les connexions physiques et sociales ».

Le maintien de ce lien est également au cœur de la stratégie de Technip Énergies. La société, fraîchement installée dans le nouvel immeuble Origine (voir nos éditions précédentes), a fait le choix de passer des 2,5 jours de télétravail habituels à 3.
Un choix qui fait grincer quelques dents au sein de ses équipes. « Avec Omicron, on a été surpris qu’ils ne nous proposent pas 4 jours de télétravail, raconte Christophe Héraud, délégué syndical CFDT chez Technip Énergies. Beaucoup de salariés ne comprennent pas.
Ils n’ont pas voulu aller beaucoup plus loin que nos 10 jours mensuels de d’habitude, car il y a une véritable aversion au télétravail. Il y a cette idée que les projets marcheraient moins bien à distance ».

En ce mois de janvier particulier, seulement 25 % des effectifs de Suez travaillent en présentiel. Les collaborateurs en situation d’isolement se voient proposer un accompagnement psychologique avec une hotline téléphonique, accessible gratuitement.

La question du télétravail n’a jamais été de tout repos chez Technip Énergies. À coups de communiqués, la CFDT a déploré, ces derniers mois, le manque de confiance accordé aux salariés et l’état d’esprit « un peu rétrograde » de la direction. « Je peux comprendre que si on est là moins d’un jour par semaine, le lien d’entreprise peut se distendre, avoue Christophe Héraud. Mais en passant la journée sur Teams, on est en contact avec tout le monde. Il faut une approche adulte. Ce qui est dommage, c’est qu’on ne soit pas sorti grandis de cette histoire.

À chaque fois, dans ses décisions, l’entreprise nous donne l’impression de ne pas nous faire confiance. Alors que nous sommes une boîte avec des gens qualifiés et autonomes ».
Du côté de la direction, on se félicite d’avoir « progressivement mis des accords en place » et de « répondre aux besoins en termes de matériel », en fournissant des grands écrans aux salariés, permettant de travailler à distance dans des conditions confortables.

« Nous sommes semblables aux autres entreprises de La Défense, affirme un porte-parole. On fait un point chaque semaine sur les mesures Covid dans l’ensemble du groupe. Il se peut que des personnes s’adaptent plus ou moins facilement au télétravail , c’est en fonction du vécu, de la situation personnelle et du poste de chacun. Mais dans l’ensemble, nos employés trouvent leur équilibre. Bien sûr, certains voudraient venir en présentiel tous les jours, tandis que d’autres souhaiteraient 100 % de distanciel. Nos équipes s’adaptent. Dans tous les cas, on a mis tout en œuvre pour que tout se passe le mieux possible, sans impact sur les projets que nous menons ».

Le suivi des salariés travaillant à distance s’avère être primordial pour veiller à leur bien-être. Chez Suez, les collaborateurs en situation d’isolement se voient proposer un accompagnement psychologique avec une hotline téléphonique, accessible gratuitement.

« En décembre, nous avons même organisé des journées avec des psychologues en présentiel, ajoute Laure Girodet. Nous avons été surpris, car un certain nombre de personnes qui n’ont pas sollicité la hotline se sont présentées, et privilégiaient le présentiel pour leur rendez-vous. En cette période difficile, nous sommes vigilants à la santé mentale des collaborateurs ».

Les managers, de leur côté, ont été formés à la gestion des émotions et du stress, afin de changer de pratique managériale et de maintenir un bon climat d’équipe, peu importe le format. Confiance, responsabilisation et maintien d’une communication fluide, la recette magique pour un télétravail sain ?

Mise à jour du 13/01/2022 : Entre notre échange avec Allianz et la parution de l’article, les mesures en terme de télétravail ont évolué chez l’assureur. Les collaborateurs ayant adhéré à l’accord télétravail sont passés temporairement à une formule de 4 jours de télétravail par semaine, et non 3 comme indiqué précédemment. La rédaction présente ses excuses suite à cette confusion.

CREDITS PHOTOS : LA GAZETTE DE LA DEFENSE