Les insultes ont fusé dans la salle d’audiences 4 du Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre, mercredi 2 octobre. Dans le box des accusés, un Nanterrien comparaissait pour des violences répétées sur son ancienne compagne. La jeune femme l’accusait aussi de menaces de mort et d’avoir dégradé sa voiture à Nanterre. L’homme âgé de 24 ans était par ailleurs poursuivi pour des faits d’outrage sexiste, toujours envers la jeune femme.

L’audience a été ponctuée de très nombreuses insultes envers la victime, présente face à son agresseur, auteur de milliers d’appels et de messages depuis sa rupture en août. Malgré les remarques successives du président de séance, le prévenu a réitéré les menaces et commentaires irrespectueux envers son ex-compagne qu’il avait déjà proféré au commissariat lors de son interrogatoire et de la confrontation. Il a été condamné à une peine de prison ferme et une obligation de soins.

« C’est une pute, elle écarte les cuisses pour un grec », lance le prévenu. Le président de séance lui demande pourtant de se montrer respectueux. Soupçonné de violences répétées sur son ancienne compagne, le jeune homme nie en bloc. « C’est elle qui me frappe, assure le vingtenaire. C’est une folle hystérique qui ne raconte que de la merde. »

Malgré les divers avertissements du président de séance, le prévenu tient toujours le même genre de propos. « Je ne l’ai jamais frappée, toujours méprisée », argue l’ancien petit ami. « Qui a marqué le mot pute sur sa voiture ? C’est un terme que vous semblez affectionner », lui lance à son tour le magistrat, qui souhaite évoquer la dégradation de la Citroën C4 de son ex-compagne.

En dépit de violences répétées présumées pendant de longs mois, elle n’a jamais porté plainte. La dégradation de sa voiture, le 27 septembre dernier, a été « la goutte d’eau ». Séparés depuis août, il continue à la harceler. « Je veux juste qu’il me laisse tranquille », explique-t-elle. Lui jure avoir menacé de s’en prendre à sa voiture sans jamais passer à l’acte, mais a appelé quelque 7 000 fois la jeune femme. Depuis leur rupture, elle a aussi reçu 1 400 messages, majoritairement menaçants ou insultants.

« Vous la traitez de sale pute comme vous respirez », constate le magistrat en consultant les relevés téléphoniques. « Si vous ne sortez pas avec des putes, visiblement vous les appelez », ironise-t-il. « Vous n’avez pas l’impression d’avoir un problème avec les femmes ? », lui demande-t-il. « Pas avec les femmes, juste avec celle-là », répond le prévenu immédiatement. « C’est un comportement habituel, certes particulièrement désagréable, mais qui ne veut pas dire qu’il est passé à l’acte », soutient de son côté l’avocate de la défense.

Cependant, le témoignage de la sœur de la victime accable le jeune homme. Elle l’a ainsi retrouvée un jour « avec un coquard et du sang partout », assure-t-elle. « Elle s’est tapée toute seule contre une barrière alors que je la maintenais », répond le jeune homme. « Je lui ai même donné un mouchoir », se souvient-il. « Ça se passait bien et puis il a commencé à être très agressif, quand j’allais chez une copine le soir, quand j’allais en boîte alors que j’ai des enfants… », rapporte quant à elle l’ancienne petite amie.

Mais l’absence de plainte pour violences et de constatations médicales sont soulevées par l’avocate de la défense. « Vous ne pouvez pas vous contenter de déclarations », plaide-t-elle. « Depuis quand on se tape la tête sur une barrière soi-même ? On s’éclate tout seul l’arcade sourcilière ? », demande de son côté le procureur de la République.

Le jeune homme n’est finalement pas condamné pour les violences. Pour la dégradation de la voiture, les menaces et l’outrage sexiste, il écope de 18 mois de prison dont neuf avec sursis, 600 euros d’amende et près de 1 900 euros de dédommagement pour que la victime puisse réparer sa Citroën. Il n’aura plus le droit d’entrer en contact avec la jeune femme, ni de se rendre à Nanterre.

Condamné à suivre des soins psychologiques pour qu’il comprenne « l’utilité de la femme dans [sa] vie », il assure qu’il n’a « pas besoin de ça ». Énervé par la sentence, il ne cache pas son mécontentement et lâche un dernier « sale pute » en direction de la jeune femme qui quitte déjà les lieux. L’audience se termine donc comme elle avait commencé.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE