L’énergéticien Engie (ex-GDF-Suez, Ndlr), ainsi que le promoteur Nexity, ont conclu un partenariat financier et technologique pour acquérir et transformer les anciens ateliers du constructeur automobile PSA, terrain industriel de 9 hectares situé à La Garenne-Colombes. Les terrains de l’ex-centre technique, dont les salariés ont déménagé à Poissy (Yvelines) en 2017, accueillera le futur « éco-campus » de 120 000 m² d’Engie à l’horizon de 2022 ou 2023. Y seront regroupées toutes les équipes d’Engie exerçant en Île-de-France, qui sont actuellement sur différents sites, le siège et ses 4 500 salariés étant actuellement dans la tour T1 de la Défense.

« Ce projet sera la vitrine de la stratégie du groupe Engie, s’inscrivant dans une démarche environnementale contribuant à la fois à un progrès économique et social, harmonieux et durable, commentait en juillet dernier dans un communiqué Pierre Deheunynck, directeur général adjoint d’Engie, dont la direction est actuellement installée dans les 70 000 m² de la tour T1, sur le territoire de Courbevoie. Situé dans un îlot urbain arboré proche de Paris, ce futur éco-campus illustrera l’expertise d’Engie et de ses équipes pour construire la ville intelligente de demain. »

L’idée d’un « campus » permet de retrouver une « horizontalité », où passer d’un bâtiment à un autre procure un « sentiment de liberté que nous n’avons pas dans les tours », se félicite la CFDT.

La direction d’Engie (qui n’a pu commenter dans les délais impartis à la publication de cet article, Ndlr) a mis en place un groupe de suivi du déménagement aux réunions mensuelles, dont fait partie José Belo, délégué syndical CFDT chez Engie et salarié au Lab crigen, son centre de recherche et développement et d’expertise de haut niveau dédié aux nouvelles sources d’énergie. « On a été rapidement favorables au projet, commente le responsable syndical de l’actuel siège de 185 m de haut. On est persuadé que travailler dans une tour verticale, cela génère à terme un mal-être, et un système d’oppression. »

Selon lui, l’idée d’un « campus » permet de retrouver une « horizontalité », où passer d’un bâtiment à un autre procure un « sentiment de liberté que nous n’avons pas dans les tours ». Il rappelle que « le projet n’est pas construit pour faire uniquement du tertiaire » car « il est discuté également de projets d’habitats, et de l’installation d’un collège », ayant d’ailleurs fait l’an dernier l’objet de négociations parfois rugueuses entre la mairie, les promoteurs, l’établissement public gestionnaire et aménageur du quartier d’affaires Paris La Défense, le groupe industriel et la préfecture, entre autres.

Pour la CGT et son coordinateur du groupe Engie, Eric Buttazzoni, ce déménagement est avant tout lié à une recherche d’économies pour la grande entreprise. « C’est la même raison pour laquelle nous sommes partis de Paris en 2010, analyse-t-il. La direction veut faire des économies sur l’immobilier. » Pour le responsable syndical, la perspective de déménager une nouvelle fois n’avait pas initialement été bien reçue, du moins avant l’annonce de l’emplacement proche du quartier d’affaires : beaucoup de salariés redoutaient de ­devoir déménager.

« Avant ça, il y avait de toute façon un projet d’abandonner T1, se rappelle-t-il par ailleurs. Ils ont déjà regroupé les équipes Voltaire et T2 sur T1, ce qui a considérablement dégradé les conditions de travail. » Une fois que le lieu de déménagement a été annoncé, les choses se seraient néanmoins apaisées. « Notre avis n’était pas défavorable, puisque nous ne serons qu’à deux arrêts de tram’ supplémentaires », commente Eric Buttazzoni.

Alors, de la station Faubourg de l’arche à celle de Charlebourg, « ça ne va pas modifier en profondeur nos habitudes ». La phase d’acquisition des terrains serait terminée, ainsi que celle de la consultation et des déposes de permis, selon la CFDT. La concertation publique s’est achevée début janvier. Place, désormais, à la phase de démolition des anciens ateliers du groupe PSA.

« Ce secteur était une terra incognita pour la ville : nous allons en faire un quartier où il y aura de la vie », se félicitait l’an dernier par communiqué le maire LR de La Garenne-Colombes, Philippe Juvin, dont les 16 ha du nouveau quartier de Charlebourg semble sur la bonne voie : « A terme, le projet urbain global offrira, outre le campus d’Engie, un programme mixte de bureaux, logements, commerces et hôtel, une nouvelle succursale PSA, et des équipements d’intérêt collectif (grand parc public, école, crèche, gymnase…). »

Tramway : la ligne 2 encore plus utilisée ?

Les salariés du futur campus d’Engie dans le quartier de Charlebourg, à La Garenne-Colombes emprunteront le T2 pour se rendre aux anciens ateliers PSA, situés près de l’arrêt Charlebourg (la station les Fauvelles desservira l’autre côté du quartier, Ndlr). Un minimum de 4 500 salariés, ceux de la tour T1 du siège déménagé de la Défense, viendront y travailler. « Le T2 est déjà très chargé, alors en plus avec ce projet, et celui de la tour Carpeaux (tour Alto, Ndlr), ça risque d’être compliqué », s’inquiète Eric Buttazzoni, coordinateur CGT du groupe Engie, d’une ligne déjà considérée comme saturée aux heures de  pointe.