En septembre 2021, la Défense accueillera un nouveau projet d’ampleur. C’est dans le quartier d’affaires que s’installeront plus de 1 000 personnes, tous experts en cybersécurité, venant d’acteurs de secteurs différents. C’est la tour Eria, à Puteaux, dont les travaux devraient être terminés à la fin de l’année, qui a été choisie pour accueillir ce campus. L’annonce de cette installation au coeur du quartier d’affaires a réjoui les élus, qui y voient une belle opportunité de faire rayonner la Défense. 

En 2019, le gouvernement a lancé le projet de réaliser un Campus cyber, un lieu d’excellence qui doit rassembler les acteurs et experts de la cybersécurité française. Sur le modèle des campus israëlien, russe, américain ou encore chinois déjà existants, ce premier campus européen est voué à rayonner en Europe et dans le monde. L’ambition est de pouvoir protéger notamment les entreprises françaises des menaces grandissantes dans ce domaine. Des enjeux économiques, industriels mais aussi des enjeux de société sont liés à la création de ce campus.

Un campus visible qui devrait permettre d’attirer de nouveaux talents, mais également de créer des vocations chez les jeunes et chez les femmes. Le Campus cyber pourrait rapidement s’étendre dans le quartier d’affaires et dans toute la France. Un deuxième lieu a déjà été dévoilé pour installer une branche du Campus cyber, le plateau de Satory (Versailles, Yvelines). 

Lundi 21 septembre, Le Figaro a annoncé l’installation de ce Campus cyber dans le quartier d’affaires. De ce choix, Michel Van Den Berghe, directeur général d’Orange Cybersécurité, missionné par le gouvernement pour piloter le projet, explique : « L’expertise cybersécurité, elle est extrêmement concentrée sur la région parisienne. Ça, c’est déjà un premier point. Dans les prérequis des entreprises pour venir s’installer sur le cybercampus, c’était : il faut que ce soit Paris intramuros ou toute première couronne et il faut que ce soit hyper accessible pour les gens qui viennent y travailler ». 

De nombreux clients et partenaires du projet sont d’ores et déjà installés à la Défense les entreprises comme Enedis, Orange Cyberdéfense ou encore Thalès. Ainsi, le campus s’en rapproche. De plus, 1 000 personnes devant venir s’installer, il fallait ainsi trouver un lieu assez grand pour accueillir tout le monde. Le Campus cyber devrait donc s’installer dans la tour Eria, au coeur de Puteaux, dont la livraison est prévue dans les prochains mois. 

« Là, le choix est fait, indique Michel Van Den Berghe. Maintenant, il faut qu’on se mette d’accord sur le bail, mais c’est le choix qui a été proposé ». Si tout se déroule comme prévu, le campus devrait ainsi prendre ses quartiers à la Défense dès septembre 2021. Une nouvelle réjouissante pour la municipalité de Puteaux.

« L’installation de ce campus a été le fruit de longs échanges des autorités françaises dans le domaine de la cybersécurité. Cette décision hautement importante est le fait du président de la République qui a su reconnaître l’attractivité de la Défense et de Puteaux, affirme la Mairie. Nous en sommes fiers ! La Défense et Puteaux sont au centre des attentions et de l’attractivité nationale et internationale ».

Un sentiment partagé par Christine Hennion, députée La République en Marche de la troisième circonscription des Hauts-de-Seine (Courbevoie Nord et Sud, La Garenne-Colombes et Bois-Colombes, Ndlr) et conseillère municipale à Courbevoie.  « Je pense que dans le contexte, ça va faire du bien à la Défense », analyse-t-elle. La crise sanitaire liée à la Covid-19 et le confinement du printemps, pourraient à terme avoir des conséquences sur la location des tours et la fréquentation du quartier d’affaires.

« Le projet de Campus cyber, c’est un objectif, c’est une mission, qui m’a été confiée par le Premier ministre (Edouard Philippe à l’époque) à la demande du président de la République, raconte Michel Van Den Berghe, d’Orange Cyberdéfense, nominé en juillet 2019 pour cette mission. L’objectif, c’est de créer un lieu, un lieu totem qui vise à doter la France et l’Europe d’un cadre optimal pour développer l’écosystème de la sphère de la cybersécurité française et qui soit une vitrine pour incarner l’excellence française dans ce domaine de la cybersécurité ».

Les premiers objectifs de Michel Van Den Berghe étaient alors de « rassembler les gens qui sont concurrents entre eux sur un même lieu ; c’était déjà de vérifier si tout le monde avait envie de jouer le jeu, si c’était pour eux important de symboliser un peu toute l’expertise en se rassemblant sur un lieu etc, etc ».


De nombreux clients et partenaires du projet sont d’ores et déjà installés à la Défense comme les entreprises comme Enedis, Orange Cyberdéfense ou encore Thalès. Ainsi, le campus s’en rapproche.

En tout, ce sont une soixantaine d’acteurs différents, d’entreprises privées ou publiques, d’associations, d’organismes de formation et d’entités européennes et internationales qui seront réunis à la Défense. Après cette phase de négociation, Michel Van Den Berghe a été chargé de lancer la phase opérationnelle. « Le gouvernement m’a dit ‘‘maintenant, il faut opérationner le cybercampus’’, en proposant on va dire quatre points, un lieu, une structure juridique, des activités et puis une gouvernance ».

En janvier 2020, Michel Van Den Berghe a donc rendu son rapport au Premier ministre sur les ambitions, les objectifs et la création de ce Campus cyber. Ce campus s’inspire notamment des campus déjà fonctionnels en Israël, en Russie, aux Etats-Unis et en Chine.  L’Anssi, Agence nationale de la sécurité des systèmes d’informations, impliquée dans la création du Campus Cyber, résume : « La création d’un campus dédié aux enjeux du numérique visera à renforcer les synergies entre acteurs publics, privés et académiques, au travers de leur rassemblement au sein d’un même lieu de dimension nationale, attractif, connecté aux développements en régions et visibles en Europe et à l’international. »

Dans le communiqué d’annonce de la nomination de Michel Van Den Berghe en juillet 2019, le gouvernement indiquait déjà : « À l’heure où les cyberattaques sont susceptibles de porter atteinte aux intérêts vitaux de la Nation, il est nécessaire de favoriser la montée en puissance des acteurs du numérique et de l’innovation sur les enjeux de cybersécurité ».

Depuis plusieurs années, et notamment durant le confinement, les cyberattaques envers les entreprises n’ont pas diminué, au contraire. Du rôle du futur Campus cyber, Michel Van Den Berghe résume ainsi : « On est un peu nous les pompiers de service, je ne sais pas comment on peut appeler ça, mais on est vraiment là pour essayer de protéger les entreprises et renforcer leur système immunitaire ». 

Ce Campus cyber a pour ambition de réunir et d’attirer les talents de la cybersécurité dans ce nouveau lieu, mais également de former les futures générations d’experts. «  Il y a aussi un enjeu de création d’emplois, affirme-t-il. Il y a des milliers de postes en cybersécurité aujourd’hui, donc en mettant ça en avant, ça va vraiment générer aujourd’hui des envies ». 

La formation sera au coeur des axes de travail du Campus cyber. « Dans les quatre activités, il y a une activité qui sera sur la formation, précise-t-il. Être extrêmement visible, ça va aussi générer des vocations parce que c’est plus de vocations dont on a besoin que de cursus. Les cursus existent déjà, mais ne sont pas forcément remplis. »

Le champ des métiers en cybersécurité est très large selon le CEO. « Ce dont on a besoin, c’est de montrer que la cybersécurité, ce n’est pas que des geeks avec des capuches qui vont craquer les PC ». Pour Christine Hennion, l’installation de ce campus à la Défense représente une opportunité pour les jeunes du quartier d’affaires. « Là, je pense qu’il y a vraiment un projet à construire pour qu’effectivement ces jeunes s’embarquent sur ces formations, qui seront des formations d’avenir ».

Sécurité, stratégie, conseil, la cybersécurité représente « un panel très large » d’emplois et des « métiers qui sont hyper utiles » rappelle Michel Van Den Berghe. Une opportunité pour les jeunes, et plus particulièrement pour les femmes. Tout comme le CEO d’Orange Cybersécurité, Christine Hennion insiste sur l’importance d’attirer les femmes dans ce secteur. 

« Le numérique aujourd’hui peine à recruter des femmes et en particulier la cyber. Il faut absolument les intégrer dans ces formations, autrement l’écart de salaire, l’écart de carrière entre les hommes et les femmes va continuer à se creuser », analyse-t-elle. 

« Ce centre cyber doit aussi être une tête de pont d’un réseau européen donc qui doit se construire dans les différents pays d’Europe, souligne Christine Hennion. Le centre français est le premier d’entre eux, mais l’idée, c’est aussi d’avoir une ramification sur le territoire Français ». Le Campus cyber est effectivement voué à s’agrandir et à accueillir de plus en plus d’experts pour regrouper les compétences. 

Dans ce but, un deuxième lieu de rassemblement devrait s’installer à Satory (Versailles, Yvelines). « On veut que ce soit un cyber campus qui ait deux jambes donc une activité […] on va dire un peu tertiaire, bancaire, des choses comme ça, à la Défense, annonce Michel Van Den Berghe. Après, on a toute la sécurisation des environnements industriels, des véhicules connectés, des drones, de tout ça. On a besoin d’espace et donc en parallèle, il y a un pôle qui va se développer sur Satory pour justement réussir à ce que le Campus il soit dans deux lieux. Un lieu sur la Défense et un lieu pour des activités plus industrielles et plus défense aussi peut-être sur Satory ».