Une escroquerie bien huilée… depuis la maison d’arrêt de Nanterre. Un détenu a réussi à organiser une arnaque ciblant des personnes âgées. Son réseau a soutiré les informations bancaires de plus de 90 victimes. Trois de ses « lieutenants» comparaissaient jeudi 14 mars au tribunal de grande instance de Nanterre pour « recel de biens obtenus à l’aide d’une escroquerie », rapporte Le Parisien.

Sur les six prévenus convoqués, seuls trois se sont présentés au tribunal. Ils ont écopé de peines allant de 18 mois de sursis avec mise à l’épreuve, à 24 mois de prison dont 12 avec sursis. Les prévenus qui n’ont pas daigné se présenter ont également écopé de peines de prison avec sursis. Le cerveau de cette opération, lui, sera jugé à l’automne prochain.

Cette vaste opération de duperie aura fait a minima 90 victimes, sur les 150 que les policiers ont contacté au cours de leur enquête. L’aigrefin a dérobé de larges sommes à ses victimes, allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros.

Le détenu se présentait sous un faux nom d’enquêteur, avec un faux matricule et prétextant enquêter sur des contrefaçons de cartes bancaires. Ils contactait des victimes des quartiers aisés de la région parisienne et niçoise, les choisissant grâce à leur nom désuet. Pour amadouer ses victimes, il leur demandait de contacter immédiatement le 17. Lui ne raccrochait pas, et grâce à une faille des télécommunications, la ligne ne se coupait pas, et lui permettait d’écouter la conversation.

« Ça ne fonctionne pas toujours, d’où les 500 appels passés quotidiennement. Mais quand ça marche, c’est le tapis rouge, la personne âgée donne tout », explique le procureur. C’est-à-dire les codes, coordonnées, cryptogrammes et même le moyen de changer le numéro de téléphone rattaché au protocole 3D Secure !

Les petites mains du détenu agissaient ensuite depuis l’extérieur, à Marseille. Ils raflaient sur internet de nombreux biens faciles à revendre : produits électroniques (caméras, ordinateurs et autres smartphones), ainsi que des vêtements de sport, ou encore des billets d’avion, de bateau et de train, ainsi que des tickets pour des matchs de foot.

Parmi les prévenus, certains revendaient la marchandise, tout en prenant une commission. D’autres cherchaient des clients potentiels, intéressés par les biens cités ci-dessus à moitié prix, ou même comme recruteurs. L’argent reversé à la tête du réseau servait à alimenter la passion du détenu pour les paris en ligne.

La défense des trois détenus présents lors du procès consistait à minimiser leur implication dans le réseau : «  j’ai accepté parce que je ne savais pas ce qu’il faisait, je ne savais même qu’il était en prison », ou encore « je pensais que c’était son argent à lui ». La ligne défense n’aura guère convaincu.