Un jeune homme de 25 ans, présumé coupable d’escroquerie, est libre.
Thomas Boursin est soupçonné d’avoir arnaqué, via son site de pronostics sportifs PronoClub, plus de 600 personnes pour un préjudice total évalué à 1,8 million d’euros.

Les juges de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles (Yvelines) ont décidé, de libérer le suspect, originaire d’Avranches (Manche). Il a été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire contre une caution de 100 000 €.

Il avait été interpellé à Rennes, à son domicile, le 15 septembre 2021, puis mis en examen à Nanterre pour des faits « d’escroquerie en bande organisée, de vente à la boule de neige, et de blanchiment ». Dans la foulée, il a été placé en détention provisoire.

Les prémices de l’affaire remontent au printemps dernier. Plusieurs clients de PronoClub, dont le siège est à Boulogne-Billancourt commencent à se plaindre de ses services. L’entreprise met en relation des parieurs et des experts en pronostics sportifs dans neuf sports majeurs. Jusqu’ici rien d’illégal, pour autant, elle propose aussi une autre activité d’investissements, à savoir le « Copy Betting ». Ce produit permet aux utilisateurs de placer de l’argent sur le site et d’obtenir une rentabilité de 10 % par mois. En clair, le site fait gagner de l’argent aux clients sans avoir besoin de bouger le petit doigt. Malheureusement pour PronoClub, le service n’est pas autorisé en France. La technique du copy-betting n’était en réalité « une pyramide de Ponzi, une arnaque bien connue, dans laquelle les intérêts des premiers sont payés par les derniers arrivés », précise un magistrat au Parisien.

Dès lors, le service des courses et jeux et de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) ouvre une enquête. Petit à petit, les forces de l’ordre remontent jusqu’au jeune homme. Ils ont saisi 500 000 € sur les comptes bancaires de Thomas Boursin, plus de 12 000 € en espèces et une voiture d’une valeur de 90 000 €. Ils découvrent d’importants mouvements d’argent, pouvant aller jusqu’à sept millions d’euros. Plus de 600 personnes ont été victimes de l’escroquerie montée par PronoClub pour un préjudice total estimé à 1,8 million d’euros, d’après les informations du Parisien. Le préjudice le plus important s’élèverait à plus de 50 000 € pour l’une des victimes.

Lors de l’audience, Thomas Boursin a déclaré vouloir rendre l’argent volé aux victimes et aider la justice à retrouver ce Belge. « Mon objectif est de rembourser les victimes », explique-t-il à la cour d’Appel. Il a également tenu à apporter son aide à la police, en donnant accès à son ordinateur portable. Désormais, le suspect a notamment interdiction d’entrer en contact avec les autres protagonistes de cette affaire, d’effectuer des paris sportifs et de sortir du territoire.

Le dossier PronoClub ne s’arrête plus. Un nouveau suspect a été interpellé, en Belgique. Selon les informations du journal L’Équipe, il s’agirait du Liégeois Michael Neerdael, qui aurait proposé au fondateur de PronoClub de s’associer. Finalement celui-ci aurait disparu avec l’argent.  « C’est la poursuite du travail d’enquête qui a abouti à lui demander des comptes », précise une source proche du dossier. L’homme a été interrogé par les enquêteurs, puis libéré dans la foulée. Le suspect a été interpellé par des policiers belges attachés à la lutte contre la criminalité financière, assistés d’enquêteurs du Service central des courses et jeux (SCCJ), qui avaient fait le déplacement depuis la France.

Bien connu de la justice belge, Michael Neerdael, aujourd’hui âgé de 36 ans, avait été condamné en juillet 2020 à 30 mois de prison et à des confiscations de biens pour une valeur estimée à 2,6 millions d’euros. L’homme avait mis en place plusieurs escroqueries, autour de projets immobiliers, mines d’or ou de diamants en Afrique. Avant que la justice ne mette le nez dans ses affaires, il affirmait vouloir racheter l’équipe de football du Standard de Liège. En novembre dernier, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Liège pour des préventions de faux en écriture, de blanchiment, d’escroquerie et organisation frauduleuse d’insolvabilité.

Selon Me Maxim Töller, l’avocat de l’accusé, Michael Neerdael était « prêt à se rendre en France pour qu’il soit entendu ». « Nous avons écrit à quatre reprises au juge d’instruction et au procureur de la République depuis le mois de septembre pour leur dire qu’on souhaitait communiquer des informations, mais sans réponse de leur part », a précisé Me Töller, à L’Équipe.

Suite à la libération du fondateur de PronoClub et cette nouvelle interpellation, les victimes ne comptent pas en rester là. Une autre action en justice, cette fois-ci au civil doit être lancée, devant le tribunal de commerce de Nanterre, pour retrouver un maximum de fonds, auprès de PronoClub ou des complices présumés.

CREDIT PHOTO : ILLUSTRATION/LA GAZETTE DE LA DEFENSE