Les faits remontent à 2019. La Ville de Courbevoie commande auprès de la société Eiffage un parking souterrain et une halle pour son marché. Un chantier colossal qui brasse de larges sommes d’argent. Un butin potentiel qui finit par attirer une bande de malfaiteurs à la technique bien rôdée. Des escrocs visiblement spécialisés dans « l’escroquerie aux faux ordres de virements », révèle Le Parisien. Au milieu de cette entreprise bien huilée, il y a un homme, un certain « Damien Legal ».

Sur ce chantier, il se fait passer pour un employé d’Eiffage auprès de la Mairie et pour un employé municipal du service comptabilité auprès d’Eiffage… Grâce à cette double casquette, l’homme parvient à convaincre la Ville de faire un virement de 2 millions d’euros à Bourgogne Bâtiment Construction (BBC), une société niévroise au bord de la faillite, gérée par un homme croulant sous les dettes. Contacté par le fameux Damien Legal, ce patron en détresse aurait accepté, sous la contrainte, que sa compagnie serve de « société taxi ».

Il récupère donc l’argent de la Mairie de Courbevoie et l’envoie vers des comptes en France et au Portugal. Depuis, les 2 millions auraient atterris sur des comptes israëliens, un pays connu pour être le refuge des escrocs les plus ambitieux qui soit. Pour cette opération, le propriétaire de BBC aurait touché 30 % du butin, mais devant le parquet de Nanterre il assure avoir agi sous la contrainte.

Entre temps, la Ville a porté plainte, et les enquêteurs ont commencé à récupérer les pièces du puzzle. Le scénario est connu des forces de l’ordre. Tout ce qui leur faut, c’est mettre la main sur un des malfrats. La chance leur sourit quand ils tombent sur la plainte d’un entrepreneur strasbourgeois. Un certain Bulgare de 38 ans, Alexeï, habitant de l’Essonne, l’a escroqué. Il s’est servi de son entreprise comme société taxi sans son autorisation. Mis en examen en mai 2021 pour « escroquerie en bande organisée et blanchiment aggravé », Alexeï, une « petite chaine » dans un grand rouage, affirmait avoir lui aussi agi sous la contrainte. Placé sous contrôle judiciaire, il n’avait pas payé sa caution établie à 90 000 € et avait été incarcéré en octobre. Le 13 mai, la chambre de l’instruction de Versailles (Yvelines) a ordonné son maintien en détention.

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