En provenance du centre dramatique de Lille/Tourcoing, qu’il dirigeait depuis 2014, Christophe Rauck a été nommé l’an dernier en remplacement de Philippe Quesne à la tête du Centre dramatique national (CDN) des Amandiers.

En parallèle de ses postes de direction de théâtres, Christophe Rauck a assuré la mise en scène de dizaines de pièces d’auteurs classiques (Molière, Marivaux, Shakespeare, Gogol…), mais aussi contemporains (Rémi De Vos, Jean-Luc Largarce, Sara Stridsberg).

Comment s’est déroulée votre arrivée au CDN des Amandiers en début d’année ?

Comme j’étais à la tête d’un autre centre dramatique l’année dernière, il a fallu que j’attende qu’ils nomment (le ministère de la Culture, Ndrl) le prochain directeur à Lille. Il y a donc eu deux mois où j’étais sur les deux théâtres.

Les travaux du CDN qui ont débuté en mars se passent-t-ils comme prévu ?

On a vidé le théâtre, les ouvriers commencent les travaux de désamiantage. En face du CDN, il y a les anciens ateliers de décors qui sont en train d’être aménagés pour recevoir du public, dans une grande salle ­temporaire de 400 places, avec un hall d’accueil et une petite salle. Tout sera prêt à la rentrée.

Vous avez donc revêtu une double casquette : celle de directeur et de chef de chantier…

A l’époque, quand je dirigeais le théâtre Gérard Philipe (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis), il y avait eu des travaux de réaménagement de l’accueil et de la grande salle, mais on n’avait pas refait entièrement le théâtre. Au TGP, c’est l’école de formation qui avait été refaite complètement. Donc, j’ai une petite expérience en tant que directeur du suivi de chantier, mais je ne tenais pas spécialement à suivre ces travaux. C’est juste que je ne pouvais faire autrement.

Votre projet artistique comprend la création d’une école de formation, L’Atelier, dont les auditions viennent de s’achever, le 22 mai dernier. Quelles sont vos ambitions ?

L’Atelier n’est pas une école nationale, comme à Lille. Ce que je veux faire, c’est quelque chose de plus simple, une formation en deux ans, avec une deuxième année plus professionnalisante. Il n’y a pas de diplôme à la fin, pas de bourse. La première année, les élèves vont rencontrer des artistes, des auteurs, des acteurs…

La deuxième année, on travaillera sur des cartes blanches, des spectacles joués partout sur le territoire, avec des auteurs contemporains ou plus classiques. C’est quelque chose de singulier, un peu comme on le faisait à une certaine époque – je pense à l’école d’Antoine Vitez.

Vous espérez aussi renforcer la ­présence des auteurs au sein du théâtre ?

L’idée est que les auteurs, que l’on met toujours de côté, soient plus présents et actifs au sein même du théâtre, pour le repenser, pour leur permettre d’écrire, les associer à la communication pourquoi pas… Je tenais à ce qu’ils aient leur place au théâtre des Amandiers qui, de par son histoire, a été marqué par la présence d’auteurs contemporains. Le premier, c’est Bernard-Marie Koltès. Patrice Chéreau (directeur de 1982 à 1990, Ndrl) a monté ses premiers textes. Avec Jean-Louis Martinelli (directeur de 2002 à 2013, Ndrl), ce fut Lars Norén. Après, je ne cherche pas à m’inscrire dans la continuité, mais juste à proposer des choses pour enrichir le théâtre. D’ailleurs, nous travaillons en ce moment sur la programmation d’une saison complète avec des noms importants de la mise en scène : Joël Pommerat, Tiphaine Raffier, Anne-Cécile Vandalem et Julien Gosselin.

La saison passée fut écourtée par la crise du Covid. Des pièces programmées l’an dernier seront-elles jouées à la rentrée ?

Il y a trois spectacles de la dernière saison de Philippe Quesne que nous allons rejouer : Das Weinen, de Chritoph Marthaler, qui ouvrira la saison, La possession, de François-Xavier Rouyer qui se jouera hors les murs, au Carreau du Temple (Paris) et enfin L’Étang, avec Adèle Haenel en fin de saison. L’ouverture de la billetterie est prévue d’ici la mi-juin.

Sera aussi jouée une de vos créations, Dissection d’une chute de neige, de Sara Stridsberg. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est un texte contemporain, écrit par cette autrice suédoise. C’est une variation autour de la reine Christine de Suède. Son père, mort à la guerre de 30 ans, l’avait faite non pas reine, mais roi de Suède par testament. Vers 25 ans, elle décide d’abdiquer […] pour adopter un mode de vie de nomade. Elle avait des amants, des maîtresses aussi… Elle était très libre et puis, c’était une très grande intellectuelle. C’est un destin assez passionnant, qui pose la question du pouvoir au féminin.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE