Atypique est la répartition des avocats des Hauts-de-Seine, par rapport aux autres départements français. Environ deux-tiers d’entre eux travaillent en effet pour les grandes structures de conseil du quartier des affaires, telles Ernst & Young, KPMG, ou encore Deloitte. Pour le tiers restant, qui souffre d’un déficit de visibilité auprès des entreprises du secteur, le démarchage de nouveaux clients se fait souvent plus difficile que pour les premiers. 

Pour rééquilibrer la situation, l’Ordre des avocats des Hauts-de-Seine a organisé du 5 au 7 octobre près de 600 consultations gratuites, assurées par des avocats conseils volontaires, au sein de la tour Cœur Défense. En parallèle de ces entretiens, se déroulant sur rendez-vous exclusivement, se tenait une dizaine de conférences sur des thèmes aussi variés que le télétravail, la stratégie de financement d’une entreprise ou le handicap dans le monde professionnel. 

Autant de sujets potentiellement problématiques pour un dirigeant et auxquels les avocats aimeraient constituer la solution évidente. « L’avocat n’est pas aussi cher et aussi inaccessible qu’on le croit, nous a assuré le bâtonnier élu Michel Guichard, qui prendra ses fonctions au 1er janvier prochain. Il peut être le conseil de la vie de tous les jours d’une entreprise. Aujourd’hui, l’avocat pour les PME (petites moyennes entreprises, Ndlr) apparaît comme un extra-terrestre et beaucoup préfèrent travailler avec leur expert-comptable pour obtenir des services juridiques et fiscaux ».

Réinvestir le conseil aux petites et moyennes entreprises, c’était l’objectif de l’Ordre des avocats local, qui ciblait donc avec son opération à l’intitulé chevaleresque, Les avocats prennent la Défense, les PME du département. Une reconquête déjà initiée après le déconfinement, lorsque 80 avocats volontaires avaient aidé des entreprises en quête d’informations juridiques. « Ils avaient alors rédigé des fiches pratiques sur des problèmes de droit ou encore bâti des lettres-types à destination des patrons de PME ou d’artisans », relate le bâtonnier. 

Des particuliers ont aussi sauté sur ces consultations gratuites. Une opération bienvenue dans le contexte actuel pour Ariane. « D’habitude, je vais en bibliothèque pour lire des ouvrages juridiques mais avec la Covid-19, cela est devenu compliqué de se déplacer dans les lieux d’informations, nous explique cette mère de famille. Le droit est souvent une question d’interprétation. La vision d’un expert est parfois pertinente ».

Un avocat en droit de la famille, spécialité visiblement plébiscitée durant ces trois jours, c’est aussi ce qu’est venu voir Malgorzata. « Je suis en procédure depuis six ans contre mon ex-mari pour non-paiement des pensions alimentaires, nous confie cette habitante de la Défense. Je n’arrive plus à me faire entendre de mon actuel avocat. Grâce à l’entretien que je viens d’avoir, je vais pouvoir lancer par moi-même des démarches auprès du procureur de la République ».

Première édition de cette prise de la Défense oblige, l’agence Hors Pair Events, en charge de son organisation, n’avait que peu de recul sur les spécialités juridiques les plus attendues par le public. Résultat, des consultations en droit immobilier prises d’assaut quand d’autres, de droit pénal par exemple, sont demeurées vacantes. « On n’avait que peu de visibilité. Mais, on va s’adapter pour les éditions prochaines », nous assure sa présidente, Hélène Boissonnet. L’enjeu n’est pas négligeable car les occasions de se mettre en avant sont rares pour la profession, interdite de faire de la publicité.