C’est l’histoire d’un délit mineur, un vol de nourriture au supermarché Wesfield les 4 temps, qui aurait pu ne jamais ­franchir les portes ­d’Auchan. Oui, mais voilà : son auteur, un SDF agressif et rétif à l’autorité, va faire montre d’une insubordination ­violente et épidermique, tant face au vigile du magasin que vis-à-vis des policiers appelés en renfort.

Tout commence le 16 mai dernier, peu après midi. Un vigile de la grande surface de la Défense repère un homme, porteur d’un sac à dos, filer sans passer par les caisses. Il stoppe naturellement le fraudeur afin de vérifier le contenu de son sac. « Tu es une merde, tu n’as pas à prendre mon sac à dos », vitupérera le voleur, avant de repousser brutalement l’agent de sécurité contre un mur. Le vigile, amoché au bras, alerte alors les policiers de Puteaux.

Arrivés sur place, les agents remarquent l’homme assis sur le sol et refusant de coopérer. Conduit pour être fouillé dans un local à l’écart des clients, l’homme, infernal, va passer son temps à insulter, menacer et violenter les fonctionnaires de police. Le premier à s’entretenir avec lui témoignera même dans la procédure d’insultes à caractère raciste : « Sale blanc de flic, sale PD de blanc. Je vais te tuer si tu t’approches de moi ! ».

Les coups commencent à fuser. En dépit des tentatives des policiers d’instaurer le dialogue, l’homme s’enferme dans une logique de confrontation, se sentant tout puissant de son mètre quatre-vingt pour 84 kilos. Rejetant catégoriquement l’idée de retirer ses vêtements pour une fouille complète, il défiera même un policier : « Étant donné mon gabarit, je te détruirai ! », lâchera-t-il, avant de réclamer un tête-à-tête avec lui pour le combattre.

« Enculé », « petite pute »Assaillis de jurons et de coups, trois fonctionnaires vont s’en sortir avec une ITT supérieure à huit jours ; respectivement 10, 42 et 45 jours. Plus d’un mois après les faits, deux des quatre policiers ayant déposé plainte portaient encore les stigmates de leur agression. Au total, cinq hommes furent nécessaires pour interpeller l’énergumène, qui poursuivra son numéro dans la voiture de police et au commissariat.

Après avoir présenté des papiers français, à l’identité restée non-vérifiable auprès du service compétent, ce natif de Dakar (Sénégal) refusera par quatre fois de se prêter au jeu du relevé d’empreintes. Il ajoutera ainsi un délit de plus à ceux qui lui furent reprochés par la présidente de l’audience, lors de son procès le 15 juin dernier au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre.

Une audience qui se tiendra sans prévenu, puisque l’accusé refusera de se soumettre à la procédure de sécurité avant d’être extrait de sa cellule, où il est détenu depuis son arrestation. « Le mis en cause, qui ne nous fait pas l’honneur de sa présence, nie l’intégralité des faits », rappellera en préambule le procureur dans sa plaidoirie, avant de répertorier l’ensemble des témoignages et certificats médicaux confirmant le déroulé des faits.

« Ma position n’est pas des plus ­confortables, reconnaîtra quand à elle l’avocate de la défense, s’exprimant devant un box désespérément vide. C’est dommage de juger quelqu’un sans connaître sa personnalité. Mais au vu de son casier judiciaire vierge, on ne peut pas considérer qu’il a un problème permanent avec l’autorité ».

Faisant fi de sa demande de tempérer les réquisitions du ministère public, le tribunal ira même au-delà des réclamations du procureur et le condamnera à 24 mois de prison dont huit avec sursis et une obligation d’indemniser les victimes.

CRÉDIT PHOTO : LA GAZETTE DE LA DÉFENSE