Plusieurs centaines de militants de Youth for Climate France (La jeunesse pour le climat en français, Ndlr), et du mouvement de lutte écologiste Extinction rébellion, ont bloqué le centre commercial Westfield les 4 Temps, vendredi 29 novembre. Un blocage qui intervient symboliquement le jour du « Black Friday » (vendredi noir en français, Ndlr) et renommé « Block Friday » par les manifestants.

L’événement, tout droit importé des États-Unis, est un jour de remises et de promotions importantes réalisées par les enseignes rivalisant avec des offres plus alléchantes les unes que les autres. Une aubaine pour les consommateurs, particulièrement à l’approche de Noël et l’achat des cadeaux. Ce blocage, opéré dès 11 h par les militants écologistes à partiellement paralysé le centre commercial, laissant sortir les clients mais empêchant tout accès.

Une situation qui a provoqué la colère des clients du Westfield les 4 Temps. Certains d’entre eux n’ont pas hésité à être violents verbalement et physiquement envers les manifestants, provoquant l’intervention des vigiles du centre et des forces de l’ordre. Le blocage a duré au total quatre heures, obligeant la plupart des boutiques du centre commercial à fermer leurs grilles. Par ailleurs, une centaine de policiers a rapidement été dépêchée sur place pour assurer la sécurité des lieux, avant d’évacuer progressivement les manifestants, pour la plupart des lycéens, à partir de 13 h 30.

« Nous sommes-là pour sensibiliser à l’écologie et montrer à quel point on marche sur la tête de consommer tout azimuts », explique un des militants à un client devant un des barrages, tract à l’appui.

C’est un « Black Friday » qui restera dans les mémoires des commerçants et des clients du centre commercial Westfield les 4 Temps. Vendredi 29 novembre, plusieurs centaines de militants membres d’Extinction Rebellion et de la Jeunesse pour le climat (Youth for climate), se sont réunis au sein du plus grand centre commercial d’Europe. Objectif : paralyser les lieux, en ce jour de « Black Friday », synonyme de consommation intense.

Dès 11 h, les manifestants sont positionnés sur les différentes entrées et les escalators, en formant des chaînes humaines. « Pollue ! Consomme ! Et ferme ta gueule ! C’est ça le message, qu’on donne aux jeunes ! » ou encore « Et un ! Et deux ! Et trois degrés ! C’est un crime contre l’humanité ! », scandent les manifestants.

À chaque point de blocage, les militants laissent passer les clients qui souhaitent sortir du centre commercial mais empêchent toute entrée. Ce qui a provoqué l’ire de nombreux clients qui ont fait le déplacement pour le « Black Friday », jour de grandes remises. Des violences verbales et physiques ont pu être observées tout au long du blocage situé principalement au niveau 1 du centre commercial.

« Laissez-nous passer ! On veut consommer ! », crie une cliente, sur le ton de l’humour après avoir forcé le passage. « Vous faites chier le monde avec votre écologie de merde », invective une jeune femme. D’autres n’hésitent pas à être plus virulents : « Cassez-vous, bandes de fils de pute ! », « Allez-vous faire enculer », renchérit un autre. Un jeune homme et son frère arrivent tant bien que mal à se frayer un chemin malgré le barrage. L’un se retourne vers les militants et leur intime d’aller « planter des arbres, bande de bâtards ! »

« Laissez-nous passer ! On veut consommer ! », crie une cliente, sur le ton de l’humour après avoir forcé le passage. « Vous faites chier le monde avec votre écologie de merde », invective une jeune femme. D’autres n’hésitent pas à être plus virulent.

Des remarques auxquelles les manifestants répondent de manière pédagogique. « Bonjour Madame ! Voulez-vous savoir pourquoi nous sommes là ? », demande à une cliente une des militantes, probablement lycéenne. « Nous sommes-là pour sensibiliser à l’écologie et montrer à quel point on marche sur la tête de consommer tous azimuts », explique un des militants à un client devant un des barrages, tract à l’appui.

Intitulé « Block Friday », le tract explique la teneur de la manifestation en pointant du doigt l’industrie de la mode. « La fast fashion (les enseignes de mode à petits prix aux collections éphémères, Ndlr) a un impact social, environnemental et sanitaire colossal, déplorent les auteurs du tract. L’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde ».

Si la pédagogie suffit à certains clients qui « admirent ce que font ces jeunes », d’autres ne le voient pas du même œil et n’ont pas hésité à frapper les militants pour parvenir à accéder aux allées marchandes du centre commercial. « Nous avons eu plusieurs dizaines de violences à notre égard, comptabilise la référente du mouvement en lien avec les forces de l’ordre. L’un de nos militants, un lycéen, a été frappé à la tête. Il a le nez cassé. »

Au point de blocage au niveau de la bijouterie Histoire d’Or, plusieurs clients ont été violents en forçant le passage. Un jeune homme d’une vingtaine d’années a tenté de forcer le passage plusieurs fois, avant de projeter au sol un jeune militant. Un autre s’est jeté sur les manifestants en essayant de leur assener des coups de poings, en vain, retenu par un de ses proches.

« Nous nous déplaçons magasin par magasin pour les faire fermer », explique une des manifestantes. Avec cette méthode, les enseignes baissent une, à une leur grilles comme par exemple Auchan, Sephora, H&M, McDonald’s et Burger King,

Lorsque les clients commencent à s’en prendre physiquement aux manifestants, ces derniers se mettent à crier « Non violents ! Non violents ! Non violents ! ». Telle une alarme, ce cri alerte immédiatement les référents sécurité et médiation des militants, lesquels essayent de calmer les clients virulents et la situation, parfois en vain.

Contactée par téléphone à midi, la direction des 4 Temps, lequel appartient au groupe Unibail-Rodamco-Westfield, a suivi la situation de près, assurant que « les services de sécurité du centre sont sur place, en lien avec les forces de l’ordre pour que cela se passe dans le plus grand des calmes ».

Les agents de sécurité, quant à eux, orientent les clients vers le second niveau pour qu’ils puissent accéder au reste du centre. Les escalators étant éteints, ils s’assurent qu’il n’y ait aucune bousculade. Sur les points de blocages, les vigiles ont mis en place des cordons de sécurité, à l’aide des policiers, et ont redirigé les clients pour qu’ils contournent les barrages humains en utilisant un autre chemin.

Au niveau du puits Cassis, les manifestants bloquent les escalators. Par peur de vols ou de dégradations, nombreux ont été obligé les commerçants à baisser la grille de leur boutique. « C’est dommage, on pensait faire une grosse journée avec le « Black Friday », regrette une vendeuse d’Uniqlo. Même constat chez H&M et Histoire d’Or qui ont dû fermer boutique « pour ne pas se faire déborder, avoir des vols ou de la casse ». Un autre commerçant estime que « l’opération commerciale est complètement ratée avec ce blocage ».

Vers 13 h 45, la centaine de policiers appelés en renfort, débloquent les accès au centre commercial, facilitant la sortie des clients, mais interdisant toujours l’entrée.

Car les militants, prenant connaissance des limites d’un blocage rapide ont décidé de changer de stratégie. « Nous nous déplaçons magasin par magasin pour les faire fermer », explique une des manifestantes. Avec cette méthode, les enseignes baissent une à une leurs grilles. Auchan, Sephora, H&M, McDonald’s et Burger King, toutes se rendent sous la bronca des jeunes manifestants, dont « la moyenne d’âge est de 22 ans », soulignent les membres du mouvement.

Un magasin de prêt-à-porter a tout de même eu une vitrine taguée. Les militants y ont inscrit « Fuck fast fashion » (« On emmerde la fast fashion » en français, Ndlr). Vers 13 h 45, la centaine de policiers appelée en renfort, débloque les accès du centre commercial, facilitant la sortie des clients, mais interdisant toujours l’entrée. À 15 h la situation est rentrée plus ou moins dans l’ordre. Une vingtaine de policiers est restée sur place jusqu’en début de soirée, en cas de retour des militants à l’heure de sortie des bureaux.