7 h pétantes. Quatorze personnes sont présentes, ce lundi 19 septembre, pour visiter les coulisses de l’ouverture matinale de l’hypermarché des 4 Temps, organisée par Paris La Défense dans le cadre du festival Urban week. L’occasion de découvrir l’envers du décor d’un mastodonte de la grande alimentation en a séduit plus d’un. Cet hypermarché, le plus fréquenté de France selon Auchan, est aussi très différent des autres grandes surfaces du pays : les achats y sont de plus faible valeur qu’ailleurs, la plupart des clients l’utilisant comme magasin de proximité.

« Avec une amie, on était curieuses de voir comment ça se passait » confie une habitante de la banlieue Sud de Paris, qui a vu passer l’annonce sur internet. Le quartier d’affaires dort encore, mais déjà, c’est l’effervescence dans l’antre de la bête. Les salariés sont déjà sur le pied de guerre, les cartons déballés, les produits rangés. Olivier, le directeur adjoint de l’hypermarché, semble tout à fait réveillé : « C’est un Auchan atypique », fait-il remarquer.

« Le gros de notre chiffre d’affaires repose sur les paniers, plutôt que sur les caddies, poursuit-il. Un panier moyen ici est à peu près évalué à 30 euros, alors qu’en moyenne, pour un hypermarché, il est de 60 euros. » Déambulant dans le rayon des fruits et légumes, le sourire aux lèvres, il se souvient de sa prise de poste. « J’ai commencé à travailler ici l’année dernière. Je me souviendrai toujours de l’impression que j’ai eu à l’ouverture des grilles le premier jour, se rappelle-t-il, le sourire aux lèvres. Je m’attendais à voir plein de caddies, mais il n’y avait que des gens avec des paniers ».

L’hypermarché des 4 Temps serait, d’après lui, le plus fréquenté de France, « voire d’Europe », avec un chiffre d’affaires évalué à 160 millions d’euros par an. Ce colosse de 12 800 m² sur cinq niveaux verrait passer, les jours de faible fréquentation, de 12 à 14 000 clients par caisse, et jusqu’à 26 000 passages en cas de très forte affluence, comme le 23 décembre. Environ 650 personnes y travaillent, dont principalement des étudiants le dimanche, ce qui en fait l’un des plus gros recruteurs de la région.

Le coût d’un panier moyen à Auchan des 4 Temps est à peu près évalué à 30 euros, alors qu’en moyenne, pour un hypermarché, il est de 60 euros.

Le chiffre d’affaires de l’hypermarché se concentre pour une grande partie sur la tranche horaire du midi. « Beaucoup de salariés viennent acheter leur nourriture », analyse Olivier. Selon lui, la singularité réside dans la typologie des clients, travailleurs des tours ou touristes : « 90 % d’entre eux viennent en transports en commun. » Afin de diversifier sa clientèle, l’hypermarché s’est associé avec Indigo, le gestionnaire des parkings de la dalle, pour qu’à partir de 15 euros d’achat, 1 h 30 de stationnement gratuit leur soit offerte.

Raoul, un des visiteurs, habite à Courbevoie. Sa curiosité l’a mené jusqu’à cette visite. Il vient à Auchan de temps en temps, mais préfère aller d’habitude dans le petit supermarché situé à côté de chez lui, « parce qu’il y a vraiment trop de monde », confie-t-il. Ici, tout est d’ailleurs gigantesque. « Le tri à faire est faramineux, les gens laissent beaucoup de choses en vrac », note le directeur adjoint lors de la visite tandis qu’un salarié passe sur son autolaveuse et klaxonne.

Cette particularité serait liée au nombre plus important de clients qu’ailleurs, ainsi qu’aux trois niveaux de surfaces de vente. Les visiteurs sont amenés a emprunter le monte-charge pour naviguer dans les étages du magasin. Réparti sur cinq niveaux en tout, un étage de commerce alimentaire et deux étages non-alimentaires ouverts à la clientèle, ainsi que deux niveaux dédiés aux espaces de stockage, l’Auchan des 4 temps n’est pas facile à gérer selon ce responsable.

L’ouverture des portes se fait à 9 h, mais tout doit-être prêt à 8 h 30. Les premières équipes peuvent arriver à minuit lors de grosses opérations.

« Il y a beaucoup de difficultés de logistique ici. Avec les cinq étages, les monte-charges tombent souvent en panne », note ainsi son directeur adjoint, qui précise que l’entreprise doit souvent faire appel à des sociétés de maintenance. « Au total, on a huit à dix monte-charges qui alimentent réserves et surfaces vivantes quotidiennement » ajoute-t-il.

L’ouverture des portes se fait à 9 h, mais les employés sont déjà là bien avant. La première équipe des produits alimentaires arrive à 3 h du matin, celle du non-alimentaire à 7 h. « Pour les très grosses opérations, des équipes sont parfois là à minuit » raconte le directeur adjoint. « A 8 h 30 tout doit être prêt », déclare-t-il. Et, à 8 h 30, tout est prêt : les produits placés, les allées rangées, le sol nettoyé. Auchan peut accueillir ses paniers.

Une image d’industrie alimentaire difficile à ôter

« Je ne suis pas une fan d’Auchan. Je trouve que la qualité est médiocre, je préfère largement Monoprix », commente sans aménité une habitante et salariée de la Défense, venue visiter le magasin pour se faire une idée. Figure de proue de la grande distribution française, Auchan peinerait à enlever cette image du « tout surgelé » de la tête des Français selon ses responsables locaux de la Défense.

« On a du mal à faire comprendre aux gens qu’il y a des personnes qui travaillent derrière les produits » explique Antoine, un des managers de l’hypermarché : « La communication n’est pas évidente, on a encore du boulot », analyse-t-il. L’hypermarché des 4 Temps possède pourtant trois « labos » en charcuterie, poissonnerie et boulangerie-pâtisserie, « avec de vrais artisans », précise Antoine.

L’hypermarché embauche environ 650 personnes, et en particulier beaucoup d’étudiants surtout le dimanche.

Même dans ses « labos » d’artisans, le volume de produits traités marque les esprits. « Le vendredi et le samedi, deux tonnes de viandes sont coupées par jours, et une tonne en semaine », relate le charcutier en chef. Le vendredi seul représente 17 000 euros de marchandise coupée. Du côté de la boulangerie, les énormes fours de l’atelier sortent, pour un gros jour, jusqu’à 1400 « midinettes » qui sont « les baguettes phares » des ventes, précise Antoine : « 100 % du pain est fait ici. »

L’enseigne d’hypermarchés ne prend par ailleurs aucun risque avec la santé de sa clientèle, assurent ses responsables. « La dernière note d’hygiène que l’on ait eu est de 98 sur 100. On est très vigilent sur les règles de traçabilité et d’hygiène », rappelle le manager. A titre d’exemple, il explique que côté poissonnerie, les services d’hygiène passent régulièrement, la glace est changée tous les jours, et le poisson est commandé la veille pour le lendemain.