Le 24 mai dernier, un habitant de Bourg-la-Reine est réveillé en pleine nuit par d’inquiétants crissements provenant de ses volets. Il comprend alors qu’un individu tente de s’introduire chez lui, en forçant sa fenêtre au moyen d’un tournevis. S’il réussit à le mettre en fuite, il ne parvient pas à identifier son visage, recouvert d’un masque chirurgical. Il notera en revanche un détail étonnant : le voleur portait en plein mois de mai une chapka.

Avertie, la police patrouille et arrête une demi-heure plus tard un individu correspondant au profil du cambrioleur frileux. A peine majeur, le jeune homme est déféré dans le box des accusés du Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre dès le lendemain, pour ses faits de tentative de cambriolage, mais aussi pour détention de cannabis, dont il avoue être un consommateur régulier.

Entièrement revêtu d’un survêtement à l’effigie de l’équipe de France de football, le prévenu ne formulera en revanche d’aveux pour l’autre chef d’inculpation. « Mais, vous avez été découvert à proximité ? », lui lancera la présidente du tribunal. « J’étais de passage, je cherchais un squat », se défendra le prévenu. « Et il y a beaucoup de personnes qui se baladent en chapka en plein mai à Bourg-la-Reine ? », ironisera alors la présidente.

Sans domicile fixe, arrivé en France en 2017, le jeune homme vivait jusque-là de petits boulots payés au noir. Multirécidiviste du vol à la tire dans les transports en commun, il détient un casier bien rempli, sous plusieurs identités. Un passif, qui ne plaida pas en sa faveur, d’autant qu’outre sa tenue des plus reconnaissable, tout l’attirail du brigand – tournevis, lampe de poche, pince-coupante – fut découvert sur lui au moment de son arrestation.

« Vous avez suffisamment d’éléments pour entrer en voie de condamnation, malgré ses dénégations », lancera confiante la procureure, qui requerra cinq mois de prison ferme. L’avocat du prévenu insistera dans sa plaidoirie sur l’incapacité de la victime à formellement le ­reconnaître. ­Seulement, une ­empreinte digitale relevée sur le rebord de la fenêtre et qui correspondra à celle de son client, viendra compliquer sa défense.

« Pourquoi le prévenu contesterait les faits, alors qu’il en a déjà reconnu de plus graves dans des affaires précédentes ? », interrogera-t-il. Pas de quoi faire douter le tribunal qui retiendra les circonstances aggravantes de la récidive et de la réunion – deux autres individus en fuite ayant supposément ­participé à la tentative de cambriolage.
Il condamnera le prévenu à trois mois de réclusion avec mandat de dépôt.

CRÉDIT PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DÉFENSE