Mardi 27 octobre dernier, le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre jugeait un sexagénaire, accusé de multiples vols en octobre 2019, dans une entreprise de Gennevilliers, où il avait très brièvement travaillé quelques années plus tôt. L’homme, aussi accusé d’un vol au lycée Galilée, a nié les faits en bloc et assuré que seule son activité de brocanteur avait mené à la découverte de ses empruntes sur les lieux des cambriolages.

Sans emploi depuis des années, l’homme vit en effet de petites ventes d’outils et autres objets de seconde main, le tout sans rien déclarer. C’est ainsi qu’il a, par exemple, expliqué que ses empreintes ADN aient pu se retrouver sur un coffre fort forcé dans les locaux d’une entreprise Gennevilloise. Son hypothèse n’a pas convaincu le tribunal.

« Non seulement on va retrouver une partie du butin, mais aussi son ADN », s’indigne le procureur lors de ses réquisitions. En effet, la police a retrouvé une machine à café et des ordinateurs chez lui, ceux-ci ont été formellement reconnus par des employés de l’entreprise victime. Difficile pour le brocanteur de clamer son innocence face aux preuves matérielles, mais il le fera tout au long de l’audience.

« Nous avons quand même beaucoup d’indices », lui assure de son côté l’auditeur de justice à la tête de cette audience. En effet, en plus des empreintes sur les lieux des cambriolages, le téléphone du prévenu a borné à proximité directe des entrepôts de l’entreprise, le soir du délit. L’homme assure avoir eu une course à faire dans les environs, mais son histoire ne prend pas pour le tribunal.

Et le butin est conséquent pour ces cambriolages, dont le principal suspect a déjà été condamné pour vol par le passé. Près de 20 000 euros de tickets-restaurants ont ainsi été dérobés dans un coffre fort, des téléphones portables, du matériel informatique et une machine à café, sont aussi manquants, énumère le président en précisant que le lycée Galilée a aussi vu disparaître certains ordinateurs.

Mais, le prévenu persiste et signe : « Vous expliquez que vous avez trouvé des ordinateurs dans les poubelles », constate dubitatif le président de séance. « Et, ils ont retrouvé une cafetière, mais tout le monde a une cafetière chez lui », se défend le brocanteur de son côté. Son avocat quant à lui plaide « l’absence d’éléments », estimant que les empreintes ont très bien pu se retrouver sur les lieux des cambriolages à cause de ses activités de vendeur.

Mais, le procureur ne croit pas en la bonne foi du brocanteur dans le box des accusés et requiert une peine de six mois de sursis probatoire en plus d’une obligation de trouver un travail. « Si j’avais eu quelque chose à me reprocher, je ne serais pas allé à la police quand j’ai été convoqué », lui rétorque le prévenu.

Mais finalement, le tribunal tranche à la suite d’une longue suspension de séance et déclare le prévenu coupable. « Le tribunal n’ordonne pas votre remise en détention », lui fait cependant savoir le président de séance qui vient de le condamner à une peine de dix mois de prison, dont six avec sursis probatoire de deux ans. L’homme, âgé de 60 ans, va ainsi pouvoir voir sa peine, doublée d’une obligation de travail, aménagée par un juge d’application des peines.

« J’espère que vous avez compris, lui lance le président. Vous n’avez peut-être pas envie d’aller en prison à 60 ans. » Le sexagénaire, qui devra aussi rembourser les sommes dues au trésor public, remercie le magistrat avant d’être reconduit par des policiers. 

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE