Qu’ils soient élèves à l’Université Paris Nanterre, au Pôle Léonard de Vinci ou dans l’une des écoles de commerce privées du secteur, plusieurs dizaines d’étudiants de la Défense se lancent chaque année dans la création d’une start-up. Pour répondre à leurs besoins de financement, de réseaux et même de formalisation de leurs concepts de départ, des structures se sont montées dans le département des Hauts-de-Seine. 

La Région Île-de-France, le ministère de l’Enseignement supérieur mais aussi des acteurs privés, se mobilisent ainsi pour aider au mieux ces jeunes entrepreneurs, dont une part certaine abandonne dès les balbutiements, face à l’ampleur de la tâche. Plusieurs prix récompensent en revanche les plus déterminés, parvenus à aboutir et à satisfaire un réel besoin du marché.

Il en fut ainsi de Repos Digital, la start-up montée par trois amis de l’école d’ingénieur du Pôle Léonard de Vinci, Kilian, Julien et Ilies, qui viennent d’intégrer l’incubateur Station F. Actuellement en phase de test utilisateurs, elle propose d’accompagner les familles en deuil à clôturer les comptes des défunts sur les réseaux sociaux ou sur les plateformes de paiement.

« C’est une idée qui a germé dans ma tête il y a deux ans environ, lorsque j’étais encore à l’école d’ingénieur, raconte Kilian Weydert. Après une année de réflexion, pour apprendre à connaître le droit et notre marché, j’ai commencé à constituer une équipe. Mais, comme on était étudiant en alternance, on travaillait de manière cyclique. C’était compliqué ! », mener la double vie d’étudiant et de chef d’une petite entreprise peut en effet être des plus prenante. 

Pour soulager l’agenda des startuppers, les écoles proposent des aménagements d’emploi du temps. À condition que les intéressés obtiennent le statut d’étudiants-entrepreneurs. Un graal qui peut être délivré par le Pépite Pon, l’antenne Paris Ouest Nord du dispositif du ministère de l’Enseignement supérieur, pour accompagner les start-up du 92 et du 93. 

« L’outil de base du startupper est en effet ce statut d’étudiant-entrepreneur, nous détaille Julien Meykerque, responsable du Pépite Pon. La démarche consiste à déposer sa candidature sur la plateforme nationale du Pépite; candidature qui sera ou non validée par un comité ».

Aux yeux de l’organisme, l’attractivité du territoire des Hauts-de-Seine n’aurait pas trop à rougir de celle de la capitale. « On essaie de sensibiliser les startuppers pour qu’ils restent dans le département, Paris étant bondé ». Surtout, plusieurs écoles de la Défense ont constitué en interne leurs propres incubateurs, constituant un écosystème favorable à la création de jeunes pousses.

C’est le cas de l’Iéseg, situé derrière la Grande Arche, qui propose trois programmes d’accompagnement selon l’avancée du projet de ses étudiants – Spark, Start et Scale. « On a une double approche à l’Iéseg, nous explique Jacques Angot, le directeur de l’incubateur de l’école. On a une voie dédiée aux ’’étudiants-entrepreneurs’’, qui vont pouvoir tester leur fibre entrepreneuriale via des ateliers et un réseau d’experts et une autre, réservée aux ‘‘entrepreneurs-étudiants’’, qui prennent cela plus au sérieux ».

Le Pôle Léonard de Vinci propose aussi un incubateur à l’architecture semblable, en trois strates selon le degré d’avancement du projet (Learn, Lauch, Grow). « Nous proposons aussi un parcours start-up en fin de cursus, en 4e et 5e année, avec un tronc commun et deux jours de cours dédiés à la création d’entreprise, nous précise Julien Dogognon, responsable de l’incubateur du Pôle. Il y a une forte sélection car c’est une formation diplômante ».

Passée la phase d’incubation en interne, les étudiants aux projets les plus aboutis sont aidés pour intégrer d’autres incubateurs plus spécialisés, dont certains sont situés à la Défense comme le S’lab  (Spé. urbanisme, Ndrl), le Swave (Spé. fintech, Ndrl) ou encore le I-Engage, l’incubateur de l’université de Nanterre dédié à l’économie solidaire.

Pour acquérir plus de crédibilité mais aussi des financements, les écoles encouragent aussi leurs étudiants à remporter prix et concours. Cette année, le Prix Pépite 2020 a notamment récompensé Dylan Teixeira et sa start-up Edusign, qui digitalise la gestion des feuilles de présence pour les écoles et organismes de formation.

« Financièrement, me lancer ne m’a pas trop coûté, se souvient Dylan, qui n’a pas hésité à candidater tous azimuts. J’ai remporté 8 000 euros grâce au Prix de l’entrepreneur de mon école, l’Iéseg, 10 000 euros grâce au Prix Pépite et 1 500 euros grâce au concours du Meilleur entrepreneur lusophone et je suis en lice pour d’autres prix ». Une recette semble-t-il gagnante, puisqu’avec 200 clients à ce jour, Dylan et son associé engrangent un chiffre d’affaires et viennent d’embaucher trois salariés.