Si l’Urban Week édition 2020 s’est achevée dimanche dernier, les fresques réalisées par la quinzaine d’artistes ayant fait le déplacement n’ont pas terminé leur parcours. Après avoir été exposées au public durant toute la durée du festival, ces œuvres vont être déplacées et accrochées dans plusieurs parkings du groupe Indigo, partenaire de l’événement. Mais pour des raisons de place, seul un morceau de ces monumentales peintures est conservé ; le reste est malheureusement détruit.

Les grandes fresques n’étaient pas les seules à attirer les regards la semaine passée. Il a été demandé en amont du festival à chaque street artiste de réaliser une toile de petit format, reproduite en série d’une quinzaine d’exemplaires, tous mis à la vente. Nombre de ces derniers arborent déjà les murs des rares chanceux ayant pu s’offrir ces bijoux valant souvent plusieurs milliers d’euros pièce. Des œuvres, qui bien que les organisateurs n’imposent ni thème, ni sujets à traiter, ont dû respecter quelques consignes préalables.

« Le cœur du projet de l’Urban Week n’est pas de faire un événement, c’est de mettre de la couleur dans les parkings de la Défense, en sous-sol » rappelle Mouarf, graffeur professionnel, en charge de l’organisation et de la communication de l’événement. Car le partenaire historique de ce rendez-vous de l’Art urbain est l’opérateur Vinci, propriétaire de 17 parkings à la Défense.

« Véritables hubs urbains, les parkings Paris La Défense se font l’écho des manifestations culturelles du quartier d’affaires et se positionnent sur les dernières tendances alternatives, explique Vinci sur son site internet. Plus qu’une place, il s’agit de proposer une nouvelle expérience des parcs de stationnement : conviviale, disruptive, atypique et dans l’air du temps ». L’exposition des œuvres est itinérante dans les parkings. Une rotation des tableaux s’effectue tous les quatre à cinq mois. « Les automobilistes ayant l’habitude de se garer souvent aux mêmes endroits, il est important de faire varier leur environnement », précise Mouarf.

Mais le format monumental des fresques de trois mètres par six complique leur transport et surtout leur accrochage dans des parkings limités en hauteur. Ainsi, seul un encart de deux mètres par trois, morceau situé au centre de chaque panneau de bois qui sert de supports aux artistes, va être conservé et exposé sous plexiglas.

« C’est une gageure pour les artistes d’avoir une peinture qui doit fonctionner à la fois entière et morcelée, confie le street artiste, chargé de l’organisation depuis la première édition. Une année, un artiste n’avait pas tout à fait compris les consignes et avait fait un magnifique raton laveur qui allait avoir la tête tranchée en deux une fois le morceau découpé. Il a dû revenir en refaire un autre plus recentré ».

Des contraintes que semblent avoir très bien assimilé Abys, jeune street artiste français invité pour la première fois sur le salon. Sur son panneau, un gigantesque crocodile rose fluo, un des personnages récurrents de son univers, trône en roi d’un étang sur une barque de bois plongée dans la nuit. « Quand tu te mets trop la pression dans un festival, cela devient compliqué, nous raconte-t-il. D’autant que tu as vite fait d’être perturbé par cette ambiance festive et d’être en panique le dernier jour parce que ta peinture n’est pas finie ».

Les fresques seront visibles dans les allées des parkings Indigo au moins jusqu’à la fin de l’année, date de fin du contrat d’exploitation liant Vinci à l’organisme de gestion du quartier d’affaires Paris La Défense.