Un Courbevoisien comparaissait libre mardi 22 octobre au Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre pour une vaste affaire de harcèlement. Il était accusé d’avoir rendu la vie impossible à une femme avec qui il avait eu une très courte relation. La plaignante, une Courbevoisienne présente à l’audience, est revenue sur les sept années de harcèlement qu’elle dit avoir subi.

La jeune femme, employée à la SNCF dans diverses gares des Hauts-de-Seine, a expliqué avoir déposé deux plaintes et cinq mains courantes entre 2013 et 2018. Bien qu’elle ait été soutenue, elle a relaté la dépression qu’elle dit avoir subie à cause des agissements de son harceleur présumé. Le verdict du jugement sera rendu le 26 novembre prochain.

« Sept ans c’est long », souffle la plaignante. « Cette procédure a la spécificité d’être très longue », abonde la présidente de séance à l’ouverture de l’audience. En effet, la première plainte pour harcèlement a été déposée en 2013. « J’ai peut-être été oppressant », reconnaît le prévenu. Et pour cause : la victime présumée a déposé une autre plainte et cinq mains courantes par la suite.

Après une, ou deux selon le prévenu, nuits passées dans les bras de son harceleur présumé en août 2013, la plaignante courbevoisienne a commencé à recevoir de nombreux messages et appels de ce dernier. Comprenant qu’elle ne souhaite pas le revoir, il avoue à demi-mots s’être senti blessé. « Elle a couché avec moi et elle s’est sauvée, je suis un être humain », explique-t-il à la barre. « Je ne suis pas psychologue, mais ça sent la blessure narcissique à plein nez », constate le procureur.

Alors, selon la plaignante et divers témoignages, il entreprend de la suivre. « Plusieurs collègues m’ont alertée, assure-t-elle. Il leur demandait des informations par rapport à mon planning. » L’un des témoins a même qualifié le prévenu de « psychopathe » lors de son audition au commissariat. « Au début, je ne prenais pas de notes », explique l’employée de la SNCF qui a maintenant toujours sur elle un carnet où elle inscrit les fois où elle le croise ou qu’elle apprend qu’il a engagé la conversation avec l’un de ses proches pour parler d’elle.

« Il a même tenté de candidater à la SNCF dans les gares où je travaille », s’alarme la jeune femme. « Soutenue par sa hiérarchie », elle se félicite d’avoir « tenu cinq ans sans médicaments, sans médecin et sans arrêt » avant de finalement sombrer dans une profonde dépression. « J’ai perdu beaucoup de poids, j’ai perdu mes cheveux, assure la plaignante. Je devenais obsédée par cette histoire. »

En effet, un certificat médical « étoffé », selon la présidente, est inscrit au dossier. Mais la plaignante assure qu’il continue à la suivre, malgré de multiples mains courantes et plaintes. Au plus mal et alors qu’elle sort de chez le médecin, elle explique ainsi qu’il lui arrive de le croiser. « Quand on sort avec une ordonnance pour des anxiolytiques, ce n’est déjà pas facile, assure-t-elle. Encore moins quand il arrive et crie mon nom avec des insanités. »

Si elle a repris le travail, elle se sent toujours « épiée ». Ayant elle-même constitué un petit dossier, elle évoque différents faits qui ne figurent pas dans l’affaire. Le procureur le fait d’ailleurs remarquer. « Vous devrez arbitrer non pas dans le ressenti des uns et des autres », lance-t-il au tribunal. « Cette infraction est de toute façon constituée, estime-t-il. Il y a les dépositions des collègues de travail et la présence insistante de monsieur. » Du reste, ce dernier peine à se défendre. « Ce sont des faits qui se sont produits par vagues », nuance son avocat.

En plus, l’homme de 37 ans, qui a toutes les peines du monde a expliquer ses actes présumés, a déjà été condamné à plusieurs reprises pour des appels malveillants. « C’était avec mon ex, confie-t-il. Mon premier grand amour. » Ces antécédents n’échappent pas à la présidente : « Ce sont quand même des faits similaires », constate-t-elle. Finalement, la plaignante, qui se porte partie civile, demande une obligation de soins et une injonction d’éloignement « à vie » contre son harceleur présumé.

Sur ce point, les réquisitions du procureur vont dans le même sens, il requiert aussi deux ans de prison avec sursis. Elle demande ensuite 60 000 euros de dédommagement. « Lorsqu’on perd un proche, on a de la chance quand on a 30 000 ou 40 000 euros », lui fait remarquer l’avocat de la défense. Le verdict sera rendu le 26 novembre prochain.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE