Il paie cher son coup de sang. Un détenu de la maison d’arrêt de Nanterre âgé de 24 ans a écopé d’une peine de prison ferme mercredi 28 août. Il comparaissait devant la 16e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI), pour avoir proféré des menaces de mort à l’encontre d’une surveillante pénitentiaire de la maison d’arrêt de Nanterre, le 31 juillet dernier.

Cette peine de cinq mois de prison ferme, alors que le jeune homme était en semi-liberté au moment des faits, ne lui permettra pas de suivre la formation et l’emploi qu’il devait débuter au mois de septembre. Il devra en plus verser 800 euros de dommages et intérêts à la plaignante, qui s’est portée partie civile.

Le jour des faits, le jeune homme est arrivé quelques minutes en retard au quartier de semi-liberté de Nanterre, où il était incarcéré. Le ton monte rapidement entre le prévenu, qui sent « l’alcool et avait les pupilles dilatées » selon la plaignante, et les surveillants pénitentiaires qui lui ont confisqué ses affaires en guise de punition. Il aurait ensuite menacé de mort la surveillante, qui lui aurait elle-même « manqué de respect ».

À l’audience, la procureure de la République requiert entre six et huit mois de prison ferme. Conscient de la peine qu’il risque, le prévenu assure l’assistance de son désir de se réinsérer. Il devait d’ailleurs commencer un job d’été le lendemain de l’incident. Il n’a finalement pas pu : son régime de semi-liberté a été immédiatement suspendu. Il indique aussi qu’il doit suivre une formation à la rentrée, et même être employé comme postier pour arrondir ses fins de mois.

Après avoir arrêté les études en classe de troisième, le jeune homme veut devenir plombier. « Je m’excuse, c’était les nerfs, admet-il avant les délibérations. J’ai de l’ambition. J’ai vécu des moments durs et j’ai payé. Maintenant j’ai un projet professionnel, je veux fonder une famille ». Son repenti fait écho avec la plaidoirie de son avocate qui estime que « la détention n’était pas quelque chose de fructueux » pour lui.

Lors du procès, deux versions des faits s’affrontent : celle de la plaignante, corroborée par l’un de ses collègues, et celle du jeune détenu au casier judiciaire déjà bien rempli. Lui nie avoir menacé de mort la surveillante. Au cours de l’audience, il concède cependant l’avoir menacée, mais pas de mort, sous le coup de l’énervement.

« Je n’ai pas trouvé ça normal », explique le jeune homme maintes fois condamné pour des faits de violences, d’outrages, de vols ainsi que de consommation et détention de stupéfiants. « Je ne suis pas un provocateur, tente-t-il d’expliquer. Je reste à ma place. » Ses dires ne convainquent pourtant pas la procureure. Elle rappelle en effet qu’il a été à l’origine de deux incidents dans ce même quartier de semi-liberté en juillet dernier.

« Ils disaient que j’avais fumé des stupéfiants, constate le prévenu en faisant référence aux allégations de la plaignante. Ce n’est pas vrai, demandez à mes parents, je ne fume plus depuis 2018. » Sa vive colère lors de l’altercation l’aurait tout de même poussé à insulter la surveillante de « salope ». Il aurait aussi souhaité faire la « prière la plus puissante du Coran pour qu’elle meurt », selon les dires de la femme et de l’un de ses collègues qui a témoigné devant la police.

Pointant du doigt qu’il n’a passé aucun éthylotest pouvant prouver qu’il était ivre au moment des faits, son avocate propose à l’assistance de le condamner à « une contrainte pénale de six mois à cinq ans ». Alors qu’elle plaide pour que son client n’écope pas d’une peine de prison ferme, lui qui a déjà été incarcéré durant près de six ans, son avocate constate que le prévenu « a besoin qu’on soit sur son dos ».

Mais les remarques de la procureure sur ses accès de violence ont manifestement pris le dessus. Le jeune homme a en effet cassé son four à micro-ondes et de la vaisselle une fois dans sa cellule. « Ce que j’ai dégradé, je l’ai nettoyé », se défend pourtant le prévenu. « Il n’a encore rien compris », lâche la procureure en estimant qu’il avait tenu « des propos extrêmement violents » alors que la plaignante ne faisait « que son travail ».

Le verdict est sans appel : le jeune homme qui devait être libéré en novembre doit passer cinq mois de plus en détention, et sans moyen de sortir cette fois. Il doit maintenant repousser encore ses projets de réinsertion professionnelle. « Cinq mois pour ça », souffle-t-il avant que deux policiers ne lui remettent les menottes et le reconduisent à la maison d’arrêt de Nanterre.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.