Selon les Nations Unies, en 2021, 50 millions de personnes vivaient dans l’esclavage moderne, dont 28 millions étaient soumis au travail forcé et 22 millions étaient piégés dans un mariage forcé. Et détrompez-vous, l’esclavagisme moderne sévit aussi dans nos contrées ! D’après les estimations du Global Slavery Index, 129 000 personnes étaient victimes d’esclavage ­moderne en France en 2018.

D’ailleurs, le couple qui a été jugé devant le tribunal correctionnel de Nanterre la semaine dernière, habitait Nanterre au moment des faits qui leur sont reprochés. Pendant près de deux ans, entre octobre 2005 et septembre 2008, cet ancien avocat en droit de l’immobilier et sa femme, juriste dans une grande administration, ont exploité « Madame A. », rapporte Le Parisien. Alors âgée d’une trentaine d’années, ils l’avaient fait venir, sans papier du Togo, pour s’occuper de leurs enfants et de la maison. La « bonne » travaillait dix-sept heures par jour, sept jours sur sept, pour un salaire non déclaré de 64 euros par mois.

Accompagnée par le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), la femme, âgée aujourd’hui de 48 ans, illettrée, a raconté son quotidien devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Nanterre, le 14 novembre dernier. « Laver et habiller les trois enfants, les conduire et aller les chercher à l’école, préparer les repas, faire le ménage et le repassage ». Madame A. devait attendre que tout le monde soit couché pour s’autoriser à dormir, sur un matelas posé au sol.

Même à l’école, la directrice de l’établissement où étaient scolarisés les enfants s’était déclarée choquée « par le comportement méprisant et irrespectueux à son égard de la petite qu’elle venait chercher », rapporte l’avocate de la victime, Me Juliette Demont. À la barre, le couple franco-béninois a nié en bloc, expliquant avoir pris « Madame A. » chez eux le temps qu’elle régularise sa situation. La femme, sexagénaire, a déclaré avoir traité la Togolaise « comme une sœur », tandis que son mari a affirmé qu’elle « passait ses journées devant la télé », qualifiant même la victime présumée de « boulet ». Tous deux ont été condamnés à 18 mois d’emprisonnement avec sursis.