Un homme de 38 ans demandait le renvoi de son procès en comparution immédiate, mercredi 23 septembre, au tribunal de Nanterre. L’homme dans le box était accusé d’avoir, deux jours plus tôt, commis des violences sur sa fille et sa femme, d’avoir menacé de mort un des policiers venus l’interpeller, de détenir illégalement un fusil à pompe et de faire usage de cannabis.

Le père de famille, jamais condamné pour violences auparavant, et son avocat, ont demandé au tribunal la possibilité de voir le procès renvoyé, afin de pouvoir préparer sa défense au mieux. Le tribunal a accédé à leur requête et l’homme a même été libéré et placé sous contrôle judiciaire en attendant d’être jugé.

« Avec cette histoire de Covid-19, j’ai tout perdu », explique l’homme dans le box au tribunal. Âgé de 38 ans, il a été interpellé à son domicile de Puteaux deux jours plus tôt après avoir commis des violences sur sa femme et sa fille. Cette dernière, majeure, est d’ailleurs présente dans la salle mais ne souhaite pas témoigner, préférant laisser son avocate la représenter.

Le lundi 21 septembre, pour des raisons qui n’ont pas été évoquées lors de cette audience de renvoi, l’homme aurait agressé sa fille en la poursuivant avec des ciseaux mais aussi une tondeuse, menaçant de lui raser la tête. La poursuivant dans leur appartement, il lui aurait aussi lancé une chaussure au visage.

Pour cela, la jeune étudiante s’est vu prescrire trois jours d’incapacité totale de travail (ITT). Sa mère, toujours en couple avec le prévenu, aurait aussi eu droit à sa part de violences. D’ailleurs, le père de famille reconnaît la totalité des faits qui lui sont reprochés dans le cadre de cette procédure.

Car cela n’est pas tout, il est aussi accusé d’avoir menacé de mort un policier venu l’interpeller. Un fusil à pompe, arme de catégorie B, et une petite quantité de cannabis ont aussi été retrouvés au domicile familial. Il explique ces deux faits de la même manière : la mort de sa mère quelques mois plus tôt. Ce décès, véritable choc, a plongé l’homme dans « un syndrome dépressif extrêmement sévère », explique son avocat.

Le drame est survenu en avril, durant le confinement. L’homme, élevé par cette mère célibataire qui a « tout donné pour lui », lui rend visite , elle habite le même bâtiment. Mais ce jour-là, il la trouve sans vie. « Il a dû attendre les services des pompes funèbres pendant cinq heures, seul avec elle », détaille l’avocat. Depuis, le père de famille explique avoir « perdu pied » et recommencé à consommer du cannabis. Il indique aussi avoir découvert l’arme chez sa mère.

Déjà condamné à deux reprises pour détention d’arme illégale et trafic de stupéfiants, l’homme est sorti de prison en octobre 2019. Depuis, « il a tout fait pour s’en sortir et a toujours travaillé », assure son avocat, documents à l’appui. En effet, le père de famille a enchaîné les missions d’extra dans la restauration, tout cela avant le confinement. « Maintenant, on vit seulement avec le salaire de ma femme », précise le prévenu qui ne réussit pas à retrouver du travail à cause de la crise économique.

« Il s’en est pris à elle d’une façon extrêmement violente », maintient tout de même la procureure estimant que l’homme aurait « littéralement pété un plomb », le jour des faits. « Les victimes sont terrorisées », soutient-elle encore. La fille du prévenu, présente dans le public, est d’ailleurs très soutenue par son avocate et une amie. Sans surprise, le ministère public s’oppose à une libération conditionnelle dans le cadre du renvoi du procès.

« J’ai tout transféré sur ma fille, la prunelle de mes yeux », souffle le prévenu, jusque-là inconnu pour violences, en demandant à être placé en liberté conditionnelle. Son avocat assure qu’un ami, qui propose de l’héberger, se propose aussi de l’embaucher dans un kiosque à journaux. « Il n’y a aucun risque de fuite », assure son défenseur en assurant que ses problèmes avec le cannabis seraient mieux soignés à l’extérieur qu’en prison.

« Il faut l’aider, conclut l’avocat en s’adressant directement à la présidente. Les stupéfiants, ça se trouve plus facilement que des antidépresseurs en prison, vous le savez. » Finalement, le tribunal tranche en faveur d’une liberté conditionnelle dans l’attente du procès. L’homme ne pourra ni entrer en contact avec les victimes, ni pénétrer dans les Hauts-de-Seine. Il devra aussi trouver un travail et entamer une procédure de soins psychologiques. « C’est une faveur qu’on vous fait », lui intime la présidente.

RAPPEL
Les condamnations en première instance ne sont pas définitives puisque susceptibles d’appel. Jusqu’à leur condamnation définitive, les prévenus sont donc toujours présumés innocents.

PHOTO : ILLUSTRATION / LA GAZETTE DE LA DEFENSE