La Coupe du monde de football 2022, qui se déroulera au Qatar du 20 novembre prochain au 18 décembre, fait couler beaucoup d’encre. Il faut dire que le pays hôte a effectué des travaux extraordinaires pour l’événement. Selon Les Échos, six nouveaux stades ont été construits et deux ont été rénovés à travers tout le pays. Tous ont été climatisés, pour une facture avoisinant les 35 milliards d’euros, alors même que la compétition a été décalée (elle devait avoir lieu en été), pour éviter les chaleurs étouffantes de la saison estivale dans ce pays du Moyen-Orient.

Le plus impressionnant, le stade Al Bayt, surnommé « Stade de la démesure », peut accueillir 60 000 personnes et possède 96 suites pour les spectateurs les plus riches. Sa construction a coûté 3 milliard d’euros, soit trois fois le prix du Stade de France. Pour pouvoir accueillir le million de visiteurs attendus pour les matchs de la Coupe du monde, le Qatar a dû construire des milliers de logements. Selon Qatar Tourism, le pays s’est doté de plus de 100 nouveaux hôtels. Seulement voilà, il ­paraît que ces chantiers sont ­mortels…

En 2021, le quotidien britannique The Guardian révélait qu’au moins 6 500 travailleurs immigrés, originaires d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka, étaient morts entre 2011 et 2020, du fait des mauvaises conditions de travail sur les chantiers de construction de la Coupe du monde de football 2022. Au média Reporterre, l’auteur et journaliste à So Foot Nicolas Kssis-Martov confirme : « La Coupe du monde au Qatar est un immense cimetière. » Justement, une filiale du groupe Vinci, appelée Vinci Constructions Grands Projets (VCGP), a participé à ces travaux controversés. BFMTV évoque trois chantiers gérés par la filiale, sur lesquels de bonnes conditions de travail n’auraient pas été respectées : « Celui du « métro léger » ralliant Doha à Lusail, ville nouvelle qui accueillera la finale de la Coupe du monde de football ; celui des parkings souterrains de Lusail ; ainsi que ceux du chantier de l’hôtel de luxe Sheraton, au coeur de Doha. »

Les associations Sherpa et Comité contre l’esclavage moderne (CCEM) ont déposé plainte, avec constitution de partie civile, contre l’entreprise dirigée par Xavier Huillard. Une première plainte avait été classée sans suite en 2018, mais cette fois-ci, le parquet de Nanterre a annoncé la mise en examen, le 9 novembre dernier, de Vinci Constructions Grands Projets (VCGP). La filiale de la deuxième entreprise mondiale des métiers des concessions et de la construction est soupçonnée de « soumission à des conditions de travail ou d’hébergement incompatibles avec la dignité », d’ « obtention de la fourniture d’une personne en situation de vulnérabilité ou de dépendance de services, avec une rétribution sans rapport » et de « réduction en servitude ». En effet, plusieurs témoignages d’employés immigrés du groupe Vinci, recueillis par l’ONG Sherpa, indiquent des passeports confisqués, des semaines jusqu’à 77 h, le tout pour des rémunérations « sans rapport avec le travail fourni » précise BFMTV. Une ­enquête a été ouverte.