« Soutien aux élèves et professeurs du lycée Juliot-Curie. Utopistes, debout ! », pouvez-on lire le 18 octobre dernier sur une pancarte brandie par un élève du lycée Jacques-Monod, à Clamart (Hauts-de-Seine). Le mouvement contestataire, dont nous vous parlions dans notre précédente édition, né au lycée polyvalent Joliot-Curie de Nanterre, semble se répandre comme une trainée de poudre dans les lycées du département.

Comme l’explique Le Parisien, les violences qui ont fait suite au blocus mené par les jeunes Nanterriens, et à l’intervention des forces de l’ordre, se sont propagés le 18 octobre à d’autres établissements. Si les revendications ne sont pas les mêmes, le résultat, lui, est identique : les interpellations de lycéens altoséquanais se multiplient. Rappelez-vous, lors de la première journée d’affrontements à Nanterre, ce sont quatorze mineurs qui avaient passé la nuit au poste.

Il y a donc eu des tentatives de blocus, le 18 octobre dernier, au lycée Jacques-Monod de Clamart, mais aussi au lycée professionnel Claude-Chappe de Nanterre et dans d’autres établissements de Villeneuve-la-Garenne, Issy-les-Moulineaux, Colombes, Clamart… Des centaines d’élèves ont ainsi répondu présents à l’appel Intersyndical et national porté notamment par la CGT, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), le Mouvement National Lycéen (MNL) ou encore la Voix Lycéenne (VL). Sur le site du Mouvement National Lycéen publiait en effet, le 13 octobre, un appel à la grève et au blocus. Parmi les revendications avancées on retrouve « l’annulation de la réforme des lycées professionnels » ou « l’augmentation générale des salaires notamment celui des professeur-e-s ». En plus de dénoncer, le mouvement se voulait en soutien aux lycéens de Juliot-Curie, aux raffineurs en grève et à Kai Terada. Un appel à la grève et au blocus qui insistait également sur la mobilisation des élèves « face à la répression policière » et « pour un avenir ­climatique viable ».

Un appel qui, selon le MNL, aurait été suivi par une centaine d’établissements à travers toute la France. Selon Le Figaro, le ministère de l’Éducation affirme de son côté n’avoir recensé qu’une trentaine de blocages, mais « une centaine d’incidents » dans tout l’Hexagone. Les lycées parisiens de Voltaire (11e arrondissement), Montaigne (6e arrondissement), Hélène Boucher (20e arrondissement) ou Racine (8e arrondissement) étaient du mouvement. Tout comme le lycée Saint-Charles de Marseille, le lycée Balzac de Tours, le lycée Du Bellay à Angers, le lycée Berthelot à Toulouse ou encore le lycée Jean Perrin bloqué à Rezé, près de Nantes. Dans la seule ville de Mulhouse, selon le journal L’Alsace, ce sont 12 lycées qui ont été bloqués. Du côté du corps enseignant, seuls 6,04 % d’entre eux ont participé à la grève nationale interprofessionnelle de ce 18 octobre, d’après le ministère.

Sauf que les blocus et affrontements ne se sont pas arrêtés à cette date. D’après Le Parisien, le jeudi 20 octobre, près du lycée Jean-Jaurès de Châtenay-Malabry, un feu de poubelles s’est propagé à une colonne de gaz, créant d’impressionnantes flammes « de plus de 50 mètres de haut ». Le lendemain, veille des vacances de la Toussaint, à Montrouge, des jeunes vêtus de noir ont fait face à des policiers « surarmés », raconte une habitante. Aux abords du « tranquille » lycée Maurice-Genevoix, pas de violences ou interpellations, mais on ne peut pas en dire autant de plusieurs autres villes des Hauts-de-Seine… Neuf jeunes ont été interpellés vendredi dernier à Asnières, quatre à Vanves, trois à Nanterre et deux à Antony.

Sur Twitter, la présidente de la Région Île-de-France Valérie Pécresse se dit « extrêmement préoccupée par l’escalade des violences » et appelle au retour « du calme et de la sérénité ». Face à ces évènements, le rectorat de Versailles a quant à lui mobilisé sur le terrain des équipes de son dispositif de prévention et de sécurisation (CAAEE).